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Chapelle-Neuve(s), la naissance d’un derby
Le Grand prix 2019 du Vrai Foot Day a été attribué à la Chapelle-Neuve du Morbihan, qui va affronter ce dimanche sa sœur jumelle des Côtes d'Armor pour un « derby des Chapelles » inédit. Deux clubs qui étaient faits pour se rencontrer et promettent un rendez-vous mémorable.
Toujours le même rituel. « Je veux un chat ! Je veux une pelle ! » À La Chapelle-Neuve, dans le Morbihan, on est resté aux fondamentaux pour ce qui est du chant de vestiaire, mais après tout, celui-ci assure l’essentiel tous les dimanches en match de district. Le FCCN, club costarmoricain, n’a lui pas de cri de vestiaire aussi poussé, mais rivalise au moins au niveau du nom de commune, puisqu’il s’agit exactement du même. Oui, deux « Chapelle-Neuve » cohabitent à une centaine de kilomètres de distance en Bretagne, l’une dans le 56, l’autre dans le 22. Avec le recul, cela relève de l’évidence, mais il a fallu attendre 2019 pour voir l’idée d’un « derby » festif germer, et après plusieurs rendez-vous manqués, c’est à l’occasion du premier Vrai Foot Day que tout ça se concrétise. Pour l’occasion, on attend une belle affluence au parc des sports Nehue.
J’entends le chat, le renard et les deux pelles
D’un côté, les « Patroed du Tarun » – « Les amis du Tarun » pour ceux qui n’ont pas fait LV2 breton, en référence à la rivière du coin – morbihannais et leur logo composé… d’un chat et de deux pelles : « Pas le truc le plus fin du monde » , admet Gwenaël Laurent, aujourd’hui attaquant de l’équipe réserve et community manager club, logiquement très occupé cette semaine. De l’autre, le Football Club Chapelle-Neuve des Côtes d’Armor et son renard en guise d’animal totem. Point INSEE : il s’agit d’une bataille de clochers à près de 1000 habitants contre un peu plus de 400. Chapelle-Neuvois contre Chapellois : tout ça sent bon le foot qu’on aime et cela promet un beau moment de foot et de partage. Gwenaël ne perd pas le nord : « On va faire une rotation avec d’abord un premier match entre les équipes B, puis un avec les A, comme ça il y aura toujours du monde aux merguez, c’est le plus important. »
Dimanche, ce sont les locaux qui partiront favoris. Club de potes sauvé il y a cinq-six ans par des anciens joueurs du voisin le FC Baud ayant décidé de « quitter les structures des « vieux » clubs de foot un peu archaïques » , les Patroed sont stabilisés en deuxième division après « deux montées en deux ans » rappelle Gwenaël. Mais n’ont pas réalisé une entame de saison idyllique en championnat, avec deux revers contre l’ES Plescop (1-2) et l’US Arradon (4-2). « On va essayer de se maintenir au plus vite et après ce sera du bonus » , lâche comme un pro le capitaine Ronan Le Guevel, malheureusement forfait le 13 octobre pour cause de rupture partielle du tendon à l’épaule subie le week-end dernier. « Je leur fais confiance, il y a assez de monde pour suppléer mon absence. » « On aurait aimé avoir toutes nos forces vives, pour un match aussi important, témoigne Gwenaël. Mais on a notre vice-capitaine, vice-président et milieu Dié Malliard, a.k.a. Adrien Rabiot pour la coupe de cheveux : en ce moment, il est on fire, il n’y a rien qui peut l’arrêter. De la tête, il prend tout au milieu de terrain, il a les deux pieds… » Ouf.
Pression positive et kop visiteur
Les visiteurs du FCCN, eux, ont l’occasion de se jauger en goûtant au niveau situé juste au-dessus de celui qui est le leur actuellement. « Nous sommes en D3, et cette année, on essaie de viser la montée, même si on a déjà perdu un match. Notre club évolue bien depuis trois ans, on a doublé le nombre de licenciés » , raconte Quentin Le Lostec, lui aussi derrière ce projet de match amical après avoir découvert par hasard ce bled homonyme dans le département voisin. « Ça va nous permettre de voir le niveau supérieur, mais aussi le niveau morbihannais, ce n’est pas le même football. Je pense qu’on joue plus dur dans les Côtes d’Armor et que dans le Morbihan, ça doit être plus technique, plus rapide » , ajoute celui qui portera le brassard côté chapellois et qui a peut-être été marqué par le Lorient de Christian Gourcuff.
Pour eux aussi, l’exercice 2018-2019 aurait pu mieux démarrer. Mais dans trois jours, l’enjeu sera tout autre. « On est un peu anxieux car ils jouent une division au-dessus de nous. Quand on voit l’ampleur qu’a pris l’évènement, dans les journaux, les clubs voisins en parlent… on a hâte d’y être. On ne va pas se le cacher : on vient pour gagner le match. » Mais au fond, l’important sera ailleurs, et le parcage visiteur devrait d’ailleurs être bien garni, les Costarmoricains étant rodés. « Chaque saison pour le dernier match, la B fait un kop pour la A et inversement, alors on a l’habitude et on est déjà en préparatifs. »
Un Chapelle Game international ?
Il est donc question ici de suprématie du « Chapelle Game » au cœur du territoire breton, mais aussi un peu plus que cela, avec le rêve de voir l’initiative dépasser les frontières et devenir une fête annuelle. « Pour le moment, ce n’est pas un vrai derby. Mais une fois qu’on en aura fait un, puis d’autres, qu’on aura créé une atmosphère auprès des gens, ça va devenir quelque chose de mystique, sourit Gwenaël. Cette année, on le fait chez nous, l’année prochaine chez eux, et la troisième année on verra bien. » Les idées ne manquent pas : « Quand ce truc-là est fini, je vais faire un truc avec un bled en Angleterre qu’on a repéré qui s’appelle « New Church » pour essayer de faire un derby international. On y va tous ensemble, on fait venir tout le monde, on crée un triangle général des Chapelles. Je lance un appel à toutes les Chapelles de France et du monde entier, ou des noms qui ressemblent. Bon, Newcastle, c’est un peu gros… »
Par Jérémie Baron
Tous propos recueillis par JB
Le Vrai Foot Day 2019, en partenariat avec :