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Charlie Davies : « Quand j’ai réussi à bouger mon pied après l’accident, j’en ai pleuré »
Passé par Sochaux à la fin des années 2000, Charlie Davies a vu sa vie, ainsi que sa carrière, basculer lors d’un accident de voiture, en 2009. Entre sa jeunesse compliquée, son essai raté à l’Ajax Amsterdam, son arrivée à Sochaux et son accident, l’Américain se dévoile. Et toujours avec le sourire.
Tu es né à Manchester. Mais pas le Manchester d’Angleterre, celui des États-Unis. Comment tu en es venu au foot ? Mon père est originaire de Gambie. Je me souviens qu’un jour, il était tombé sur un prospectus de l’école pour faire des essais de football. Sauf que lui pensait que c’était du football américain. Sauf que, non, c’était du vrai football ! (Rires.) Il s’est tourné vers moi : « C’est vraiment ce que tu veux faire ? Bon, c’est parti ! » On est allés au magasin, il m’a acheté un ballon, je le voyais tellement heureux de me voir impliqué, qu’il avait oublié que c’étaient des essais ! Après cet essai, qui ne s’était pas bien passé, il me regarde et me demande : « Est-ce que tu veux devenir un gagnant dans le sport ? » , « Oui » . Il m’entraînait tout le temps et un jour, il m’a emmené à un match de la Coupe du monde 94, à Boston. C’était Corée du Sud-Bolivie. Depuis ce jour-là, j’ai toujours rêvé d’être un joueur professionnel.
Quel genre d’éducation tes parents t’ont inculquée ?
Mes parents étaient très stricts, mais ils m’ont inculqué la valeur de l’éducation et du travail. Ça a toujours été : l’école, finir ses devoirs et aller à l’entraînement. Dès mes quatorze ans, j’ai eu la chance d’aller dans un collège de sports-études. Le fait de tomber dans un établissement comme ça, c’est très motivant. Tu ne voyais que des gens qui voulaient réussir dans leur domaine, mais aussi à l’école. Surtout, on t’apprend la théorie de ton sport, donc tu l’appréhendes avec plus de sérieux, plus de réflexion. C’est con, mais ils t’apprennent à être professionnel. Dans la manière de voir les choses, de gérer les finances, voire même, comment traiter, au mieux, les responsabilités.
Ton père était gambien. Est-ce que tu as grandi dans cette culture ?Quand j’étais petit, ce qui était génial, c’est que mon père m’emmenait dans cet endroit de Boston où beaucoup d’Africains, de Nigérians, de Gambiens et de Camerounais qui avaient immigré aux États-Unis se réunissaient pour profiter un peu de la vie. Pour boire un coup, jouer au foot. J’ai vraiment baigné dans cette culture ! Mon père a même essayé de m’apprendre le wolof. Quand il le parlait, les sonorités me faisaient mourir de rire ! Au bout de 2-3 ans, il a renoncé à me l’apprendre. Durant ma carrière, j’ai joué en Suède, à Hammarby et j’avais un coéquipier gambien (Alagie Sosseh, N.D.L.R.). Puis, j’ai appris qu’il y avait une grosse communauté gambienne à Stockholm. En m’adaptant à mon coéquipier, je me suis aussi adapté à notre culture commune. Il m’a appris beaucoup de choses : l’histoire, la langue, c’était merveilleux de pouvoir enfin me plonger dans la culture de mes ancêtres.
Ta mère ?
Elle était très protectrice avec mon frère et moi. Elle faisait beaucoup d’allers-retours à l’hôpital, car elle soufrait d’un problème mental assez grave : la bipolarité. Quand j’étais petit, elle a dû faire trois ou quatre tentatives de suicide. C’était difficile de grandir sereinement en voyant sa mère dans cet état. En revanche, dès qu’on la voyait, elle nous donnait beaucoup d’affection et d’amour. Mon père, quant à lui, était un toxicomane, mais il savait gérer son addiction. On savait qu’il pouvait disparaître pendant de longues minutes durant les matchs, mais il n’en a jamais raté un. Jamais. Il m’a toujours poussé à m’entraîner tous les jours. Une fois les matchs terminés, il pouvait encore disparaître pendant des nuits pour aller dans des squats dépenser toute sa paye. Son addiction pesait beaucoup sur ma mère, une chose qui a dû beaucoup jouer sur sa maladie. Dans notre famille, il y a toujours eu cette notion de survie. Quand j’ai fini le collège, nous avons déménagé vers San Diego, et le soleil lui a fait beaucoup de bien.
