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- Suisse-France (1-4)
Cherki, le Rayan de soleil
Larges vainqueurs de la Suisse ce samedi à Cluj, les Bleuets ont alterné le très bon et l'inquiétant. À l'image de Rayan Cherki, enfin titulaire, impressionnant, mais parfois frustrant.
S’il était devant le match, nul doute que Laurent Blanc a eu des réminiscences de la saison dernière. Titularisé face aux Suisses ce mercredi à l’occasion de l’ultime journée de la phase de poules de cet Euro Espoirs, Rayan Cherki a fait la pluie et le beau temps lors de la victoire des Bleuets (1-4). Le Lyonnais, enfin dans le onze de départ après deux bonnes entrées face à l’Italie puis contre la Norvège, a, comme souvent cette saison avec l’OL, montré l’immense talent qu’il a dans les pieds, mais également les gros défauts qui font perdre des cheveux à un tas de techniciens. Il est notamment coupable sur le seul but que les Helvètes ont su planter sur la pelouse mouillée du Stadionul Dr. Constantin Rădulescu de Cluj, en Roumanie. Aligné à gauche, il a souvent repiqué dans l’axe, comme il aime faire, ce qui a laissé Niels Nkoukou et Khéphren Thuram dans la panade. La Nati l’avait bien compris et ne s’est pas privée de profiter d’une des erreurs de compensation du Gone pour égaliser peu après la demi-heure de jeu.
L’interrupteur
Mais si la Suisse est revenue au score, c’est parce que les Bleuets avaient ouvert la marque. Sur un penalty, en l’occurrence, provoqué par Cherki. Alors qu’il venait tout juste de perdre le cuir à cause de dribbles un peu trop optimistes, le Rhodanien s’est lancé dans la reproduction du but de Nabil Fekir contre la Roma en 2017, en C3, avant d’être déséquilibré dans la surface. C’est son pote, et ancien coéquipier à l’OL, Amine Gouiri qui s’est occupé de transformer l’essai. Les Bleuets ont ensuite levé le pied, baissé la garde, laissé les Suisses revenir dans la partie et se sont enlisés dans un faux rythme. À l’image de leur milieu offensif, finalement, dont l’inspiration et la justesse technique dictent la dynamique de l’équipe. C’est quand il se réveille que les hommes de Sylvain Ripoll sont les plus dangereux, et quand il s’entête qu’ils sont les plus vulnérables.
Heureusement pour l’ancien coach de Lorient, qui a dû perdre sa voix à force de le prier de faire ses replis, le prodige a rallumé la lumière vers l’heure de jeu. À coups de contrôles de la semelle (parfois contre l’esprit du jeu), de feintes de corps et de passe cachée pour Enzo Le Fée, lui aussi excellent, Cherki a forcé la Nati à se recroqueviller. S’il n’a rien à voir avec le but de Bradley Barcola, un autre Lyonnais, il a été récompensé de sa prestation avec un golazo que peu d’autres joueurs auraient pu inscrire. Départ arrêté, coup de reins, frappe du droit sous la barre… Avec cette réalisation, il est même devenu le plus jeune Français à marquer dans un Euro U21, devant Yoann Gouffran qui avait claqué le jour de ses 20 ans, en 2006, contre l’Allemagne. Même s’il s’est mis en mode trou noir à ballons dans les toutes dernières minutes, il a symbolisé cette équipe de France Espoirs, si ennuyante et si éclatante par séquences.
Rayan Cherki 🥇#U21EURO pic.twitter.com/I02FJcMKdS
— #U21EURO (@UEFAUnder21) June 28, 2023
À l’image du quatrième but, inscrit par Maxence Caqueret sur une passe de Barcola, les Bleuets reposent sur cette surreprésentation de joueurs formés à l’OL dont six étaient titulaires ce samedi (Barcola, Caqueret, Cherki, Gouiri, Kalulu, Lukeba). Forcément, même s’ils n’ont pas tous joué les uns avec les autres, le foot enseigné à Tola Vologe puis à Décines-Charpieu reste le même, et permet aux Espoirs de capitaliser sur des automatismes cruciaux dans une telle compétition. C’est aussi une belle vitrine pour le club, qui a besoin de sous pour ne pas se faire taper dessus par la DNCG. Si l’Olympique lyonnais a bien foiré sa saison, il réussit son Euro.
Par Léo Tourbe