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Chez les féminines du PSG, un nouveau parfum de crise

Par Anna Carreau
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Habitué à faire les gros titres de la presse nationale pour des scandales, le PSG féminin a fait son retour dans la rubrique extrasportive après la mise à l’écart de Grace Geyoro, capitaine déshéritée de son brassard par le nouvel entraîneur Fabrice Abriel.

Chez les féminines du PSG, un nouveau parfum de crise

Chez les garçons, le PSG est en crise alors qu’il est largement leader de Ligue 1. Chez les filles, la crise frappe alors qu’elles sont deuxièmes de Première Ligue, avec un point de retard seulement sur l’ogre lyonnais. Mais le vestiaire est encore au bord du gouffre, sur fond de conflit ouvert entre Fabrice Abriel, nouvel entraîneur du PSG arrivé cet été, et ses cadres, dont Grace Geyoro et Marie-Antoinette Katoto. Un conflit qui s’est illustré par la mise à l’écart de Geyoro, capitaine du club la saison passée, pour le match contre Dijon le week-end dernier (victoire 6-1). Une décision que n’arrive pas à justifier Abriel au micro de Canal+, qui parle d’un « choix » qu’il n’a « pas à expliquer médiatiquement ». Ce à quoi l’internationale tricolore, pourtant bien titulaire indiscutable sous le maillot bleu, répond dans L’Équipe : « Je ne peux pas contrôler ce que les gens disent, ni ce qu’il se passe. Je ne peux rien contre la méchanceté ou l’injustice. » Ambiance.

Été mouvementé, ambitions obsolètes

Pour comprendre comment la section féminine du Paris Saint-Germain en est arrivée là, il faut remonter à l’été dernier. « La saison est partie sur de très mauvaises bases et sur des incompréhensions durant le mercato », explique Marie-Antoinette Katoto dans une interview pour l’AFP. Pourtant, le PSG féminin sortait d’un exercice 2023-2024 réussi : une Coupe de France, une finale de D1 Arkema et une demi-finale de Ligue des champions face à l’OL. À sa tête, Jocelyn Prêcheur, qui a succédé à son père Gérard en cours de saison, est naturellement pressenti pour continuer le travail entamé. Et commencent les premières galères : l’entraîneur de 42 ans, apprécié par son vestiaire et loué par la direction parisienne pour son professionnalisme, refuse de prolonger en raison de désaccords et prend la direction de London City, club de la galaxie de la propriétaire de l’OL féminin Michele Kang, en D2 anglaise.

Un mois plus tard, le PSG nomme son successeur, après des semaines de recherche et de noms fuitant dans la presse : Fabrice Abriel. L’ancien joueur formé au PSG et champion de France avec l’OM en 2010 sort d’une saison où il termine 5e avec Fleury et rate les play-off de la D1 Arkema lors de la dernière journée. Un club qu’il a quitté en ne cachant pas ses ambitions d’aller entraîner chez les garçons. Raté. Direction Poissy et le nouveau centre d’entraînement du Paris Saint-Germain, où il débarque chez les féminines en affichant ses objectifs : « Lutter pour le titre toute l’année, remporter la Coupe de France comme la saison passée, et aller le plus loin possible en Ligue des champions. » Le mercato estival a été à la hauteur des ambitions affichées, malgré plusieurs départs majeurs : la gardienne internationale anglaise Mary Earps, élue meilleure gardienne du monde la saison précédente, débarque dans la capitale, tout comme Griedge Mbock, internationale française, Romee Leuchter, meilleure buteuse de l’histoire de l’Ajax, ou Onyi Echegini, internationale nigériane titulaire à la Juve.

Une division entre le vestiaire et le staff

Mais le discours d’Abriel est déjà obsolète, puisque les Parisiennes ont échoué dès les qualifications de la C1, après une défaite 5-2 en cumulé face à la Juventus. Et forcément, l’élimination précoce passe mal. Le schéma tactique de Fabrice Abriel avec le choix de mettre cinq défenseuses au match retour, alors que le PSG avait deux buts à mettre pour refaire son retard (victoire 3-1 de la Juventus à l’aller), donne lieu à de premières critiques. En interne, la situation empire. Dès le 17 octobre, trois semaines après l’élimination, L’Équipe énumère dans un article une série d’épisodes houleux en interne : Grace Geyoro n’aurait pas digéré de s’être fait retirer le capitanat au profit de Paulina Dudek après un échange houleux avec Abriel, une internationale tricolore se serait plainte de son positionnement, alors que des promesses auraient été faites lors de sa prolongation, quand plusieurs Parisiennes regretteraient le management du nouveau staff, ne se considérant pas suffisamment écoutées.

Ici, je peux m’entraîner correctement, m’exprimer, jouer des matchs et prendre du plaisir.

Grace Geyoro sur la différence entre le PSG et la sélection

Des problèmes que va étonnamment confirmer à demi-mot Angelo Castellazzi, le directeur sportif, au micro de Canal+ : « C’est normal qu’il y ait des échanges entre des joueuses qui ont une forte personnalité, et c’est bien qu’il y en ait. C’est normal dans un club de très haut niveau. Il s’est passé un truc cette semaine, mais on n’a pas encore tout réglé. » Une sortie médiatique pas vraiment à la hauteur de l’incendie qui se trame en coulisses et qui, au dernier épisode, a conduit à la mise à l’écart de Grace Geyoro, sur fond de conflits autour du capitanat. Même si Abriel assure qu’il n’y a « pas de problème » entre lui et sa joueuse, elle assure que son retour chez les Bleues est une « bouffée d’oxygène » : « Ici, je peux m’entraîner correctement, m’exprimer, jouer des matchs et prendre du plaisir. »

Les joueuses parlent, le club censure

De son côté, Marie-Antoinette Katoto, elle, témoigne d’une « ambiance pesante » au club, notamment en raison de différends entre des joueuses et le nouveau coach Abriel : « Il faut crever l’abcès et se dire les choses. » Pas tout à fait de l’avis de Geyoro qui estime qu’il n’y a « pas forcément nécessité de dialoguer » : « À partir du moment où tu comprends les choses, et moi, je les ai comprises depuis bien longtemps, il n’y a pas besoin de dialoguer. Ça ne sert à rien. » Elle peut compter sur le soutien du vestiaire, qu’elle décrit comme « soudé » et « solidaire » auprès de RMC Sport. Au PSG, l’officialisation de cette guerre froide entre une leader du vestiaire, elle-même mal à l’aise avec la direction sportive, et son entraîneur est un sujet très tendu. Preuve en est : le responsable de la communication des féminines a demandé aux quelques journalistes présents à la zone mixte après PSG-Dijon de supprimer leurs bandes sonores contenant les réponses de Fabrice Abriel sur Grace Geyoro…

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