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Charlton et le ras-le-bol des Belges

Par Régis Delanoë
Charlton et le ras-le-bol des Belges

Un président proprio radin et borné, une directrice générale moqueuse, un entraîneur intérimaire sans qualification : le point commun entre ces trois personnes installées à des postes clés de Charlton en D2 anglaise ? Leur nationalité belge. Relégable, l’équipe actuelle exaspère ses fans qui exigent que leur soit restitué leur club. Et ce n'est pas gagné…

Ce n’est pas rien, Charlton Athletic. Un sacré bon petit club pourrait-on dire, avec une longue et solide histoire professionnelle. Une FA Cup au palmarès, conquise en 1947. Une majorité de saisons passées en deuxième division, mais aussi quelques périodes non négligeables en élite. La dernière a duré sept ans, entre 2000 et 2007. Avec, au milieu, une saison qui aurait pu lui faire basculer durablement dans le gratin du football anglais. Lors de l’exercice 2003/2004, les Addicks évoluent dans le top 5 une partie de la saison, et jouent le podium et la qualification pour la Ligue des champions jusqu’en mars, avant de finalement se faire lâcher par la concurrence dans le money time et d’échouer à la septième place. C’est l’époque de Paul Konchesky, du jeune Carlton Cole, du vieux Paolo Di Canio, mais surtout de la révélation Scott Parker, transféré en cours de saison à Chelsea, ceci expliquant sans doute en partie la difficile fin de saison de l’équipe, privée de son meilleur joueur. Charlton est alors entraîné depuis 1991 par Alan Curbishley, qui quitte son poste en 2006, un an avant la relégation d’un club qu’on n’a plus jamais revu en Premier League depuis. Il a même connu la descente en D3 avant qu’une figure du club, Chris Powell, plus de 200 matchs avec Charlton en tant que joueur, ne se révèle comme entraîneur de grand talent et lui offre un retour en Championship. Il vise même la remontée à l’étage supérieur, mais finit par quitter soudainement le club du Grand Londres en cours de saison en mars 2014. Pour cause de mauvais résultats ? Oui, en partie, la saison 2013/2014 s’avérant plus décevante sportivement que la précédente lors du retour en D2. Mais pas seulement, car deux mois avant sa démission, Charlton Athetic a changé de propriétaire. L’inénarrable Roland Duchâtelet est arrivé.

Du recyclage d’entraîneurs

L’homme d’affaires belge est un acheteur compulsif de clubs. Il en possède actuellement quatre : Charlton donc, mais aussi le club espagnol d’Alcorcón, acquis à la même période, Carl Zeiss Iéna en Allemagne et Újpest en Hongrie. Et encore, il a gardé des liens avec le club de Saint-Trond en Belgique et fini par céder en juin dernier sa tête de gondole, le Standard de Liège, alors que nombre de supporters des Rouches manifestaient depuis longtemps déjà contre les méthodes de ce président assez spécial qui semble plus apprécier le football pour des combines financières que par réel amour du jeu.

Lorsqu’il débarque à Charlton début 2014 en faisant venir des joueurs d’autres de ses clubs et en insistant pour qu’ils soient utilisés par le coach Chris Powell, ce dernier ne supporte pas longtemps qu’on vienne s’immiscer dans ses décisions sportives et décide de partir au bout de seulement quelques semaines. Arrive alors au poste José Riga, ancien coach du Standard, pour seulement finir la saison (ses expériences suivantes se sont soldées par des échecs, y compris récemment à Metz). Puis c’est un autre Belge qui débarque, Bob Peeters, le temps d’une grosse demi-saison, avant qu’il ne soit remplacé par un autre lieutenant de Duchâtelet, l’Israélien Guy Luzon, lui aussi un ancien du Standard. Il est comme ça, le nouveau président, il recycle. Sauf que ça ne fonctionne pas sportivement. En octobre dernier, Luzon se fait à son tour virer, et c’est là que la situation vire au grotesque avec l’arrivée à sa place d’un parfait inconnu belge, le dénommé Karel Fraeye (recyclage toujours, il a été l’adjoint de Riga à Charlton en 2014 – quasi sa seule expérience), assisté d’un assistant à peine plus connu, Wim de Corte (ex-Beerschote notamment).

Alou Diarra en recrue phare

Avec pareil attelage, forcément c’est la catastrophe sportivement parlant, pire encore qu’avant : 2 victoires sur les 12 derniers matchs et depuis le changement d’entraîneur, 4 victoires seulement depuis le début de saison. Le dernier succès remonte à fin novembre, et désormais, le club semble durablement squatter l’une des places de relégable en fin de saison. Lors du dernier match à domicile ce week-end à The Valley face à Nottingham Forest, de nombreux fans se sont exprimés avant le coup d’envoi avec des banderoles explicites appelant au départ des Belges : Duchâtelet et Fraeye, mais aussi l’impopulaire directrice générale Katrien Meire, plutôt du genre à se moquer du malheur des supporters locaux qu’à les écouter. Ce qu’ils ont à dire est pourtant intéressant.

Ils souhaitent qu’on entende la proposition de l’ancien directeur général du club avant l’arrivée de Duchâtelet, un certain Peter Varney qui affirme être en contact avec de potentiels acheteurs du genre sérieux. « En août, j’étais sur le point de présenter un investisseur qui avait, je crois, une proposition intéressante à soumettre à l’actuel propriétaire » , assure-t-il dans une interview au fanzine des Addicks. On peut le croire, car Charlton a du potentiel : une histoire, des structures, un bon petit stade et une situation géographique intéressante dans le Sud-Est de Londres. Mais Varney n’a pas eu l’entrevue demandée, ce qui laisse à croire que Duchâtelet tient à son Charlton. Mais pour quoi faire au juste ? S’il a vendu l’été dernier pour une rondelette somme (près de 5 millions d’euros) le très jeune espoir de 18 ans Joe Gomez à Liverpool, il n’a en retour que très peu acheté depuis 2014, se contentant d’acquérir des joueurs de seconde zone ou des préretraités, tel Alou Diarra, 34 ans, dont la carrière décline depuis un bon moment maintenant. Tout ça donne l’impression d’une navigation à vue, sans plan de route et sans savoir comment ça finira. Mal, répondraient les Rouches du Standard de Liège.

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