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Chelsea, le bonheur est dans le prêt ?
Champion d'Angleterre en titre, Chelsea est également leader au classement des clubs prêteurs avec 26 joueurs envoyés s'aguerrir ou se relancer dans 10 pays différents. Mais loin d'être une marque de générosité, la stratégie des Blues tend à l'élevage intensif de futurs talents. Qui ne percent pas si souvent...
Kenedy, jeune milieu offensif brésilien de 19 ans, est la nouvelle acquisition de Chelsea. Le gamin de Fluminense était également dans le viseur de Manchester United, mais les Londoniens ont décoché plus vite. Avec une seule saison pleine au plus haut niveau, l’international U20 n’a probablement pas la carrure pour se faire une place de choix dans un effectif qui compte Diego Costa, Radamel Falcao, Loïc Rémy, Pedro, Eden Hazard ou encore Oscar.
31 joueurs prêtés en 2014-2015, 26 en 2015-2016
Pour l’Auriverde, à moins de frapper fort rapidement, le futur proche devrait ressembler à celui de 26 autres joueurs sous contrat avec Chelsea : un prêt pour gagner du temps de jeu et éventuellement les faveurs de José Mourinho. Déjà la saison passée, le champion d’Angleterre avait « parqué » 31 footballeurs aux quatre coins de l’Europe, et parfois sur d’autres continents. Cette saison, ils ne sont « que » 26, de 16 nationalités différents. Durant l’inter-saison, cette « loanees army » comme elle est dénommée en Angleterre, a dû s’entraîner à l’écart du groupe professionnel, sous la direction d’Eddie Newton, directeur technique du « Chelsea’s youth developement program » , assisté de Paulo Ferreira, latéral droit du premier passage du Mou à Stamford Bridge. Dans ce second effectif de Chelsea, on retrouvait principalement de jeunes éléments en mal d’expérience et de premiers faits d’armes, mais aussi d’anciennes recrues onéreuses qui se sont cassé les dents en Premier League comme le Colombien Juan Cuadrado, depuis parti en prêt à la Juventus, ou encore Mohamed Salah, parti à la Roma après un passage convaincant à la Fiorentina.
Thibaut Courtois, la réussite ultime
Les réussites de ce système ? Elles existent, à l’image d’un Thibaut Courtois qui, grâce à deux années passées à l’Atlético Madrid, est revenu par la grande porte pour déloger Petr Čech du poste de gardien de but l’été dernier. Mais le Belge est un cas rare, les autres réussites de Chelsea étant surtout financières, avec les ventes juteuses de Romelu Lukaku (Everton), Ryan Bertrand (Southampton), voire Gaël Kakuta (FC Séville) après avoir envoyé ces joueurs enrichir leur CV ailleurs. Car si le club londonien culmine à 72 contrats pros, un total qui provoquerait une rupture d’anévrisme chez n’importe quel membre de la DNCG, il n’en continue pas moins de recruter « ailleurs » quand il s’agit de renforcer son équipe première. Quitte parfois à faire de très mauvais coups financiers comme avec Nemanja Matić, intégré à ce système de prêts avant d’être cédé à Benfica gratuitement – en plus de 25 millions d’euros – pour faire venir David Luiz à Chelsea en janvier 2011. Avant de claquer 25 millions de plus pour le rapatrier trois ans plus tard… En Angleterre, le débat est ouvert quant à la moralité du système de « développement » des Blues, mais face aux critiques, la gouvernance de la Premier League botte clairement en touche, ou plutôt, dans le jardin de la FIFA.
« La meilleure chose à faire »
« La Premier League a discuté avec nos clubs sur le sujet des transferts temporaires – les prêts comme ils sont couramment appelés – et il n’y a pour le moment aucune volonté de changement » , a ainsi expliqué un porte-parole de l’instance, rappelant au passage que « la réglementation concernant les prêts internationaux est un sujet pour la FIFA » . Du côté de Chelsea, où les plus beaux fleurons de la « loanees army » sont actuellement Mario Pašalić (Monaco), Patrick Bamford (Crystal Palace) ou encore Marco van Ginkel (Stoke), on préfère assumer avec une section du site internet officiel du club consacrée aux joueurs prêtés et des sites de supporters qui s’amusent à suivre les progrès des jeunes talents tout en s’imaginant lesquels pourront un jour être dignes de l’équipe première. Et en réponse aux détracteurs qui estiment le système des Blues comme néfaste au développement des nombreux jeunes joueurs sous contrat, mais qui ne connaîtront jamais les honneurs de la Premier League avec Chelsea, le directeur technique Michael Emanelo préfère la jouer pédagogue : « On pense que c’est la meilleure manière de faire. On a remarqué que pour les jeunes joueurs, de 18 à 21 ans ils vivent le moment le plus difficile, en se demandant s’ils sont assez bons pour l’équipe première de Chelsea et ce qu’il va advenir d’eux. On a estimé qu’il était mieux pour eux à cet âge de partir en prêt là où ils pourraient avoir de la visibilité et des matchs de compétition. Psychologiquement et physiquement, c’est la meilleure chose à faire à cet âge. » Qu’on aime ou pas la politique des Blues, elle leur a permis de remporter les deux dernières éditions de la Youth FA Cup et de finir troisième de la Professionnal U21 Development League, le champion espoir organisé par la Premier League.
Par Nicolas Jucha