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Chelsea-Arsenal : à la croisée des aventures
Dans une finale contrastée, Chelsea et Arsenal ont l'occasion de valider à Bakou le début d'un nouveau cycle ouvert pour chacun l'été dernier. Elle pourrait également conclure des aventures.
« Si c’est comme ça, je préfère partir immédiatement. » Sur le moment, Maurizio Sarri n’a pas tout à fait fusillé son auditoire du regard, c’était autre chose : un truc à ranger entre le mépris et le défi. Invité à réfléchir lundi sur le poids de cette finale de Ligue Europa, que Chelsea s’apprête à croquer face à Arsenal, le technicien italien a même préféré répondre par une interrogation : « Dix mois de travail et je devrais tout jouer sur quatre-vingt-dix minutes, vraiment ? » Non, Maurizio, évidemment que non, et pourtant. Pourtant, alors que les Blues s’avancent vers la sixième finale européenne de leur histoire (pour quatre victoires, dont une en C3, en 2013), le futur de l’ancien banquier, dont le contrat court jusqu’en juin 2021, est encore incertain, si incertain qu’un succès à Bakou mercredi soir, qui serait son premier trophée majeur, pourrait ne pas suffire à assurer son avenir. La raison ? Chelsea se prépare à passer l’été sans possibilité de se renforcer et les dirigeants des Blues se demandent si l’équipe actuelle sera en mesure d’imposer, sur la durée, le Sarriball à la Premier League alors que Maurizio Sarri est annoncé du côté de la Juventus. Ainsi, Bakou pourrait être la fin d’une histoire là où elle aurait dû être le début d’une autre.
« Bakou, je ne sais pas comment y aller »
« Ce n’est pas juste, a pourtant soufflé l’ancien coach de Naples lundi. Le foot, c’est autre chose. La question est de savoir si mes dirigeants sont satisfaits de mon travail ou non. Aujourd’hui, je ne pense qu’à cette finale et on discutera ensuite avec le club. Comme je l’ai déjà dit, je suis heureux ici, en Premier League, mais je dois discuter avec mes dirigeants. » Avant ça, Chelsea a donc une finale de Ligue Europa à jouer, une finale qui sera magnifique, à vivre ou à écrire, et ce, alors que les Blues, troisièmes de Premier League et qui ont également disputé une finale de Carabao Cup fin février, ont déjà un billet pour la prochaine C1 en poche. Il est aujourd’hui possible de ne pas se passionner pour cette baston anglo-anglaise, l’UEFA ayant décidé de la balancer à l’autre bout de l’Europe par copinage politique, sujet devant lequel Jürgen Klopp a préféré sourire il y a quelques semaines : « Ces gars qui prennent les décisions, je ne sais pas vraiment ce qu’ils mangent pour le petit-déjeuner… Pour la finale de C1, Madrid doit se préparer pour 200 000 fans anglais, mais Bakou, je ne sais pas comment y aller, ni même s’il y a un vol régulier pour s’y rendre. » Résultat, ceux qui ont décidé de se rendre en Azerbaïdjan se sont dépouillés financièrement, et les clubs, qui ont reçu 6000 billets chacun, peinent à remplir leur parcage respectif. Pourtant, il faut en revenir à l’histoire.
La C3, début d’une parenthèse
Pour une raison simple : la Ligue Europa peut être le début d’une parenthèse de rêves, notamment lorsqu’on est un club qui vient d’ouvrir un nouveau cycle. L’Atlético l’a prouvé par le passé, en soulevant la compétition en 2010 et en 2012 avant de s’offrir deux finales de C1 (2014, 2016) et de revenir gratter une C3 l’an passé, à Lyon. Cela aura permis au club madrilène de se retaper en matière de trophées, mais aussi en matière d’expérience. Autre exemple : Liverpool, qui avait été chercher une finale de Ligue Europa au terme de la première demi-saison de Klopp et qui disputera samedi sa deuxième finale de Ligue des champions consécutive. Bakou pourrait donc être une première pierre, et c’est notamment ainsi que s’avance vers le banquet Unai Emery, déjà triple vainqueur de la compétition. Le Basque fait peur et David Luiz a annoncé cette semaine que Chelsea devrait battre « Arsenal, mais aussi Emery » . Difficile de donner tort au défenseur brésilien, car Emery a l’habitude de ce genre de bastons et qu’Arsenal, qui cavale après un titre européen depuis 1994, a prouvé en janvier qu’il pouvait maîtriser les Blues.
Incertitudes et casse-tête
Ce jour-là, Unai Emery avait surtout sorti à l’Emirates sa flexibilité et avait confirmé sa capacité à être illisible pour son adversaire lorsque l’événement le demande. C’est justement là que les Gunners ont progressé cette saison : dans la montée des cols. Seul problème, mercredi soir, le Basque sera privé de son arme tactique principale (Aaron Ramsey, qui avait été utilisé à la pointe d’un milieu en losange face à Chelsea et avait été brillant), mais aussi d’Henrikh Mkhitaryan. Cela lui pose un casse-tête majeur, Mesut Özil n’ayant pas la discipline défensive du milieu gallois et Unai Emery cherchant un type pour soutenir convenablement sa doublette Lacazette-Aubameyang. Ce type pourrait être Alex Iwobi. Reste qu’aujourd’hui, Emery doit réussir son coup pour valider une première saison positive, mais tachée par quelques pâles copies. Remporter une Ligue Europa lui permettrait de compléter encore un peu plus son CV, mais renforcerait surtout son pouvoir, lui qui sait quand même tellement gagner qu’il ira à Bakou avec un poignard entre les dents, là où Chelsea doit faire face à quelques incertitudes (Kanté notamment) et aura surtout à cœur d’assurer la sortie d’Eden Hazard. Avec tout ça, comment ne pas se passionner pour cette explication ? Pas de doute, elle sera magnifique.
Par Maxime Brigand