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Charnière bleue, une place à prendre ?
Absent de la liste de Didier Deschamps pour cause de blessure à la cuisse, Mamadou Sakho est officiellement toujours dans les petits papiers du sélectionneur. Sauf que sa situation actuelle à Liverpool ressemble étrangement à sa fin de parcours au PSG, qui lui avait provisoirement coûté sa place en sélection. Pendant ce temps, Mangala ou Mathieu sont dans les starting blocks.
« L’année dernière, je l’avais déjà pris alors qu’il ne jouait pas tout le temps, mais il passait des minutes sur le terrain et débutait des matchs. Il était en tribunes dimanche soir et n’a pas disputé un seul match officiel du mois d’août. Avec aussi peu de temps de jeu, personne ne peut prétendre à l’équipe de France. » Voilà le discours de Didier Deschamps à l’égard de Mamadou Sakho à l’été 2013 au micro de RMC. Un transfert à Liverpool, un doublé face à l’Ukraine et une Coupe du monde plus tard, l’ancien Parisien a retrouvé une place de titulaire en sélection, et un certain statut. Mais celui-ci pourrait se trouver fragilisé à l’heure où Sakho semble en difficulté sur les bords de la Mersey. Source du problème ? Le recrutement d’un concurrent de poids en la personne de Dejan Lovren, et sa régression dans la hiérarchie des centraux liverpuldiens : troisième choix derrière l’ancien Lyonnais et le Slovaque Martin Škrtel, quand il n’est pas également relégué 4e choix par Kolo Touré…
Jusqu’au 27 septembre et le derby contre Everton, la situation de Sakho n’avait pourtant rien de catastrophique : la saison débutée sur le banc pour les deux premières journées anglaises, il avait enchaîné cinq matchs de rang dont trois titularisations consécutives aux côtés de Lovren, pour une victoire de prestige à Tottenham (3-0), une déconvenue à domicile contre Aston Villa (0-1) et un succès borderline contre Ludogorets en Ligue des champions (2-1). Sauf que le 27 septembre, le Parisien a dérapé, quittant Anfield de dépit après avoir appris qu’il ne figurait pas même sur la feuille de match. « Les problèmes en club, notamment ceux liés au comportement, font du tort à Sakho en équipe nationale » analyse l’ancien international français Julien Escudé. Pour le jeune retraité, « c’est dommage car il restait sur de bonnes prestations sous le maillot bleu » . Si l’ancien Sévillan comprend la frustration du joueur, il considère qu’il doit garder le contrôle de ses émotions « car les écarts lui nuisent automatiquement, surtout avec un sélectionneur comme Deschamps » .
Sakho a de l’avance, mais Mathieu grignote
Pour le moment cependant, DD ne semble pas encore avoir tiré un trait sur celui qu’il avait tenté d’installer dès sa nomination en 2012 avec sept titularisations de rang : « Je ne suis pas inquiet aujourd’hui. Il est blessé. Il en a pour trois ou quatre semaines. Il n’était pas sélectionnable. Il faut avoir du temps de jeu, c’est vrai, mais je n’ai pas d’inquiétude pour Mamadou. » Clairement, le sélectionneur botte en touche pour ne pas (encore ?) sacrifier un joueur dont il avait fait son titulaire pour le Mondial, alors que son manque de temps de jeu et ses difficultés ne se sont matérialisés que depuis mi-septembre. Surtout quand les chamboulements réguliers lors de la première année de son mandat – six charnières en 2012-2013 – avaient débouché sur des résultats en dents de scie.
Pour Julien Escudé, « Sakho a de l’avance grâce à son passé en équipe de France, mais un joueur comme Mathieu grignote, surtout grâce à ses bonnes performances au Barça. Il a le vent en poupe, il a su relever le défi en Serbie. Il est mieux placé que Sakho pour les prochains matchs et les prochains mois. » Jérémy Mathieu, d’une part, mais peut-être également Eliaquim Mangala, qui après des premières semaines timides à Manchester City – en raison notamment d’un transfert tardif et d’une charnière Demichelis-Kompany rodée – joue désormais régulièrement chez les Citizens.
Situation changeante
Si Raphaël Varane n’est pour le moment pas inquiété en tant que titulaire malgré son poste de numéro 3 dans la hiérarchie des arrières centraux du Real Madrid, l’identité de son partenaire pourrait néanmoins changer d’ici la fin de l’année. Julien Escudé : « Cela va dépendre des résultats et du temps de jeu des joueurs concernés en club. Il est difficile de faire confiance à un joueur en équipe de France, même s’il a un statut, dans le cas où il ne jouerait pas en club. Cela ne suffit pas de jouer tous les deux mois. » Pour le moment, des cinq joueurs susceptibles d’évoluer en défense centrale – Koscielny, Sakho, Varane, Mangala, Mathieu -, c’est le Barcelonais qui répond au plus grand nombre de critères malgré un manque d’expérience sous le maillot bleu. Mais pour Escudé, la situation en octobre 2014 pourrait être diamétralement opposée en mai 2016 : « À ce jour, Mathieu est une vraie menace pour Sakho, mais l’Euro est encore loin, il peut se passer encore pas mal de choses. » Si Mamadou Sakho a aujourd’hui le malheur de revivre une perte de statut en club, il pourra toujours espérer inverser la tendance au meilleur des moments, comme il avait su le faire avant le Mondial brésilien…
Par Nicolas Jucha