- Turquie – Süper Lig – Présentation de la saison
Championnat turc : le grand combat
La nouvelle saison de Süper Lig turque débute ce week-end et s'annonce particulièrement intéressante. Car derrière le double champion sortant Galatasaray et son meilleur ennemi Fenerbahçe, il y a de la densité comme jamais pour se disputer les places d'honneur. Revue de détails.
Le double tenant
Les Lions de Galatasaray ont beau avoir englouti les deux derniers titres en jeu, ils ont encore une méchante dalle. Et comptent bien se rassasier d’un nouveau trophée au printemps prochain. Favoris à leur propre succession, ils viennent déjà de dominer le grand rival Fenerbahçe en Supercoupe, au terme d’une lutte âpre conclue en prolongation d’un but de Drogba. Le vétéran ivoirien est l’attraction numéro un d’un groupe stable. Seul transfert à signaler : celui d’Aurélien Chedjou en provenance de Lille, tandis que les ex-prêtés Felipe Melo et Umut Bulut ont été définitivement transférés. Autres cadres déjà en poste la saison passée : le gardien Fernando Muslera, le défenseur Semih Kaya, le buteur Burak Yılmaz et bien sûr Wesley Sneijder. Si le résultat en Supercoupe et la victoire récente à l’Emirates Cup durant la préparation (en finale face à Arsenal, d’un doublé de Drogba) incitent à l’optimisme, il va quand même falloir que l’entraîneur Fatih Terim parvienne à ménager l’effectif le plus âgé du championnat (28,4 ans de moyenne) et qui vise aussi un bon parcours en C1.
Le rival n°1
Fenerbahçe s’est donc déjà fait taper par Galatasaray en Supercoupe dimanche soir dernier. Faut-il pour autant considérer Les Canaris comme moins forts que leurs grands rivaux ? Pas forcément, non. D’une part car le match a été particulièrement disputé et aurait pu tourner à leur avantage sans une expulsion à l’heure de jeu. Surtout car « Fener » a plus un profil d’équipe pouvant monter en puissance au fur et à mesure de la saison. Car 30 millions d’euros ont été dépensés sur le marché des transferts, avec des arrivées tardives de joueurs, notamment celle de sa recrue phare de l’attaque, Emmanuel Emenike, débarqué du Spartak. Même l’entraîneur a changé, Ersun Yanal remplaçant Aykut Kocaman. Les supporters vont donc peut-être devoir se montrer patients s’ils veulent voir un vrai collectif bien en place. En attendant, on peut spéculer en imaginant que les individualités de l’effectif mises bout à bout peuvent former une équipe sacrément compétitive, avec notamment la présence du gardien de la sélection Volkan Demirel dans les buts, les recrues Bruno Alves et Michal Kadlec en défense, Mehmet Topal, Raul Meireles, Christian dans l’entrejeu, Pierre Webo, Moussa Sow, Dirk Kuyt ou encore Emmanuel Emenike devant… De quoi espérer mieux que la deuxième place finale à 10 points de la tête obtenue au printemps dernier.
Le troisième larron
La principale actualité de Beşiktaş à l’intersaison, c’est l’arrivée de Slaven Bilić au poste d’entraîneur. L’ex-sélectionneur rockeur de la Croatie jouit encore d’une belle cote, même s’il a bien merdé son retour sur le banc d’une équipe. C’était la saison dernière en Russie, à la tête d’un piteux Lokomotiv Moscou qui a terminé loin des meilleurs, à une médiocre 9e place. Bilić a fait les frais de cette contre-performance et Beşiktaş lui offre une chance de se refaire. La mission est intéressante mais compliquée, puisqu’il dispose a priori d’un effectif moins costaud que les deux concurrents d’Istanbul. Le recrutement a été plus turcophone que par le passé, mais il reste quand même dans le groupe les deux Portugais Manuel Fernandes et Hugo Almeida en héritage de la stratégie qui avait été choisie les saisons précédentes. Les matchs de préparation n’ont en tout cas pas été convaincants et le choc prévu d’entrée dimanche soir face à Trabzonspor s’annonce déjà comme un premier gros test.
