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C’était l’Atlético avant Diego Simeone

Par Markus Kaufmann, à Buenos Aires // Tous propos recueillis par MK et Paul Piquard à l'occasion du portrait de Lamela à lire dans le So Foot JUNIOR n°8
6 minutes
C’était l’Atlético avant Diego Simeone

Depuis que Diego Simeone a enfilé cet ensemble noir d'entraîneur de l'Atlético, la négativité de la charge émotionnelle subie durant des années d'errements derrière les deux grands d'Espagne a disparu. El Cholo a tout simplement remporté tous les titres imaginables, ou presque : Liga, Coupe du Roi, Supercoupe d'Espagne, Ligue Europa, Supercoupe d'Europe, finaliste de Ligue des champions. Avant un possible trophée d'entraîneur de l'année 2014, il est temps de se rendre compte du chemin parcouru par l'Argentin. En décembre 2011, cette négativité atteignait des sommets. Retour sur ce qu'était l'Atlético avant D.S.

L’été 2011 est une épreuve pour l’Atlético Madrid. Sur les chaudes plages d’Espagne, peuplées de maillots du Real et du Barça, ces vulgaires machines à gagner, le Colchonero subit adieux certains et arrivées sans garanties. C’est le départ de la colonne vertébrale du champion d’Europe 2010 : l’entraîneur Quique Sánchez Flores, d’abord, et puis les stars. D’une part, Sergio Agüero et David de Gea s’envolent pour Manchester contre près de 70 millions d’euros. D’autre part, Diego Forlán est invité par l’Inter pour une dernière aventure au haut niveau, tandis que Tomas Ujfalusi part jouer les guerriers byzantins pour Galatasaray. Après tout, cette équipe n’est qu’un septième de Liga. En clair, les plages bétonnées parlent dans un premier temps de redimensionnement. Évidemment, le « plus petit des plus grands » ne peut se permettre de gaspiller 30 millions d’euros sur un Fábio Coentrão, et n’a pas non plus de quoi accueillir Cesc Fàbregas et Alexis Sánchez.

Triste prologue contre Osasuna

Mais l’Atlético a des ressources. Comme si le Vicente-Calderón ne pouvait se nourrir que de héros, la direction colchonera trouve des arguments et apporte de l’enthousiasme. Certes, Falcao n’a pas encore détruit Chelsea. Diego est un revanchard. Adrián López n’est qu’un espoir à 8 buts dans un Deportivo relégable. Gabi est un surdoué de la maison qui revient bredouille de sa chasse à la gloire. Miranda et Courtois ne sont pas des références. Et Arda Turan n’est qu’un joueur youtubesque. Beaucoup de noms et d’envies, mais autant de doutes. Surtout, le choix du technicien Gregorio Manzano est discuté près du Manzanares. Si l’ex de Séville et Majorque, entre autres, n’avait pas réussi sa mission madrilène en 2003, pourquoi réussirait-il maintenant ? Après une première journée suspendue pour cause de grève, le premier match de la saison est lancé le 28 août 2011 : Atlético-Osasuna. Ce dimanche midi, plus de 48 000 Colchoneros se rendent au Vicente-Calderón malgré la crise, l’horaire destiné au marché asiatique et les adieux douloureux.

Sous les 30 degrés madrilènes, le peuple colchonero vit un match à l’image de sa triste histoire des années 1990 et 2000 : un jeu pauvre, de la malchance, une bonne dose de lose et ces foutus doutes existentiels. Alors que Thibaut Courtois sort déjà un match énorme, un problème typiquement colchonero surgit : que faire de l’ambitieux Sergio Asenjo, déjà prêté un an plus tôt à Málaga ? Diego Godín et Miranda sont sur le banc. Au milieu, Gabi, Tiago et Mario Suárez se font experts en gestion stérile du ballon. Et devant, sans Falcao, seul le charisme du pied gauche de José Antonio Reyes mène les débats. Finalement, l’Atléti touche deux poteaux, se fait refuser un penalty évident et voit Andrés, le gardien remplaçant d’Osasuna, réaliser un arrêt miracle sur sa ligne à la 92e minute. Évidemment. Les supporters colchoneros repartent avec une impression amère devenue habituelle : face à l’Atlético, les anonymes deviennent héroïques, tandis qu’à l’Atlético, les héros deviennent anonymes. En sortant du stade, un responsable du Frente Atlético parle d’Arda Turan, entré en jeu une demi-heure : « Sur YouTube, il a l’air bon, mais on verra s’il lui arrive la même chose qu’à tous les autres quand ils viennent jouer pour nous… » Pourtant, ce 0-0 n’est qu’un prologue, et le pire est à venir.

