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Chelsea et Manchester City, bonnes défaites de fin d’année
Marquant le pas lors des deux dernières journées, d'un point de vue comptable, mais aussi dans leur jeu, les mastodontes que sont Chelsea et Manchester City vivent un mois de décembre délicat. À tel point que ce petit coup de mou pourrait menacer leurs objectifs.
En Angleterre, les vérités de décembre ont de grandes chances d’être aussi celles du printemps. Et au moment de la distribution des cadeaux, autour du Boxing Day, les masques tombent et spoilent bien souvent ce qui se passera au moment de la remise des prix à la fin du championnat. Et à l’heure du grand déballage, ce sont les deux derniers champions d’Angleterre en titre, Chelsea et Manchester City, qui font la gueule.
Après avoir étalé leur fébrilité sur les terrains, leurs coachs respectifs l’ont confirmé en conférence de presse. Maurizio Sarri a déjà assuré qu’il serait compliqué de lutter pour la couronne puisqu’ « il y a deux équipes qui sont au-dessus des autres : Manchester City et Liverpool » . Honneur que balaye de la manche Pep Guardiola : « La réalité, c’est qu’il y a deux ou trois équipes meilleures que nous à l’heure actuelle. » Comme un aveu de faiblesse.
Dévisse City
Le Catalan le sait : comment pavaner après avoir essuyé deux défaites consécutives face à Crystal Palace (2-3) et Leicester (1-2) ? Une « mini-crise » qu’il n’avait alors connue depuis son arrivée chez les Sky Blues qu’à une seule reprise, il y a déjà deux ans maintenant en décembre 2016. Pour son premier hiver en Premier League, Pep Guardiola avait alors subi la loi de Chelsea (1-3), futur champion, et de Leicester (2-4), le champion en titre. Cela étant dit, le technicien refuse aujourd’hui de décréter l’état d’urgence pour mieux servir ses poncifs : « Dans le football, vous pouvez gagner beaucoup de matchs et vous pouvez perdre beaucoup de matchs. Quand j’étais au FC Barcelone pendant une période, j’ai perdu quatre matchs de suite. »
La semaine passée, Manchester City a péché par suffisance : il n’a pas su éteindre l’enthousiasme de Palace, comme il a sous-estimé la capacité de réaction des Foxes après l’ouverture du score de Bernardo Silva. L’écart avec Liverpool s’est creusé (6 points), Tottenham lui a grillé la politesse (avant de trébucher lui aussi devant Wolverhampton), mais pour Guardiola, ces contre-performances restent pourtant des accidents de parcours qui, si elles ne sont pas répétées encore ce dimanche à Southampton, ne devraient pas les condamner dans la course au titre.
« Il faut essayer de gagner à nouveau dès que possible pour retrouver la confiance et le désir, clamait-il. Aujourd’hui, ça ne compte pas, on a fini la phase aller. On a un nombre de points incroyable. Dans une situation normale, on se battrait pour être champion ! Si on totalise le même nombre de points sur la seconde partie de saison, on se battra pour gagner la Premier League… » Pourtant, avec 44 points au compteurs, il en manque onze par rapport à la saison dernière à la même époque, où les Citizens imposaient une cadence infernale.
Les maux bleus
De leur côté, les Blues se déplacent chez un des bourreaux de City : Crystal Palace. Et c’est donc avec prudence qu’ils abordent ce dernier match de l’année, eux qui semblent encore se chercher sur le plan collectif, et se reposer sur le génie et l’abnégation d’Eden Hazard. Tombés à domicile contre Leicester (0-1) le week-end dernier et vainqueurs laborieux cette semaine à Watford (2-1), les hommes de Sarri ont limité la casse et préservé l’invincibilité de Chelsea lors d’un Boxing Day depuis 2003. Pourtant cette baisse de tension, couplée aux agacements du staff quant aux garanties de préserver son effectif à moyen terme (Sarri estimant qu’est venu le « temps de décider » quant à l’avenir d’Eden Hazard pour « programmer le futur » ), laisse entrevoir que cette première saison de l’Italien à Londres ne sera qu’une année de transition.
Cette mauvaise passe est aussi un vrai camouflet pour les deux coachs les plus captivants de Premier League, du point de vue tactique. Si Sarri et Guardiola ont été sollicités par l’Angleterre, c’est aussi pour importer leur style de jeu exigeant. Mais ils sont pour le moment contrariés par des équipes au jeu plus direct, dont Liverpool est l’ambassadeur. Et sans réaction du professeur de Stamford Bridge ou du prophète de l’Etihad, 2019 semblerait destiné à être une année rouge.
Par Mathieu Rollinger