Être confronté à de tels problèmes, si jeune, ça a dû te faire grandir vite ? Oui, il fallait avancer pour survivre. Je savais que je devais être là, peu importe les circonstances. Je sentais que je devais aider ma famille et de ne pas être un consommateur de celle-ci. Je devais être là pour ma mère quand mon père est décédé, je devais être là pour mon frère quand ma mère était à l’hôpital. J’ai l’impression d’avoir toujours eu ces responsabilités. Je savais que peu importe ce que je voulais faire, je devais être le meilleur et comment devenir le meilleur ? En travaillant dur. J’ai toujours aimé travailler dur. J’allais courir ou m’entraîner tout seul, tous les jours ça ne me dérangeait pas, j’y allais avec le sourire. Je devais faire des extras pour être meilleur.
Le foot, ça a été une thérapie pour toi ?
Complètement. Je pouvais exprimer toute cette frustration et ça m’a aidé à travailler encore plus dur. Je ne pensais pas à ma famille, à tous les problèmes auxquels je devais faire face, donc je restais plus longtemps que les autres. Après le collège, je suis allé dans un lycée sport-étude et c’est exactement ce qu’il me fallait. L’environnement était parfait afin de m’améliorer, ça me poussait mentalement à être rapide, à être vif d’esprit, d’être là au moment où il faut. La vraie question que je me posais, c’était : « Qu’est-ce que je suis prêt à faire pour réussir dans ma vie ? » Cette école m’a permis de grandir en tant qu’humain, j’y ai appris les bonnes habitudes. Les professeurs, les coachs ont toujours été très attentifs vis-à-vis de ma progression et ils m’ont aidé à devenir un homme, mais aussi un professionnel.
Tu choisis alors de partir dans une fac de Boston, pour le foot. Comment était ta vie là-bas ? Avec mes quatre ans en sport-étude, la transition s’est faite facilement. J’ai retrouvé un coach qui m’avait repéré depuis mes 14 ans, il connaissait déjà mes qualités et mes défauts. Il fallait respecter les anciens de l’équipe, tout en se donnant à 200%. En dehors du foot, la vie était cool, et le vrai changement, c’est que j’y ai rencontré ma femme.
Après la fac, alors que tu avais une belle place en draft pour jouer en MLS, tu préfères faire un essai à l’Ajax Amsterdam. Et ça ne s’est pas déroulé comme prévu…Je devais saisir ma chance de jouer en Europe, c’était mon rêve.
Je savais que si je voulais affronter les meilleurs joueurs du monde, je devais aller là-bas. Je croyais en moi, et l’Ajax était intéressé. Je savais que s’ils me signaient, je pouvais avoir la chance de progresser encore. Tout le monde connaît la qualité de formation de l’Ajax. J’ai joué trois matchs amicaux, le premier était ok, le second je mets un hat-trick et à ce moment-là, je me dis : « Putain, je vais enfin signer ! » Sur le troisième, au bout de 15 minutes je me blesse, mais je ne voulais pas que ça se sache, donc j’ai continué à jouer malgré la blessure. J’ai fait un match horrible et il y avait le directeur sportif, le coach de la A dans les tribunes. À la fin de la rencontre, ils m’ont dit que je ne pouvais pas signer tout de suite. Je suis resté deux-trois semaines avec eux, le temps qu’ils prennent une décision définitive. Durant cette attente, j’ai reçu une offre d’Hammarby, en Suède. J’ai fait un Amsterdam-Stockholm. Je savais que je devais commencer quelque part. À l’Ajax, j’aurais pu me retrouver sur le carreau. Alors que jouer en Suède, c’était l’assurance de jouer dans l’équipe 1 et de prouver que je pouvais être un bon élément. J’y ai vu ma chance. Et puis, c’était une bonne opportunité de jouer et de me développer.