« Tout n’est pas de la faute de Falcao »

De septembre à décembre, cet Atlético s’incline 4-1 contre le Real, 5-0 contre le Barça et même 3-0 contre l’Athletic Bilbao de Marcelo Bielsa, le 27 octobre à San Mamés. Cet Atlético est non seulement triste, il est aussi énervé. Et ce soir-là, Marca frappe fort : « Un Atléti sans défense : Godín et Miranda auront été deux blagues ce soir. Et sans attaque : l’équipe de Manzano n’a pas marqué un but à l’extérieur de tout le championnat. Cela fait froid dans le dos. Tout n’est pas de la faute de Falcao. » Oui, Falcao est régulièrement sifflé par son public pour quelques contrôles ratés. Diego, Arda Turan et Reyes, les trois créateurs du 4-2-3-1 de Manzano, sont tous remplacés au cours de la seconde période à Bilbao, comme le symbole d’une équipe qui n’arrive pas à s’exprimer. José Antonio Reyes, le seul héros du moment, sort furieux : « Que cambie a su puta madre. Me cago en su puta madre » . Triste, irritable et même pathétique, l’Atlético coule alors à dix points en dix journées, pour une douzième place entre Osasuna et Majorque. Au début de l’hiver, seule la bonne campagne européenne du club sauve la pomme de Manzano.

Mais le 21 décembre 2011, après trois défaites consécutives, l’Atlético a rendez-vous avec son public pour remonter un résultat défavorable (2-1) en seizième de finale de Coupe du Roi contre Albacete, alors en deuxième division. À la 14e seconde, le nouvel anonyme Victor Curto n’est pas attaqué à l’entrée de la surface : 0-1. Ce soir-là, le Vicente-Calderón sonne amèrement creux. 15 000 spectateurs, sur les 55 000 places : l’enthousiasme a laissé place à la résignation. En 90 minutes, ni Falcao ni Ardan Turan n’arrivent à renverser le score face à une équipe pourtant modeste. Les joueurs ont abandonné, Manzano est seul. « Une tragicomédie de 20 secondes » , écrit El Pais. Aux alentours du stade, des centaines de Colchoneros – les autres indignés de l’année 2011 – manifestent pour du changement. Le lendemain, Gregorio Manzano est remercié et l’Espagne se demande comment l’Atlético a pu à nouveau tomber si bas, malgré la victoire en Ligue Europa un an et demi plus tôt. Le 23 décembre, pour Noël, Diego Simeone accepte de revenir en Europe sur son traîneau.

Diego Simeone, prophète

Deux mois plus tard, le Vicente-Calderón livre une bataille fantastique face au Barça, et tombe seulement sous un coup franc vicieux de Leo Messi. L’équipe est transformée, Juanfran joue latéral droit, Diego retrouve sa plus belle forme, Gabi et Tiago deviennent injouables, et Falcao et Adrian ne s’arrêtent plus de marquer. En mai, lorsque l’Athletic Bilbao de Bielsa affronte l’Atlético en finale de Ligue Europa, ce n’est ni la même équipe, ni le même club. Simeone, « celui qui ne supporte pas la défaite, pour qui ça fait mal, mais vraiment mal » d’après Bielsa, a tout changé. Les joueurs, la mentalité, le club, l’habitude de gagner, l’amour-propre. Depuis, le technicien en est à 65% de victoires (113 matchs gagnés sur 175). L’Argentin a entraîné ses joueurs pour en faire des cracks, a créé un groupe confiant, et a même redonné de l’amour à un club qui en avait terriblement besoin. Pour l’Atlético, Simeone a fait le professeur, le psychologue et même l’amant. Ce genre d’amant qui transforme sa bien-aimée pour toujours.

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