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C’est vraiment important, une Supercoupe ?
Arsenal, Dortmund et Paris l'ont déjà remportée. Ce soir, à 23 heures, c'est à l'Atlético et au Real de ferrailler pour se l'octroyer. En attendant la Juve et le Napoli en décembre prochain. Mais au fait, ça fait quoi de jouer une Supercoupe ?
« L’équipe n’était pas prête. Aujourd’hui, on ne voulait pas mettre la pression sur les joueurs. Il s’agissait d’un match de pré saison de plus. » Aujourd’hui, c’est le 10 août dernier. Manuel Pelegrini vient de perdre 3-0 contre un concurrent direct, dans le Community Shield, mais il ne semble pas plus affecté que ça. Si Arsenal n’a pas vraiment de quoi faire peur à Manchester City au vu de ses dernières saisons, une petite victoire aurait tout de même été la bienvenue. Oui mais voilà, on évalue autant l’importance d’un titre à la joie qu’il procure qu’à la tristesse qu’il inflige. Pour ce Community Shield, Manuel a le mérite d’être clair. Et bien que victorieux, ce n’est pas Arsène Wenger qui viendra le contredire : « Deux choses étaient importantes aujourd’hui : remporter un trophée, même si ce n’est pas un titre majeur, et bien jouer. Et je suis très content parce que nous avons pratiqué un très beau football. » Cool, mais sans plus donc.
« Ça donnait le ton de la saison »
Cependant, pas question de jouer ce match en tongs, quinze jours après être rentré de vacances. Avec Arsenal, Pascal Cygan en a remporté deux, des Community Shield. En 2002, il était sur le banc face à Liverpool, mais deux ans plus tard, c’est aux côtés de Kolo Touré, titulaire en défense centrale, qu’il affronte Manchester United : « Pour nous cela avait autant d’importance que pour un autre titre, assure l’actuel entraîneur de Wasquehal. Il y a un protocole, une cérémonie, c’est pareil. Ce sont surtout les médias qui s’y intéressent davantage depuis quelques années. Un footballeur, il veut de l’argent, de la gloire et un palmarès. Là, en un match on avait les trois à la fois, car on gagnait une prime et cela nous faisait une ligne de plus au palmarès. Même des joueurs comme Thierry Henry ou Patrick Vieira qui avaient déjà presque tout gagné, ils étaient à fond, alors imaginez, moi qui n’étais pas souvent titulaire. » On imagine, oui.
Pour cause, en 2004, Cygan était au marquage de David Bellion, titulaire avec United pour ce match remporté 3-1 par les Gunners. Au-delà du trophée c’était avant tout une question de rivalité ce jour-là : « Vu la mentalité de Sir Alex, tous les matchs étaient importants. C’était un match de prestige à gagner et une question de fierté. On était déçus d’avoir perdu, car c’était un peu les youngmens de United contre ceux d’Arsenal. C’était d’ailleurs le premier match de Fàbregas à Arsenal, mais on avait pris notre revanche en quart de finale de Carling Cup » , se remémore l’ancien Red Devil aujourd’hui au Red Star. « Pour Arsène Wenger, c’était très important, ça enclenchait la saison, il fallait gagner » , indique simplement Pascal Cygan. Même son de cloche pour Olivier Dacourt, une Supercoupe d’Italie à son actif remportée en 2006 à l’Inter Milan sous les ordres de Roberto Mancini. « C’est une affiche car on rencontre souvent un gros club. C’est le premier trophée, c’est important, à l’Inter c’était un objectif car ça donnait le ton de la saison. »
« On ne finit pas bourrés à quatre pattes »
Ajouter un trophée sur l’étagère du club, emmagasiner de la confiance, marquer les esprits, ok. Mais pas au point de défiler en ville sur un bus à impériale : « On est contents, mais on passe vite à autre chose » , se souvient sobrement Olivier Dacourt. Une célébration tout en pudeur que confirme Cygan : « Au niveau de la célébration, ce n’est pas comme une Premier League ou une Cup qui arrivent en fin de saison et où on finit bourrés à quatre pattes. Là, le Community Shield lance la saison, donc on ne va pas ruiner la préparation en allant en discothèque. » Compréhensible, en effet. Les Guingampais eux, ont pu faire du tourisme grâce au Trophée des champions. Montréal en 2009, Shanghai cet été, la LFP fait office de belle agence de voyage pour cette équipe de coupe. À chaque fois, malheureusement, leur périple n’est pas vraiment couronné de succès. Défaite 2-0 en 2009 contre Bordeaux, idem cette année contre Paris. Mais pas de quoi ruiner le moral avant la reprise de la Ligue 1 : « La logique a été respectée, donc ça aide à faire avaler la déception, assure le Guingampais Thibault Giresse. Et puis si on se maintient en fin de saison, on ne se souviendra pas forcément qu’on a perdu le Trophée des champions. » Vrai. Sauf que parfois, au-delà des grosses affiches, la Supercoupe peut aussi offrir un joli derby.
Derby > Supercoupe
C’est justement le cas ce soir. Le Real Madrid affronte l’Atlético. Selon Gabi, capitaine des Matelassiers, « la Ligue des champions, c’est du passé et c’est le Real qui l’a emportée. Ce n’est pas une revanche, c’est l’opportunité de continuer à grandir et d’obtenir un titre. » On peut le croire. Mais on peut aussi entendre Diego Simeone : « Nous avons dépensé 95 millions d’euros pour acheter 7-8 joueurs. Le Real Madrid a dépensé 95 millions d’euros pour acheter deux joueurs. » Une petite pique pour titiller les rivaux. Ce soir, le derby prête à la Supercoupe ce qui lui manque parfois pour être un vrai trophée : la fierté.
Antoine Beneytou et Boris Teillet