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Charles Biétry : « Christophe Galtier peut réussir n’importe où »

Propos recueillis par David Doucet
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Grand artisan du recrutement de Christophe Galtier à Lille, Charles Biétry a vécu avec bonheur le sacre des Nordistes ce dimanche. Alors que le coach lillois lui a rendu un bel hommage sur Canal + en révélant son rôle de précieux conseiller, l’ancien patron d’Eurosport lui répond en évoquant leur amitié forgée dans l’ombre des buts de Burak Yılmaz et des tacles de José Fonte.

Comment avez-vous vécu ce titre ?J’étais seul chez moi et j’ai presque vécu cela comme un supporter. J’avais besoin d’être tranquille pour vivre ce titre et ressentir pleinement toutes ces émotions. À la fin du match contre Angers (victoire 1-2 de Lille), j’ai éprouvé beaucoup de joie, car c’est un groupe que je côtoie quand même depuis plus de quatre ans. Sans parler de l’amitié qui me lie à Christophe Galtier…

Quand Gérard Lopez a eu l’idée de recruter Marcelo Bielsa, c’est moi qui me suis occupé de le retrouver dans son ranch en Argentine où il s’était retranché.

Quel rôle avez-vous eu au LOSC ?En juin 2017, j’ai rejoint ce club comme conseiller, même si je n’aime pas trop ce terme. Gérard Lopez avait fait appel à moi pour que je lui apporte ma connaissance du milieu du foot français et mon regard extérieur sur l’organisation de son club. Ça a duré trois ans. Durant cette période, j’ai essayé de partager mon expérience, mais aussi mes réseaux. Par exemple, quand il a eu l’idée de recruter Marcelo Bielsa, c’est moi qui me suis occupé de le retrouver dans son ranch en Argentine où il s’était retranché. J’ai ensuite organisé la rencontre avec Gérard Lopez.

Qu’est-ce que vous avez retenu du passage lillois de Bielsa ?Je suis un grand passionné de foot, donc j’ai été très content de le côtoyer. Durant deux mois avant que ne commence la saison, j’ai pu assister à tous ses entraînements, alors qu’il les fermait à tout le monde. Nous logions dans le même hôtel, donc ça nous a rapprochés. Ce qui m’a le plus étonné, c’est qu’il y avait très peu de jeu au cours de ces entraînements. Bielsa faisait répéter des gammes inlassablement à ses joueurs, et beaucoup trouvaient cela fastidieux. De la même manière, les gardiens ne participaient pas aux séances avec les joueurs de champ. En revanche, ce qui était plus enrichissant, c’était de pouvoir parler avec lui. Toutes les discussions que j’ai eues avec Bielsa m’ont marqué. On avait un peu le problème de la langue, donc on avait recours à un traducteur ou à une application sur notre téléphone qui nous permettait instantanément d’échanger ensemble. À chaque fois qu’il parlait foot, c’était un grand moment. Il y a des gens comme lui, Jean-Claude Suaudeau, Roger Piantoni ou bien encore Albert Batteux que je pourrais écouter durant des heures sans me lasser. Après sur le terrain avec le LOSC, je n’ai pas retrouvé ce que Bielsa défendait dans ses discours. Et puis quand ça n’a pas marché avec l’équipe, je l’ai vu perdre pied et c’était presque émouvant. Il ne trouvait pas la solution et ne la trouvant pas, il me donnait l’impression de faire des choses étranges comme lorsqu’il a fait évoluer des joueurs à des postes qu’ils ne maîtrisaient pas.

Les discussions avec Christophe ont duré assez longtemps, car Luis Campos souhaitait un entraîneur portugais. Mais Christophe a réussi à convaincre Gérard Lopez et Luis Campos de ses qualités.

