Tu supportes les Girondins depuis toujours. Qu’est-ce qui t’attache à ce club ?
Les pulsions ressenties avant l’adolescence, au Parc Lescure. L’hégémonie de Claude Bez, cette équipe entraînée par Jacquet qui était décriée par les médias parisiens, mais qui était la plus grosse armada du foot français avant l’arrivée de Tapie à l’OM. Et puis ça tombait bien que, durant mon enfance, le meilleur club français soit celui de ma ville.
En quoi le club était-il décrié par les médias ?
En 1987, après le doublé, L’Équipe écrit : « On aimerait bien que les Bordelais soient plus bordéliques. » Parce que pour eux, ce n’était rien d’autre qu’une machine à gagner froide. Et Jacquet avait répondu à ça, il ne comprenait pas les critiques envers son équipe qui gagnait tout. Les médias parisiens préféraient clairement la folie Marseillaise, Bordeaux les faisait chier. Pourtant ça jouait pas mal, avec les frères Vujović, Touré, Tigana, Battiston et la surprise Fargeon.
Comment est-ce que Bordeaux pourrait se défaire de ce côté trop calme, presque chiant ?
C’est très dur de changer la mentalité d’une ville. À Marseille, la passion est démesurée, mais c’est à l’image de la ville. Bordeaux, c’est « La Belle endormie » . Il y a de temps en temps des périodes fastes, et puis tout retombe très vite dans la routine, parce que c’est le choix des grands décideurs.
Cela n’a pas tendance à changer depuis quelques années, suite aux travaux effectués en centre ville ?
Il y a eu des changements, mais ce n’était pas difficile pour Juppé de reconstruire, vu que pendant les 48 ans de règne de Chaban-Delmas, il ne s’est rien passé. Cela bouge un peu plus. Et puis avec la ligne SNCF à grande vitesse, on va bientôt être une banlieue de Paris, qui ne sera qu’à deux heures de train.
Tu es content du départ de Francis Gillot des Girondins ?
Je ne suis ni content, ni triste. Avec les moyens qu’il avait, que pouvait-il faire de plus ? Il n’était pas expansif, mais est-ce que c’était ce qu’on lui demandait ? Il se faisait piquer tous ses meilleurs joueurs à chaque mercato et il n’y était pour rien. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il a fait un mauvais taff. La presse a été très dure avec lui. Il y a 19 autres équipes en Ligue 1, donc comme le dit Booba, si t’aimes pas, tu regardes pas et puis c’est tout.
Et puis la saison passée, Bordeaux a fini avec la sixième meilleure attaque de Ligue 1…
Ça, c’est fou. Tout comme le rendement de Cheick Diabaté. Cheick Diabaté, c’est Jar Jar Binks dans Star Wars. Il est décrié, mais il est toujours là, il fait le boulot. Ce n’est pas le plus grand technicien, mais il marque ses buts. La saison passée, il avait un ratio temps de jeu/buts supérieur à celui de Cavani, par exemple.
Bordeaux va être champion de France, avec Willy Sagnol ?
En tant que supporter des Girondins, il y a forcément une partie de moi qui y croit, oui. Mais longue est la route qui nous mènera au titre.
Tu continues à te rendre au stade ?
Cela fait longtemps que je n’y suis pas allé. J’aimais bien y aller pour la Champions League, mais en vérité, je n’ai jamais été trop fan de « l’ambiance stade » . Les gens autour de moi qui commentent en disant n’importe quoi, c’est pas mon truc.
En théorie, après 1999 et 2009, le prochain titre est pour 2019. Comment sera le club à ce moment-là ?
Il appartiendra à des Chinois. Avec le concurrent chinois de Nike comme équipementier, forcément. Et Mourinho sur le banc, qui après avoir tout gagné, veut accrocher une Ligue 1 à son palmarès. Histoire d’être complet.
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