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Le mea culpa des joueurs du PSG change-t-il quelque chose ?
Les joueurs du PSG, pris en flagrant délit télévisuel de chants insultants pour les Marseillais, se sont excusés par un communiqué diffusé sur leurs réseaux sociaux. Ce service minium du mea culpa est-il forcément la réponse que nous attendions de leur part ?
Le classico entre le PSG et l’OM, sur le plan sportif une victoire parisienne indiscutable, a été marqué par une grosse polémique autour des chants entonnés au Parc des Princes, notamment homophobes, contre les Phocéens. L’audience de ce match a suscité de nombreuses réactions pour dénoncer les insultes parties du virage Auteuil, mais pas seulement. L’émotion est remontée jusqu’au gouvernement. Le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, Olivier Klein, n’a pas caché son dégoût devant ces « insupportables chants homophobes » et son désir de saisir la justice. La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a renchéri : « Ces chants ont gâché la fête au Parc. Il est urgent de les éradiquer de nos stades. »
« Nous nous sommes laissés emporter par l’euphorie »
Mais l’affaire ne s’arrête pas cette fois à la question du comportement des tribunes. Dans le souci de renouer avec leur public, certains joueurs sont allés célébrer ce 4-0 impitoyable avec les ultras, reprenant avec eux des chants et des « classiques » des gradins parisiens. Seulement d’un coup, dans la bouche de Layvin Kurzawa, Achraf Hakimi, Ousmane Dembélé et Randal Kolo Muani, ces diatribes prirent une tout autre ampleur. Hier donc, après un nul bien moins glorieux à Clermont (0-0), les principaux incriminés se sont excusés sur les différentes plateformes, avec un texte commun dont on imagine que chaque mot a été pesé par des spécialistes de la com’ de crise. « Il y a une semaine, nous fêtions tous ensemble au Parc des Princes notre belle victoire dans le Classique. Après le match, nous nous sommes laissés emporter par l’euphorie. Nous sommes bien conscients de l’impact de nos gestes et de nos mots vis-à-vis du public, notamment des plus jeunes qui rêvent devant un match de foot. Nous regrettons sincèrement des paroles que nous n’aurions pas dû tenir et souhaitons présenter nos excuses. À l’avenir, nous ferons tout pour respecter plus encore notre devoir d’exemplarité. Nous vous attendons toujours aussi nombreux mercredi, à Newcastle. Allez Paris ! » Ces propos font écho au communiqué du PSG qui soulignait que le club « condamne toutes les formes de discrimination, notamment l’homophobie, et tient à rappeler qu’elles n’ont leur place ni dans les stades, ni dans la société. » Ce qui n’empêcha ensuite nullement, malgré cette belle envolée pétrie de valeurs progressistes, la sécurité du Parc de retirer violemment, lors de PSG-OL en D1 Arkema, la banderoles « #SeAcabo » des footballeuses militantes des Dégommeuses (club LGBTQI) en solidarité envers les joueuses espagnoles.
Tout pour la forme, rien pour le fond
Si personne ne va contester le bon sens des belles phrases postées par les joueurs du PSG, elles arrivent malgré tout sept jours après les événements. Un timing qui donne l’impression qu’il s’agit surtout d’une réaction un peu forcée due à l’importance de la polémique, et évidemment face aux pressions « extérieures », notamment de la part des institutions du foot. En effet, la commission de discipline de la LFP, selon son président Sébastien Deneux, « a été saisie par des rapports d’officiels, en l’occurrence les délégués, qui font état de chants à caractère homophobe et de propos de certains joueurs qui peuvent être qualifiables d’injurieux et grossiers, Sur cette base, on a décidé de convoquer les quatre joueurs concernés et le club pour la prochaine séance, le 5 octobre. »
Dans ce cadre, ces excuses s’apparentent plus à une tentative d’amadouer par avance l’instance disciplinaire pour éviter ou réduire d’éventuelles sanctions, par exemple une suspension pendant les prochaines rencontres de L1. Le sens global de ce petit texte renvoie surtout le problème à une quasi-faute professionnelle envers le club et son public, ce qui réduit la portée et la capacité à comprendre ce qui s’est passé. Ou comment rester bloqué sur la tonalité moralisatrice, l’exemplarité, pour ne pas s’attarder sur le fond, la lutte contre l’homophobie ou le sexisme dans le foot. Ce storytelling essaie d’éteindre l’incendie d’un bad buzz en posant une sorte de bonne conduite. Cette mode des excuses (on se souvient de Lionel Messi après son voyage en Arabie saoudite) ressemble un peu trop à un exercice de contrition afin de mieux passer à autre chose.
Par Nicolas Kssis-Martov