Après le départ de Marcelo Bielsa, vous avez réussi à convaincre Gérard Lopez de prendre Christophe Galtier. Pourquoi pensiez-vous qu’il était l’homme de la situation ?C’était compliqué. J’ai dit à Gérard Lopez que ça valait le coup qu’il rencontre Christophe Galtier et qu’il avait une valeur bien plus importante que la cote qu’on lui attribuait à cette époque. J’étais convaincu que c’était la bonne personne, car il fallait réussir à créer une cohésion d’équipe avec un ensemble de joueurs qui ne s’étaient pas trouvés jusque-là. Il y avait des joueurs à gros potentiel à relancer. Or la qualité principale que j’avais décelée chez Christophe, notamment à Saint-Étienne, c’est sa capacité à faire progresser ses joueurs. Les discussions avec Christophe ont duré assez longtemps, car Luis Campos souhaitait un entraîneur portugais. Mais Christophe a réussi à convaincre Gérard Lopez et Luis Campos de ses qualités.

Vous connaissez Christophe Galtier depuis longtemps ?Je l’ai connu alors que j’étais commentateur à Canal et qu’il était encore joueur. J’aimais beaucoup le voir jouer et j’allais assister à ses entraînements. C’était déjà quelqu’un d’attachant, et c’est donc assez naturellement que j’ai aussi aimé l’entraîneur qu’il est devenu. Avant qu’il n’arrive à Lille, nous avions de bonnes relations, même si elles ne sont pas aussi fortes qu’actuellement.

Quelle est sa plus grande réussite à la tête de cet effectif ?Le fait d’avoir fait progresser tous ses joueurs. Vous pouvez prendre l’effectif un par un, vous verrez qu’ils se sont tous améliorés sous ses ordres. À ses débuts, Nicolas Pépé n’avait pas le niveau qu’il a aujourd’hui. On peut dire la même chose de Victor Osimhen, de Jonathan Ikoné, de Gabriel ou bien encore de Jonathan Bamba. Ils se sont tous hissés parmi les meilleurs joueurs de Ligue 1, car Christophe a su leur faire donner le meilleur d’eux-mêmes. Ce n’est pas un hasard, il travaille beaucoup sur la complémentarité des binômes par ligne. Que ce soit Burak Yılmaz et Jonathan David en attaque, José Fonte et Sven Botman en défense centrale ou bien encore Benjamin André et Boubakary Soumaré à la récupération. D’ailleurs si vous regardez bien, après le maintien, les trois saisons qui ont suivi, Lille a toujours surperformé par rapport aux espoirs que l’on plaçait en eux. C’est le grand mérite de Christophe.

Dans une interview au Canal Football Club, Christophe Galtier vous a rendu hommage en confiant que vous aviez eu un rôle important auprès de lui. Comment avez-vous réagi en voyant ces images ? J’ai été étonné qu’il en parle. J’ai toujours travaillé dans l’ombre et j’avais demandé à le rester. J’ai donc été surpris quand Christophe m’a dit qu’il avait parlé de moi dans une interview après avoir reçu le titre de meilleur entraîneur de l’année. Je lui ai dit que ce n’était pas un problème, puisque l’on arrive tous à la fin d’un cycle et qu’il avait sans doute envie de s’épancher davantage. Tout au long de cette saison, je n’aurais pas la prétention de dire que je lui ai donné des conseils. On a simplement discuté comme deux amis, deux à trois fois par semaine, parfois deux fois par jour si le besoin se faisait ressentir. 90% du temps, les sujets de conversation tournaient autour du foot et du club. Christophe cherchait à obtenir un regard extérieur sur son effectif et sur les problèmes qu’il pouvait rencontrer.

