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C’était le Ballon d’or de Zidane

Par Eric Carpentier
C’était le Ballon d’or de Zidane

Griezmann, Mbappé, Varane... En attendant une hypothétique issue pro-française ce lundi 3 décembre, le dernier Ballon d’or français reste Zidane. C'était il y a vingt ans. Pourquoi, déjà ?

« Vous êtes un des plus grands Ballon d’or de toute l’histoire de France Football » : 22 décembre 1998, Gérard Ernault ne bégaie pas au moment de rendre hommage à un Zinédine Zidane à l’auréole naissante. Il y aurait pourtant de quoi : face au directeur de la rédaction de l’hebdomadaire se tiennent pas moins de cinq trophées passés. Un pour Raymond Kopa (1958), trois pour Michel Platini (1983, 1984, 1985), un pour Jean-Pierre Papin (1991).

Les trois anciens sont présents afin de saluer leur successeur et ses treize kilos de laiton et pyrite dorés à l’or fin entre les mains. Imaginaient-ils qu’il resterait pendant vingt ans – au moins – le dernier Français à être honoré ? Peut-être pas. Ce qui ne fait aucun doute en revanche, c’est que l’homme « ému, un peu » mérite alors les applaudissements de Véronique, du fiston – Enzo, trois ans – et de toute la salle. On parle quand même du double coup de boule le plus décisif de l’année ! Et à part ça ?

Jouer pour gagner

Douze mois, 63 matchs toutes compétitions confondues (48 avec la Juve, quinze en Bleu), treize buts (sept et cinq), neuf passes décisives (six et trois) : voilà, les (maigres) chiffres sont posés, on peut les oublier. Car Zidane ne se réduit pas à des statistiques d’efficacité par minute jouée. Mais comme le précieux ballon doré n’est pas non plus le veau d’un pastoralisme élevé dans le culte de l’élégance inutile, jetons aussi un œil au palmarès du double Z cette année-là : Scudetto en Italie, Coupe du monde à Paris. Puis les accessits : demi-finale de Coppa, finale de Ligue des champions, Supercoppa perdue (face au bourreau en Coppa quelques mois plus tôt, la Lazio). Un championnat et un Mondial, donc. D’autres ont été ignorés pour mieux que ça. Mais puisqu’il a été plébiscité au Ballon d’or, c’est que Zizou a forcément été indispensable à ses équipes, elles-mêmes au-dessus du lot. Non ?

Si l’on oublie que la Juve n’a été championne qu’à deux journées de la fin, oui. Si l’on omet le coup de sifflet qui aurait dû sanctionner Iuliano pour offrir un penalty à l’Inter et Ronaldo lors du choc de la 31e journée, aussi. Si l’on écarte, en Ligue des champions, une qualification en tant que second meilleur deuxième grâce à un égalisation de l’Olympiakos contre Rosenborg à deux minutes de la fin des matchs de poules, encore. Il faudrait également effacer des tablettes le but en or de Lolo et le mystère du doublé de Tutu, pour ne citer qu’eux. Non, la réalité est bien la suivante : les équipes menées par Zidane n’ont pas, en 1998, été impériales. Mais backées par Deschamps, elles avaient une dalle suffisante pour passer juste à côté d’un triplé monstrueux, à un double contact involontaire de Torricelli exploité par Mijatović près. Si le Real prend les grandes oreilles, « en Italie, j’ai appris la gagne  » peut affirmer Zinédine Yazid Zidane. À 26 ans, il est en tout cas tout en haut du classement France Football.

Pour le symbole, pour la beauté, pour l’éternité

De là à affirmer qu’il est au top des individualités composant ses équipes, il y a encore un pas. À Turin, Del Piero est au sommet de son art – numéro 10 et vrai leader offensif de la Juve –, Inzaghi enchaîne les buts comme un peintre de la Renaissance les tableaux de la Madone, Davids et la Dèche sont les clefs de voûte de l’édifice dessiné par Marcello Lippi. Chez les Bleus, Zidane met énormément de temps avant de faire de la Coupe du monde sa chose. Six matchs avant la finale, en fait, dont deux passés en tribunes après avoir confondu le Saoudien Amin avec un paillasson Welcome. Mais voilà, Zidane en 1998, c’est autre chose. C’est un toucher de balle autant qu’un art du timing, et pas seulement sur les corners bottés par Emmanuel Petit et Youri Djorkaeff.

Absent de la double confrontation perdue en Coppa face à la Lazio, ultra décisif en Ligue des champions (hormis la phase de poules jouée en 1997 : triplé de passes décisives en quarts retour à Kiev – là où il réalisera son triplé de C1, vingt ans plus tard –, but et penalty provoqué en demie aller contre Monaco et en prime time sur TF1), Zidane sait se montrer indispensable lors des grands rendez-vous – sa finale manquée ne sera qu’un pas vers une volée de légende, quatre ans plus tard. Et puis, il y a quatre buts avec les Bleus pour tout résumer. Le premier pour inaugurer l’histoire du Stade de France, face à l’Espagne le 28 janvier. Le second pour donner du plaisir tout en toucher, à Marseille contre la Norvège un mois plus tard. Le doublé de l’été au cœur d’une prestation magistrale, enfin. Pour l’éternité. Pour le profil sur l’Arc de Triomphe. Pour le nom gravé à la suite de ceux de Kopa, Platini et Papin. Comme quoi, un Ballon d’or, ça tient à peu de choses.

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Des audiences toujours timides pour les Bleus face à la Belgique
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