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- Russie-France (1-3)
C’était le Pogmatch
En difficulté durant une grande partie de la première mi-temps, Paul Pogba a terminé la rencontre en Russie avec une passe décisive et un but, une première pour lui. Tout simplement parce que quoi qu'il arrive, la Pioche est indispensable aux Bleus.
Le match vient à peine de reprendre. Juste avant la pause, les Bleus ont fait le plus dur en ouvrant le score grâce à Kylian Mbappé, alors que les hommes de Didier Deschamps étaient en grande difficulté. Maintenant, il faut enfoncer le clou pour de bon. On joue la 49e minute, et Paul Pogba a un coup franc plein axe à négocier. Il n’a laissé à personne l’occasion de le tirer à sa place. Il s’élance, frappe et peut admirer le ballon atterrir au fond des filets. Un but particulier, puisqu’il lui permet de sortir un T-shirt « Bon anniversaire Papa » – décédé en 2017, mais qui aurait eu 80 ans aujourd’hui – pour célébrer son but. Il tombe à genoux et pointe le ciel de ses deux index. Au-delà du joli hommage que ce pion lui permet de rendre, Paul Pogba montre une chose que bon nombre de spectateurs commencent à remettre en cause : le milieu de terrain de Manchester United est indispensable à l’équipe de France, quoi qu’on en dise.
Toujours décrié
En mars 2013, Paul Pogba a à peine 20 ans lorsqu’il glane sa première sélection tricolore. En quelques mois, il s’impose très rapidement comme un titulaire indiscutable pour la Coupe du monde au Brésil. Au sein d’une équipe dont on attendait le strict minimum, il sort un énorme Mondial avec un but, deux passes décisives, et le titre de meilleur jeune du tournoi. Paul Pogba est alors le petit prodige de l’équipe de France, celui qui est censé ramener les Bleus au sommet. Cette compétition pleine de promesses, suivie d’une finale de Ligue des champions avec la Juventus et un nouveau statut de joueur le plus cher de l’histoire lors de son transfert à Manchester United, lui donne alors ce nouveau rôle en sélection. Un rôle qui s’accompagne de pas mal de contraintes, puisque la Pioche n’a absolument plus le droit à l’erreur. Il doit être le leader de cette équipe, épaulé par un Antoine Griezmann porté par son Euro 2016 de folie.
Sauf que depuis l’Euro 2016 – où il a déjà commencé à essuyer quelques critiques –, Pogba n’est pas aussi étincelant sous le maillot bleu qu’à ses débuts. Pas mauvais, mais rarement brillant, il se contente souvent de prestations correctes. Sans plus. Suffisant pour se faire taper dessus à la moindre occasion, jusqu’à ce que son statut d’indéboulonnable soit remis en cause. Si l’on est en droit d’attendre plus de lui, il faut aussi comprendre que la France ne peut pas se passer de lui. Même lorsqu’il n’est pas incroyable. Mieux vaut un mauvais Pogba en équipe de France que pas de Pogba du tout. Tout simplement parce qu’il est le seul à pouvoir évoluer dans son registre, et donne un semblant de liant à cette équipe. Il semble le seul capable d’alimenter les feux follets de devant. Ce mardi soir contre la Russie, c’est lui qui lâche une ouverture de dingue pour Kanté sur la première occasion de Mbappé, et c’est encore lui qui sert le Parisien en profondeur pour l’ouverture du score.
Et pourtant indispensable
Agaçant aux yeux d’une partie du public pour son côté « instagrameur bling-bling » , sa Pog-série sur Canal+ dans sa Pog-House et ses facéties capillaires, Pogba traverse une période difficile. Car son attitude semble déplaire à l’homme le plus important de sa saison : José Mourinho. En froid avec l’entraîneur portugais à Manchester United, qui n’hésite pas à le mettre sur le banc au profit du jeune Scott McTominay, la Pioche doit absolument reprendre confiance avant le Mondial en Russie. Et c’est à Didier Deschamps et au staff tricolore de le mettre dans les meilleures conditions. Car une chose est sûre : la France ne pourra pas aller loin, et encore moins au bout, sans un Paul Pogba au sommet de son art.
Par Kevin Charnay