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C’est un beau Romans-sur-Isère, c’est une belle histoire

Par Antoine Donnarieix
C’est un beau Romans-sur-Isère, c’est une belle histoire

Embarquée dans une récente médiatisation peu à son avantage, la ville de Romans-sur-Isère possède des richesses aussi culinaires que sportives. Ses principaux atouts ? