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C’était Olof Mellberg

Par Markus Kaufmann
C’était Olof Mellberg

Olof Mellberg annonce sa retraite, et le football suédois tourne une page de son histoire. Celle des vingt dernières années. Un communiqué de presse surprise au tout début du mois d'août, celui de la reprise, et c'est fini. Un excellent jeu aérien, une relance correcte, une barbe fantastique, mais surtout un personnage, de la Premier League à la Juve, d'Olympiakos à Villarreal. Un nom qui respire la force et le courage, une dégaine de viking qui suffisait pour faire déplacer des milliers de Suédois à chaque compétition internationale. Olof Mellberg n'aura jamais été un très grand joueur, mais le football dit au revoir à un vrai bonhomme.

Nous sommes en mai 2008, et une nouvelle saison sans titre se termine pour le club d’Aston Villa. Après sept années de loyauté et de duels gagnés, Olof Mellberg joue son dernier match pour les Villans. La scène a lieu à Upton Park, l’antre de West Ham. Ils sont environ 3200 supporters de Villa à avoir fait le déplacement. Et un steward les attend avec, pour chacun, un maillot officiel que Mellberg a payé de sa poche. Un geste qui en dit long sur une carrière bien remplie. Après quelques mois en Allsvenskan, sous les couleurs fortes de l’AIK, Mellberg est déjà champion à la maison. À 20 ans, direction la Liga et le Racing Santander. Trois ans d’apprentissage, de travail sur la relance, et de passes appuyées. Même s’il est dans le Nord de l’Espagne, Mellberg force son football. Alors, un an après l’Euro, à 23 ans, Olof revient sur un chemin plus naturel : en route pour la Premier League, ses coups de tête, ses duels, ses pluies, ses ballons suspendus dans le ciel, ses rebonds. Le football que la Suède aime. À Birmingham, pour Aston Villa.

Élu meilleur joueur de la saison par ses supporters à de nombreuses reprises, Mellberg gagne le privilège de porter le brassard au bout de deux saisons. En 2003, il remporte le Guldbollen, trophée récompensant le meilleur joueur suédois de la saison. Mais alors que Mellberg s’impose comme une valeur sûre en Premier League et en sélection, en défenseur central ou en arrière droit, Aston Villa ne décolle pas. À 30 ans, avec déjà un statut de vétéran, le Swede fait ses valises et accomplit son destin de Viking : il voyage. La Juventus de Ranieri d’abord, où il totalisera 31 titularisations, mais partira avec une réputation de forgeron. Puis la gloire avec l’Olympiakos, trois saisons durant lesquelles il aura tout fait pour s’approcher du statut de dieu grec. Un détour par l’Espagne, ensuite, pour faire remonter Villarreal en première division, et se donner une bonne dose de frissons. Et enfin Copenhague, pour la Ligue des champions. Et pour marquer un but contre la Juve, le seul endroit où il n’aura pas convaincu ses supporters. Sans le célébrer, évidemment.

« Le meilleur défenseur suédois de tous les temps » ?

Zlatan est au stylo, après l’annonce de la retraite du barbu : « C’est le meilleur défenseur suédois de tous les temps. » Ibra oublie Patrick Andersson – qui a gagné la Ligue des champions, lui – et fait la promotion de son meilleur pote en sélection. Avec Daniel Majstorović (l’homme qui se fait les croisés sans broncher) et Christian Wilhelmsson, les quatre formaient un « gang » . Un groupe qui aura été suspendu de sélection en septembre 2006, pour un couvre-feu non respecté. Et un groupe qui n’existe plus. Si Zlatan semble si triste, c’est parce qu’une page se tourne. En Suède, il y a la finale de 1958 et le rêve gâché par Pelé, il y a l’épopée américaine de 1994, et puis il y a l’époque Mellberg. Quatre Euros et deux Coupes du monde. 2000, 2002, 2004, 2006, 2008, 2012. Les attaquants auront changé, d’Henrik Larsson à Zlatan Ibrahimović en passant par Ljungberg, Allbäck ou Elmander, mais l’arrière-garde n’aura jamais bougé. Avec le numéro 3, Mellberg aura été le symbole de cette sélection suédoise des espoirs non rendus. En 2006, c’est Teddy Lučić qui craque et fait couler le drakkar contre l’Allemagne en huitièmes de finale. En 2008, c’est Hansson qui plie face à David Villa. Zlatan aura certainement pensé qu’il aurait fallu produire un deuxième Olof.

