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Charles Devineau : « Être privé d’accession tout en étant leader… »
Si l'arrêt définitif de tous les championnats amateurs décidé par la Fédération française de football ce jeudi crée inévitablement des situations injustes sportivement, aucune ne devrait l'être autant que celle de La Roche Vendée Football. Leader de sa poule de National 3, le club voit l'accession lui filer sous le nez pour une histoire de quotient nombre de points obtenus / nombre de matchs joués. Plus combatif qu'abattu, l'entraîneur vendéen Charles Devineau le confirme : La Roche ne compte pas être le dindon de la farce.
Vous étiez en position idéale à huit journées de la fin, mais le scénario que vous craigniez a été retenu par la FFF. On vous imagine très frustré. Comment avec-vous accueilli cette décision ?Je pressentais qu’un calcul de ce type pourrait nous pénaliser. Mais aujourd’hui, on est premiers pour des raisons sportives claires et nettes. On est premiers sur la phase aller, on a gagné à Châteaubriant, on a la meilleure attaque et la meilleure différence. Et sur un calcul d’un ratio nombre de points obtenus / nombre de matchs joués on nous enlèverait cette première place ? Attention, je comprends la FFF. Il fallait prendre une décision générale pour tous les championnats. Mais elle est très injuste pour nous et sûrement la plus injuste, car on doit être le seul club privé d’accession en étant leader. Quand la décision tombe, on est abattus. Ça fait mal. On voit tout le travail des joueurs au quotidien, tous les points obtenus et les matchs gagnés s’envoler sur une décision qu’on ne maîtrise pas. Je suis à chaud, ça me tient évidemment à cœur. Mais c’est ça, le sport : réagir dans le vif du sujet. Là, on y est et c’est pour ça que je ne changerais de métier pour rien au monde, même s’il y a des périodes délicates.
Auriez-vous préféré une saison blanche ?Franchement, non. Je suis arrivé au club l’été dernier après deux ans avec les féminines de l’OL parce que le président Violeau mettait un projet en place avec des joueurs de qualité. On nous a rabâché qu’on devait être le PSG de la poule et qu’on devait monter haut la main. On a remporté ce défi ! Militer pour une saison blanche à notre place, c’est compliqué.
Selon vous, la meilleure décision aurait été de faire monter les deux équipes ?La plus juste, la plus équitable, la moins injuste, la moins cruelle. On est dans les 3-4 meilleures équipes de N3, toutes poules confondues. Pourquoi ne pas appliquer ça ? Des équipes vont monter avec 32, 33, 34 points, nous on en a 42. Avec ce ratio, quelque part, on donne une victoire à Châteaubriant pour ce match non joué. Mais je ne m’attaque pas à Châteaubriant.
Pourquoi ne pas nous associer à la fête ? Pourquoi ne pas prendre une décision exceptionnelle face à cette situation exceptionnelle ? Quand on fait intervenir ce genre de ratio, ça dépasse largement ce sur quoi on s’appuie pour gagner des matchs. Il faut que les raisons sportives passent avant tout. Nous amateurs, notre situation ne fera pas beaucoup de bruit. Mais imaginez la même situation en Ligue 1. Si Lyon est un point devant le PSG et que la LFP prend la même décision à partir d’un calcul ? Et puis, je ne vois pas ce qui peut déranger la FFF de rajouter une équipe en N2. Faire un championnat à 17 clubs ne pose aucun problème, il y a suffisamment de week-ends pour tout jouer. À situation exceptionnelle, on peut prendre des décisions exceptionnelles. Encore une fois, je comprends que la FFF ait dû prendre une décision générale, mais ce que je demande, en tant que coach, c’est de prendre en compte ce cas unique et de nous faire monter. Notre boulot a été fait, on a gagné notre première place sur le terrain.
Vous n’envisagez même pas une nouvelle saison en N3 ?(Rires.) On est premiers, personne ne me l’enlèvera de la tête. J’ai été joueur, j’ai été entraîneur dans beaucoup de catégories, ce qui prime et ce qui doit primer : c’est le terrain.
Quelles vont être les conséquences de cette décision pour le club ?
Pour l’instant aucune, puisque même si la décision est tombée, les classements n’ont pas été homologués. Ensuite, on va se battre pour défendre notre dossier. Si je reçois autant de messages et qu’on me sollicite pour des interviews, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. On a le soutien de beaucoup de gens qui nous disent : « C’est dégueulasse ! » Notre projet est en place, notre budget est en place. On attend le feu vert pour monter en N2.
Comment le club compte-t-il aborder la suite ?On va sûrement partir dans des recours pour défendre notre dossier. Nous allons demander, compte tenu de cette situation exceptionnelle, de ce cas unique, que les deux équipes montent. On est un club bien structuré, le boulot sportif a été plutôt bien fait, maintenant nos dirigeants vont prendre cette partie en main.
Malgré cette issue pour l’instant très décevante, que retiendrez-vous de cette saison ?Malheureusement, s’il faut retenir quelque chose, c’est ce fichu virus. Il faut absolument que l’on trouve une solution. C’est le fait marquant qui passe bien avant tous nos souvenirs sportifs. Sinon, j’ai eu un groupe exceptionnel. Je me suis éclaté aux entraînements, j’ai vécu des scénarios de matchs fabuleux, c’est un vestiaire top.
Tous propos recueillis par Quentin Coldefy