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Cher Bruno Ngotty, cher Nounours…

Par Mathieu Faure, 13 ans
Cher Bruno Ngotty, cher Nounours…

Bruno Ngotty fête ses 50 ans aujourd’hui. Une carrière riche dans trois pays, six sélections en équipe de France, une frappe de mule, un surnom affectueux - Nounours -, des matchs avec trois clubs majeurs français (OL, OM et le PSG), mais, surtout, un but le 8 mai 1996 en finale de Coupe des coupes. Le seul but du match qui donne à la France sa dernière Coupe d’Europe. On avait 13 ans. C’était le temps de l'insouciance...

Il y a beaucoup de choses qui remontent quand on repense au 8 mai 1996. Yannick Noah, le maillot sans sponsor, Bernard Lama qui soulève la Coupe des coupes, Rai en béquilles, la tronche du regretté Trifon Ivanov, Carsten Jancker, le stade du Heysel rebaptisé Roi Baudoin, et puis il y a cette vingt-neuvième minute. Youri Djorkaeff décale le ballon pour Bruno Ngotty sur un coup franc plein axe. Le numéro 4 arme une sacoche du droit, la balle est légèrement touchée par un défenseur autrichien, rebondit devant Michael Konsel et termine dans les ficelles. J’ai 13 ans, je suis à Amsterdam dans une auberge de jeunesse avec ma classe de 4e du collège Marais de Villiers de Montreuil. À l’époque, l’établissement avait mis en place un « club art » dirigé par mon professeur d’histoire-géographie, Didier Frydman, sosie physique d’Attilio Lombardo. Aucune attirance particulière pour les tableaux de la Renaissance ou le Rijks Museum, mais en s’inscrivant à ce club, on pouvait faire un voyage à l’étranger chaque année. En 1995, on avait poncé Rome pendant une semaine, Amsterdam était au programme pour ce printemps 1996.

Sweat LC Waïkiki et action-vérité

Voyage en car depuis la plus belle ville de Seine-Saint-Denis jusqu’à Amsterdam. On jouait à « action-vérité » dans nos sweats LC Waïkiki avec le sourire de Requin dans James Bond. C’était la belle époque. Au milieu des années 1990, la région Île-de-France offrait des places gratuites en tribune G pour les jeunes de banlieue. Alors c’était la découverte de Paris, du Parc des Princes, des 32 stations de métro depuis Croix de Chavaux pour rejoindre l’enceinte du PSG. On arrivait tôt, on avait des sandwichs emballés dans de l’aluminium et on regardait ça les yeux grands ouverts : Rai, Patrice Loko, Youri Djorkaeff, Bernard Lama… Le football n’était pas aussi accessible qu’en 2021. Ça se méritait. En temps normal, on devait négocier avec les parents pour regarder la première mi-temps des matchs européens en semaine. Le mardi pour la C3, le mercredi pour la C1 avec les sièges Voltaire de Roger Zabel et le jeudi pour la C2.

Casquette PSG

Mai 1996, on est une quarantaine d’élèves du collège à prendre la route pour Amsterdam. On est jeunes, ambitieux, parfois vicieux. On regarde le quartier rouge avec les mêmes yeux que ceux qui découvrent Newlook chaque semaine chez le buraliste. On visite des musées sans rien comprendre, on déambule sur les canaux, on fait les marioles parce qu’on a 13 piges. Depuis le début du voyage, on prend la tête à Monsieur Frydman pour la finale du 8 mai. À 13 ans, on est un peu stupide. On est persuadé que Bruxelles, où se tient la finale, est à côté d’Amsterdam. Monsieur Frydman nous rappelle que dans professeur d’histoire-géographie, le deuxième mot n’est pas là pour faire joli. Finalement, on regardera ça dans le bar juste à côté de l’auberge de jeunesse dans laquelle on dort. Qui dit soirée exceptionnelle, dit dérogation. Il faut appeler tous les parents de ceux qui souhaitent regarder le match pour avoir l’autorisation. On se rend donc à une quinzaine dans un bar qui diffuse le match. Une bande de boutonneux et Monsieur Frydman qui commande des sodas pour tout le monde avant de s’envoyer une petite bière pour passer sa soirée. Je me souviens, j’ai ma casquette PSG sur le crâne. Elle est bleue, visière rouge et les trois lettres « PSG » avec le P et G en bleu et le S en rouge. Sous mon sweat des Orlando Magic, je porte le maillot du PSG 1994 que j’ai eu à mon anniversaire précédent. On est autour d’une table, face à la télévision dans un bar qui supporte habituellement l’Ajax. Je n’ai aucun souvenir du match à l’exception du but de Ngotty. J’ai toujours bien aimé Bruno Ngotty. Bruno, c’est mon deuxième prénom, c’était celui de mon grand-père, celui qui m’a initié au multiplex radio dans la cuisine pour suivre les matchs de Ligue 1. Celui qui a eu les mots les plus simples et les plus sains du monde : « On est de Paris, on supporte Paris. » Ça part de là.

Ngotty, un but pour l’éternité

À Amsterdam, sur le but de Ngotty, on hurle. On sort dans la rue. On est heureux comme des gamins de 13 ans en somme. Dans le bar, les clients se prennent d’affection pour cette petite bande de Français qui regardent un match de football loin de chez eux. On rentre au dortoir aux cris de « Paris champion, le reste c’est du bidon ». C’était il y a 25 ans, c’était comme si c’était hier. Alors Bruno, tu souffles tes 50 bougies, tu as joué plus de 700 matchs dans ta carrière, planté plus de 30 buts, joué partout en Europe, mais sache que le 8 mai 1996, vers 21h30, une quinzaine de gamins de Montreuil s’étaient rassemblés dans un bar d’Amsterdam, en buvant des sodas, pour t’admirer perforer Michael Konsel. Eh bien figure-toi que c’était bien. Le club a vu passer Ronaldinho, Neymar, Ginola, Mbappé, Thiago Silva, Zlatan ou encore Carlo Ancelotti, mais même encore aujourd’hui, cette frappe du 8 mai 1996 résonne dans l’éternité. Elle est accompagnée, pour chacun, de souvenirs très personnels. C’était le PSG de mon enfance. De mon adolescence. De mon insouciance. Ou quand chaque match était une fête. Et en 2021, ce souvenir est toujours aussi délicieux. Joyeux anniversaire Bruno.

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