Les outsiders habituels
Trabzonspor justement, parlons-en. Le champion 2011 sort d’une saison décevante, avec une 9e place finale, seulement sauvée par une finale en Coupe de Turquie (et une qualification européenne, le vainqueur Fenerbahçe allant en C1 par le biais du championnat). Toujours pas remis du départ de son buteur Burak Yılmaz à Galatasaray il y a un an, Trabzonspor a en plus perdu cet été Halil Altıntop, parti en Allemagne. Heureusement, les tours préliminaires de C3 sont prometteurs, avec le duo d’attaque constitué de Paulo Henrique et d’Adrian Mierzejewski en soutien. Niveau recrues, les deux anciens de Chelsea José Bosingwa et Florent Malouda ont débarqué, mais dans quel état de forme ? Mystère… Autre outsider habitué aux places d’honneur (et champion 2010 tout de même) : Bursaspor, avec un recrutement qui nous parle, ici en France. Le gardien Sébastien Frey a quitté l’Italie, 15 ans après son arrivée, pour un dernier challenge sportif en Turquie. Devant lui en défense, Renato Civelli et Taye Taiwo se retrouvent sous le même maillot, comme au bon vieux temps de l’OM. Par contre le début de saison est catastrophique, avec une élimination honteuse de la C3 par les Serbes de Vojvodina. Dans la foulée, l’entraîneur Hikmet Karaman a d’ailleurs été viré et remplacé par l’Allemand Christoph Daum.
Les poils à gratter
Cinq équipes sont à ranger dans cette catégorie. Première d’entre elle, Eskişehirspor, adversaire de l’OM en C3 l’été dernier, qui va néanmoins devoir composer avec la perte tardive de son entraîneur Ersun Yanal, promu à Fenerbahçe. Autre équipe poil à gratter : Kayserispor, coachée par Robert Prosinečki s’il vous plaît. On ignore si son duo d’attaque sera performant, mais en tout cas il est rigolo : Bobô et Jaja. Deux Brésiliens, vous l’aurez deviné. Kasımpaşa devrait aussi avoir son rôle à jouer en Süper Lig, avec son recrutement clinquant : les Néerlandais Ryan Babel et Ryan Donk, le gardien suédois Andreas Isakson, l’Argentin Ezequiel Scarione, 21 buts avec Saint-Gall en Suisse la saison dernière, et le Syrien Malki Sanharib, 17 buts avec Roda JC en Eredivise la saison dernière. Comme en plus Kalu Uche (19 buts la saison dernière) est resté, ça fait une sacrée force de frappe. Celle d’Antalyaspor aussi est pas mal sur le papier, avec le duo d’attaque constitué de Lamine Diarra, le globe-trotter sénégalais, et de Milan Baroš, de retour en Turquie après s’être relancé chez lui en République tchèque. Enfin, on observera attentivement les performances de Sivasspor, qui a engagé comme entraîneur un certain Roberto Carlos… Sa recrue phare de l’intersaison est également connue, puisqu’il s’agit de John Utaka.
Et les autres…
Gaziantepspor, Gençlerbirliği, Karabükspor, Elazığspor, Kayseri Erciyesspor, Çaykur Rizespor, Konyaspor, Akhisar Belediyespor : pour ces huit équipes, le maintien en élite sera le premier objectif de la saison à valider, avant d’essayer pourquoi pas de viser mieux. Parmi elles, le meilleur potentiel se trouve certainement du côté de Gençlerbirliği Ankara, qui compte quelques bons joueurs étrangers : l’attaquant roumain Bogdan Stancu, le milieu international serbe Radosav Petrovic, son compatriote de la défense Dusko Tosic et la recrue ivoirienne Jean-Jacques Gosso. De son côté, Karabükspor mise sur une charnière française en défense, composée de Larry Mabiala et de Sébastien Puygrenier.
Par Régis Delanoë