Il y a eu un cas de management sans doute plus difficile à appréhender, c’est celui de Burak Yılmaz. C’est un nom qui est venu régulièrement dans vos discussions ?On abordait bien évidemment la gestion de son effectif. Tactiquement, je n’ai pas grand-chose à lui apporter, mais au niveau de la gestion humaine, j’ai une bonne expérience, puisque j’ai dirigé des rédactions importantes (Canal +, l’AFP ou bien encore Eurosport, NDLR) et j’ai été confronté à des conflits et des situations épineuses à résoudre. On passait donc en revue ses joueurs et notamment Yılmaz, puisque c’est un joueur que j’aime beaucoup et un caractère fort. J’échangeais pas mal aussi de mon côté avec lui en turc. Contrairement à ce qui a pu être raconté, Christophe n’a jamais eu aucun souci avec Burak. Simplement, il y a des joueurs auxquels il faut savoir enlever la bride sur le cou et leur donner un peu plus de liberté à partir du moment où le reste du groupe l’accepte. Ça aurait été une erreur de traiter ce grand gaillard de 35 ans comme un gamin de 18 ans.

Beaucoup de gens ont tendance à opposer Marcelo Bielsa et Christophe Galtier. Puisque vous avez côtoyé les deux hommes, qu’est-ce que vous en pensez ?Je pense au contraire qu’ils ont beaucoup de points communs. L’un comme l’autre s’appuient sur un jeu collectif. Ce sont aussi des coachs affectifs qui se reposent beaucoup sur les relations humaines qu’ils nouent avec leurs joueurs. Et puis enfin, ce sont deux énormes travailleurs. Ils se déconnectent de leurs postes de coach seulement quatre heures par nuit et encore. Je pense que si l’on examinait leurs rêves, on s’apercevrait qu’ils sont remplis de beaucoup de matchs de foot. (Rires.)

Je suis intimement persuadé que si Christophe partait en Angleterre, il mettrait très vite au point une formule de jeu qui surprendrait beaucoup de clubs anglais et qu’il aurait de très bons résultats.

Aujourd’hui, Christophe Galtier est au sommet de sa hype, mais certains spécialistes s’interrogent sur sa capacité à réussir dans un autre pays. Pensez-vous qu’il en a l’étoffe ?Je pense qu’il est capable de réussir n’importe où. J’émets simplement une petite réserve : Christophe aurait davantage de mal dans un club où il ne parlerait pas un seul mot de la langue du pays. C’est quelqu’un qui a une gestion humaine formidable, mais pour la mettre en place, il a besoin de parler librement avec ses joueurs. Il fait beaucoup d’entretiens individuels avec eux, que ce soit en français, anglais ou bien encore en espagnol. Il aurait du mal à reproduire cette connexion avec un traducteur. Les émotions passent plus difficilement quand il y a un intermédiaire.

Christophe Galtier est courtisé par de nombreux clubs. Quels conseils lui donnez-vous pour qu’il fasse le bon choix ?Je crois qu’il est capable de manager une très grande équipe, ça ne fait aucun doute. Mais quand on en parle ensemble et qu’on met tous les enjeux sur la table, je lui rappelle qu’il y a d’autres paramètres très importants. Il n’est pas vieux, mais il n’a pas vingt ans non plus. Et la qualité de vie, le bonheur de se lever tous les matins dans un cadre serein, ça compte aussi. Partir dans le meilleur club du monde si toutes les conditions pour être heureux ne sont pas réunies, je crois que ça ne vaut pas le coup. Il ne faut pas négliger le bonheur au quotidien et l’épanouissement de sa famille parce qu’un jour quand tout s’arrête, on finit par le regretter.

Mais d’un autre côté, en tant que supporter français, on aurait bien envie de le voir réussir à l’étranger et s’inscrire dans la lignée des grands coachs français tels Wenger, Deschamps ou Zidane…C’est vrai que ça serait intéressant à suivre. Je suis d’ailleurs intimement persuadé que si Christophe partait en Angleterre, il mettrait très vite au point une formule de jeu qui surprendrait beaucoup de clubs anglais et qu’il aurait de très bons résultats. Savoir que ça relève de l’ordre du possible, ça me suffirait à sa place. L’essentiel, c’est d’être heureux. Satisfaire l’ego des supporters français et des journalistes de So Foot, ce n’est pas suffisant. (Rires.)

Dans cet article :
Lucas Chevalier : « Il faut essayer de gérer nos émotions »
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