Et alors, comment ça s’est passé ?Franchement, je me suis bien débrouillé en Suède. Donc j’ai commencé à jouer avec l’équipe nationale, lors de la Coupe des confédérations. Tout s’est bien passé, après la compétition, j’ai eu des offres de Croatie, d’Allemagne… quand tu goûtes au top niveau, tu en veux plus. Quand tu joues des matchs contre Sergio Ramos, Puyol ou bien Lúcio, tu n’as pas envie de retourner jouer en Suède ! (Rires.) Ensuite, il y a la Gold Cup en Jamaïque. À la fin de la compétition, j’apprends que Sochaux me veut. Je connaissais déjà la Ligue 1 depuis petit, et puis j’étais fasciné par l’histoire de France. À Sochaux, j’ai pu visiter le château de Belfort, c’était quelque chose de spécial pour moi.
Dès ton deuxième match, tu marques un doublé.
Avant le match, j’étais frustré car le premier match, je reste sur le banc, alors que je suis le joueur le plus offensif de l’équipe. Je devais faire confiance à Francis Gillot. Durant la trêve internationale, je joue un match contre le Mexique où je marque dans le stade Aztèque, devant 100 000 personnes. C’était l’un de mes plus beaux souvenirs en tant que joueur. Je suis rentré en France et on doit jouer contre Bordeaux. Je commence sur le banc. Ils ont marqué 2 buts en première mi-temps, et Gillot me fait entrer pour la deuxième. C’était mon heure de briller. J’ai marqué mon premier but, puis le deuxième. Je ne m’attendais pas à marquer aussi vite. Malheureusement, on a perdu le match 3-2, mais je sentais que je pouvais être l’un des meilleurs buteurs du championnat, si je m’en donnais les moyens. Je pensais vraiment pouvoir être à la hauteur.
Comment était ta vie en France ? J’ai beaucoup visité la région, j’avais quelques coéquipiers qui me montraient un peu le coin. Jacques Faty, Nicolas Maurice-Belay… ils m’emmenaient tout le temps au restaurant, on allait à Paris. Tous les footballeurs de Ligue 1 montent sur Paris quand ils ont du temps libre. Entre l’architecture, la bouffe, les monuments… C’était le bonheur ! Les escargots et le foie gras, putain, mon pote, c’est quelque chose ! Surtout qu’on a pu voyager partout en Europe.
Et puis, en 2009, il y a cet accident, à Washington…Ouais… un samedi, on jouait un match de qualification pour la Coupe du monde, on a gagné, donc on était officiellement au Mondial. C’était le combat d’une vie, tout ce que j’avais rêvé d’accomplir. On est revenus à Washington et on a fait une belle fête avec l’équipe, le soir même.
Le lundi soir, je vais dîner avec des coéquipiers, mais le matin, à l’entraînement, je me blesse superficiellement. Le mercredi qui suit, on doit jouer contre Lyon, chez eux, il fallait que je me repose. Donc, ce soir-là, on va dîner avec des amis et ils me disent : « On va sortir, tu veux venir ? » , « Non, t’inquiète, je vais me reposer. Allez-y, vous ! » Il était 2h30 du mat’ et je prends ma voiture accompagné d’amis. Je n’avais pas bu, tout allait bien. Une des filles qu’on avait rencontrée à DC nous demande de la raccompagner. Très bien, je m’installe sur la banquette arrière. À un moment, le conducteur s’arrête brusquement et je lui dis, en rigolant : « Bon, je vais mettre ma ceinture ! » Le moment d’après, j’étais à l’hôpital avec 35 câbles dans l’estomac.
Tu ne te souviens de rien ? C’était comme dans les films, quand on te kidnappe et qu’on te vole tes organes. J’avais un vol deux jours après, je me suis dis que c’était un kidnapping. Quand j’ai vu les câbles, je me suis vraiment dit qu’on m’avait volé des organes ! (Rires.) Je devais me lever et fuir de là. Quelques minutes plus tard, une infirmière se pointe et me dit : « Vous avez fait un sérieux accident de la route, à Washington. » Honnêtement, je ne l’ai pas cru, au début. Puis, elle me confirme que c’est vraiment ce qui s’est passé, avant de me mettre encore plus de drogue pour que je puisse dormir.
