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Chelsea, le déclin anglais
Comme à l’Euro 2016, la sélection des Three Lions ne présente qu’un seul joueur de Chelsea dans ses rangs. Il faut remonter à 2002 pour trouver un chiffre aussi bas dans une compétition internationale. Ce qui montre que les Blues ont actuellement un problème avec les joueurs anglais.
Il est peut-être le plus catastrophique de son équipe en ce début de saison. Symbole des maux défensifs de Chelsea depuis la reprise, Gary Cahill ne met plus un pied devant l’autre. L’arrière central enchaîne les boulettes et coûte énormément de buts. Pourtant, il reste un joueur majeur des Blues. Grâce à une particularité que personne ne peut revendiquer dans l’effectif. En étant le seul joueur du vestiaire à être appelé chez les Three Lions, il n’y a en effet que lui qui représente l’Angleterre à l’échelle internationale. Et ça, c’est un très mauvais constat pour son club.
Lorsque Gareth Southgate a donné sa première liste des vingt-trois, personne n’a été surpris du côté de Stamford Bridge. Gary Cahill appelé… et c’est tout. En même temps, qui aurait pu envisager de l’accompagner ? John Terry ? Blessé et retraité international depuis un moment. Ruben Loftus-Cheek ? N’a joué que deux matchs de coupe avec Antonio Conte et c’est limite si le monde du football connaît son poste. Todd Kane, Ola Aina, Nathaniel Chalobah ? Seul le dernier cité a fait une apparition (d’une minute s’il vous plaît) avec les professionnels. Non, à Chelsea, cela fait un moment qu’on ne reçoit même plus de pré-convocations pour les joueurs du pays.
Car si la désertification de Chelsea en équipe d’Angleterre est récente, on avait déjà pu l’observer à l’Euro. Encore une fois, Cahill était l’unique Blue présent dans le groupe de Roy Hodgson. Pour retrouver le même genre de situation dans une grande compétition, il faut remonter à la Coupe du monde 2002. À cette époque, les titres de Premier League sont partagés entre Manchester United et Arsenal. Chelsea n’a gagné qu’un championnat en 1955 et c’est tout à fait logiquement que l’équipe nationale fait sans les joueurs de Claudio Ranieri. Deux ans plus tôt, pour l’Euro organisé en Belgique et aux Pays-Bas, idem : seul Dennis Wise faisait partie de l’aventure.
Du jamais-vu sous l’ère Abramovitch
Puis Chelsea a été racheté par Roman Abramovitch en 2003, et les choses ont changé. Le club londonien a commencé à empiler les titres sur la scène nationale et, par ricochet, à envoyer des valeurs sûres et durables chez les Three Lions. Ainsi, ils sont quatre à l’Euro 2004 (Terry et son pote Wayne Bridge, Frank Lampard, Joe Cole), trois au Mondial 2006 (Bridge s’est isolé à Fulham), quatre au Mondial 2010 (Ashley Cole en plus des trois précédents), deux à l’Euro 2012 (Terry et A. Cole, Lampard et Cahill étant blessés) et au Mondial 2014 (Lampard et Cahill). Le nombre diminue donc petit à petit pour arriver à l’unique Cahill en 2016. Simple concours de circonstances ? Pas tout à fait.
S’il est exact de préciser que le Chelsea de l’ère Abramovitch ne s’est jamais vraiment basé sur des joueurs anglais pour atteindre les sommets, il serait trop facile de justifier le vide bleu du côté de Wembley lors des trêves internationales par la fin de vie de ses dinosaures (Ashley Cole, Lampard, Terry). En réalité, l’un des soucis est que Chelsea ne fait plus du tout confiance à ses jeunes. Il les prête sans cesse, sans (quasiment) jamais leur donner une chance. Dans ce contexte, comment former le nouveau Terry, qui a connu sa première saison complète à vingt et un ans ? Comment trouver un autre Lampard, titulaire indiscutable à vingt-trois piges ?
Où êtes-vous, les jeunes Anglais ?
Dans les vingt-trois de Southgate, on retrouve d’ailleurs deux anciens éléments de Chelsea qui n’ont pas eu suffisamment de temps pour montrer ce qu’ils pourraient offrir à long terme : Ryan Bertrand, formé au club, prêté une petite dizaine de fois et titulaire lors de la finale de Ligue des champions glanée en 2012, et Daniel Sturridge, 24 buts et passes décisives en 90 matchs répartis en quatre ans. C’est bien simple : depuis Terry, aucune pépite du centre ne s’est imposée en équipe première, pas davantage qu’un jeune du pays venu d’ailleurs. Pendant ce temps-là, Marcus Rashford et Jesse Lingard grandissent tranquillement à Manchester United sous les yeux de Wayne Rooney et Chris Smalling, Theo Walcott et Alex Oxlade-Chamberlain s’amusent à Arsenal, Eric Dier, Dele Alli, Danny Rose et Kyle Walker s’éclatent à Tottenham.
L’autre problème déjà évoqué réside dans sa politique de recrutement. Les Blues achètent des Espagnols, des Brésiliens, des Français, des Belges… Mais pas d’Anglais. Le dernier vrai renfort potentiellement convocable en équipe nationale date de 2011. Il s’appelle Gary Cahill. Avant ça ? Daniel Sturridge en 2009, voire Ross Turnbull, arrivé libre la même année pour jouer le rôle de doublure de Petr Čech. Voilà comment un mec peut à la fois être le plus nul de son club et son seul représentant national.
Par Florian Cadu