La dure loi du défenseur central

Mais alors, pourquoi Mellberg n’a-t-il pas gagné la Premier League alors qu’un type comme Joleon Lescott est double champion ? En Espagne, certaines rumeurs l’avaient envoyé à Valence, époque Benítez. Après le Racing, Chelsea et Arsenal avaient aussi tenté leur chance. Alors, Mellberg aura toujours privilégié le temps de jeu, et d’ailleurs il aura toujours joué (plus de 500 matchs en club, pour 117 sélections). Il aura aussi gagné quelques titres, du championnat suédois au championnat grec. Et il aura été acclamé presque partout où il est allé. Une carrière qui fait penser à celle d’Henrik Larsson, sans la période Barça et les deux passes décisives en finale de Ligue de Champions, c’est-à-dire à la fois peu et beaucoup. En toute logique, Mellberg aurait dû – aurait pu – servir un Manchester United durant quelques saisons, le temps de donner un peu plus de prestige à un nom déjà bien chargé, et de vivre de plus grands défis. Mais la profession de défenseur central ne répond qu’à ses propres logiques.

Pour certains, il faut seulement « que cela tienne » . Certains clubs cherchent des types pour « faire le boulot » , les meilleurs ne jouent pas dans les clubs les plus prestigieux – il n’y a qu’à voir la défense du Milan depuis le départ de Nesta et Thiago Silva – et le manque de highlights et de statistiques fait préjudice au poste qui reste peut-être pourtant le plus noble du jeu, avec celui de gardien de but. C’est la nature même d’une position où tu es bon si l’on ne te voit pas trop : tu n’as pas toujours la carrière que tu mérites. Certains défenseurs hors normes marquent le football par leur élégance ou leur conduite de balle, de Maldini à Zanetti, mais les autres laissent souvent plus de traces par leur état d’esprit, leur look ou leurs erreurs. Pepe est un défenseur extraordinaire, mais il survivra dans les mémoires pour certaines actions malheureuses. En exagérant, on peut dire que Ramos a convaincu le monde entier une fois qu’il s’est coupé les cheveux. Ainsi, le plus souvent, les plus grands défenseurs centraux s’imposent surtout par leur leadership extraordinaire, peu importe l’inévitable répétition des erreurs. Ce sont des Vidić, des Terry, des Puyol. Et en termes d’état d’esprit, Mellberg était un grand champion, mais s’il n’a jamais eu les attaquants pour lui faire gagner les plus beaux titres.

Ragnar Lodbrok ou Stefan Edberg ?

À part Ronaldo, Zlatan Ibrahimović n’avait d’ailleurs jamais montré autant de respect pour un autre joueur : « Olof était la personne qui me mettait au défi. C’est lui qui me poussait à vouloir faire plus sur un terrain. Il avait une mentalité de gagnant différente des autres. » Hier, le quotidien suédois Aftonbladet décrit ainsi le personnage : « Jouer au foot ne l’intéressait pas, c’était le fait de gagner des matchs de foot qui l’intéressait. » Le joueur lui-même admettait en 2003 : « Je n’ai quasiment pas joué au football jusqu’à l’âge de 14-15 ans. » En fait, ce n’était pas son premier amour. À l’époque, Mellberg était un apprenti tennisman. D’ailleurs, il ne fait aucun doute que cette barbe aurait dû finir sur le central de Wimbledon. En tant que tennisman, Olof est arrivé au football en connaissant le poids des mots « victoire » et « défaite » . Au tennis, il n’y a pas de gris, pas de match nul, pas de débat sur le mérite. Tu gagnes et tu vis jusqu’au prochain tour. Tu perds et tu meurs pour toujours. Une mentalité qui aura profondément séduit l’insatiable Ibra.

La Suède aurait voulu qu’il revienne, pour le championnat, pour les gens, pour l’AIK. Patrick Andersson était revenu à Malmö, lui. Mais pas Mellberg. À l’image d’Andrea Barzagli, autre défenseur central barbu qui avait affirmé la saison dernière qu’ « en tant que défenseur, je ne m’amuse jamais » , Mellberg justifia ainsi son non-retour, de manière sérieuse et sincère : « Je reconnais que je ne suis pas le genre de type à continuer à jouer simplement parce que c’est super sympa. Je suis plus à l’aise quand il y a des nerfs et de la pression. Ce sont les grands matchs qui me donnent envie. En étant précis et grave, je dirais que pour moi le football n’est pas un jeu. » C’est bien plus que ça, comme le disait Bill Shankly.

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Par Markus Kaufmann

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