Qu’est-ce que tu t’es dit à ce moment-là ? La Coupe du monde était dans sept mois et je me dis que je devais tout faire pour y arriver. Je me suis mis dans cette situation et, évidemment, je ne l’avais pas fait exprès. Je n’ai pas bu, j’ai encore moins conduit, mais j’étais dans cette situation. Mon but était de me remettre sur pied et de participer à la CdM. Depuis le premier jour, l’objectif était de faire tout ce qui était nécessaire pour revenir sur le terrain. Mais… je n’avais pas réalisé tout le temps que ça allait prendre… Mon premier exercice, ça a été de remarcher. Je devais me lever, mais je ne sentais même plus mes jambes, je n’arrivais plus à les bouger. Je devais totalement réapprendre à marcher. Au bout de quelques mois, je prenais deux minutes pour bouger mon pied. Quand j’ai réussi, j’en ai pleuré. Je n’avais pas pleuré avant tout, mais ce moment-là, ça faisait partie de ma convalescence et de tout le travail que je devais accomplir pour me remettre. J’ai pleuré, ma famille a pleuré, tout le monde a pleuré. C’était un moment très émouvant.
Comment tu as fait, mentalement et physiquement, pour te remettre sur pied ?
La seule chose que j’avais en tête, c’était la Coupe du monde. J’étais déjà très reconnaissant d’être encore en vie et j’avais une autre manière d’appréhender la vie, donc… ce n’est pas tout le monde qui arrive à avoir une deuxième chance, dans la vie. Je savais que tout pouvait s’arrêter en une seconde. Même si ma carrière était presque terminée, je savais que je pouvais surmonter tout ça. Je n’étais plus le même joueur, mais je sentais que je pouvais quand même réussir à revenir sur le terrain. Une des plus grandes choses de ma vie, ça a été d’avoir fait face à cet accident, de m’être entraîné dur pour revenir à l’entraînement avec mes coéquipiers. Quand ça a été fait, tout le monde m’a regardé du genre : « Oh mon dieu, ce n’est plus le même Charlie… Il n’y a aucune chance pour qu’il rejoue comme avant. » J’étais le plus rapide, le plus dynamique joueur de l’équipe et désormais, j’étais le plus lent et le plus faible. J’avais même peur de me casser un os durant les entraînements. Même mon premier ballon était très compliqué a appréhender. C’était très dur psychologiquement d’être avec de tels talents comme Marvin Martin, Ideye Brown, Modibo Maiga… Je n’avais aucune chance de jouer. Francis Gillot m’a conseillé une chose : « Ta chance de pouvoir retrouver des sensations et de jouer, c’est de retourner en MLS. » J’avais raté deux ans et je devais réapprendre tout ce que j’avais appris depuis petit. Donc je suis parti à Washington et quand je reviens à Sochaux, il y avait un nouvel entraîneur, donc je me suis dis : « Cool, je vais pouvoir rejouer, enfin ! » Je sentais que toutes ces cicatrices, des jambes à la tête, avaient servi pour atteindre ce niveau. Bien sûr, je n’étais plus le Charlie d’antan, mais… qu’est-ce que c’est bon d’être sur le terrain, putain ! Aujourd’hui, je vis avec le sourire aux lèvres, constamment.
Comment tu as vécu ton retour en France ?Franchement, je me sentais bien mieux, par rapport à la première fois ! (Rires.) Les gars de l’équipe étaient très contents de me revoir. J’avais de superbes relations avec eux. Le plus compliqué, c’était d’avoir affaire à un nouveau coach, Éric Hély, et que l’équipe était en train de galérer. Hély ne m’a pas donné ma chance. Je jouais avec la CFA et c’était très perturbant de jouer avec, tous les week-ends. Je savais que je n’allais rien faire de ces prestations. Éric Hély, en devenant le coach de l’équipe, m’a dit : « Tu ne joueras jamais pour moi. » Pourtant, en dehors de ça, j’avais de bons rapports avec lui ! (Rires.) À l’entraînement, je marquais des buts, je jouais bien, mais ça n’allait rien changer. Je devais partir et je suis allé au Danemark, à Randers. Là-bas, pareil, je ne me suis pas senti à l’aise, je savais que je n’allais pas avoir ma chance. Donc je suis retourné à Boston pour être près de chez moi, de mes amis, et de mes proches. Là, j’ai retrouvé le succès. J’ai marqué des buts, je m’amusais, tout allait bien.
Puis il y a eu la naissance de tes jumeaux.
Oui, ils sont nés prématurément, avec trois mois d’avance. Ça a été très dur d’être à l’hôpital pendant trois mois, tous les jours. Je n’ai pas fait attention à mon corps. Je finissais l’entraînement, j’allais directement à l’hôpital. Je finissais un match, j’allais à l’hôpital. Je ne dormais pas, je mangeais mal, car j’étais concentré sur ma femme et mes enfants. Un moment, je sentais que j’avais un problème avec un muscle d’une de mes jambes, je suis allé faire un scanner et ils ont trouvé une tumeur. Pendant quelques jours, j’ai vraiment cru que j’allais mourir. Après être passé à travers toutes ces épreuves, quand ils m’ont trouvé ce cancer, j’ai pensé : « Damn, je vais encore devoir vivre une nouvelle vie ! Allez, je dois me sortir de cette merde. Je dois voir mes enfants grandir ! » Puis, j’ai parlé aux médecins et ils m’ont dit que ça allait le faire, qu’ils avaient découvert ce cancer assez tôt. Ils m’ont opéré et quatre mois plus tard, c’était bon. Ça fait presque trois ans, jour pour jour, que j’ai passé ce scanner me disant que tout était en ordre. Je n’avais plus de cancer, mes jumeaux étaient en pleine santé, heureux et ils adorent le football ! (Rires.) Tout est fantastique ! Je ne pourrais pas être plus heureux avec tout ce que j’ai aujourd’hui.
Bon, maintenant que tout va bien… tu peux nous raconter cette histoire d’excès de vitesse, avec Jacques Faty ? Ah putain, quelle histoire ! Je l’avais carrément oubliée ! (Rires.) Bon… ma femme devait rentrer à Boston voir de la famille, et Sochaux nous avait donné deux ou trois jours de libre. Alors, je voulais lui faire une surprise et rentrer à Boston. Sauf que le seul vol était de Paris, à 6h du matin.
Après un match, Jacques me dit : « Je conduis jusqu’à Paris après le match, si tu veux je t’y emmène. » « Cool. Merci Jacques, je viens avec toi ! » Je n’avais même pas de permis français, donc je monte dans son Audi Q7, et le top de la Q7, hein, un monstre ! (Rires.) On a commencé à rouler, et à un moment, je vois des gyrophares, et là, Jacques me dit : « Merde, voilà les flics ! Ils vont nous arrêter. » « C’est pas grave, c’est qu’un excès de vitesse… » « Non, mais ils vont m’envoyer en prison ! T’as qu’à dire que c’est toi qui conduisais, ils ne vont pas s’en soucier. » « Mais j’ai même pas mon permis ici ! » « T’inquiète, pas de problème, je te promets ! » Je me suis mis sur le siège conducteur et la police me voit sortir de la voiture. « Je suis désolé, je viens des États-Unis, je me rendais à l’aéroport. » Ils m’emmènent au poste pour quelques précisions. On ressort avec Jacques et, en conduisant jusqu’à l’aéroport, il me dit : « Tu vois, je t’avais dit qu’il n’y allait rien se passer. » Deux semaines plus tard, je suis chez moi à jouer à la console, et mon téléphone commence à devenir fou. Je reçois des articles me disant que je roulais à 120 km/h au-dessus de la limite autorisée. Tout le monde me disait : « Tu sors d’un accident de voiture et tu fais un excès de vitesse impressionnant ?! » Je suis allé voir Jacques pour lui demander de tout avouer. Et il l’a fait. Il s’est rendu au poste et a dit la vérité.
Aujourd’hui, qu’est-ce que tu vois quand tu te regardes dans le miroir ? Si je regarde derrière moi, je vois un jeune homme qui se bat pour le succès. Si je me regarde maintenant, je suis le super gars qui parle de football, à la télé. J’essaye de vivre ma vie d’une manière positive. J’essaye de parler aux enfants, mais aussi aux adultes, pour leur montrer comment faire face à l’adversité. L’adversité n’arrive pas qu’une fois, mais elle est toujours présente dans ta vie. Chaque épreuve te rend plus fort pour appréhender la prochaine.
Propos recueillis par Gad Messika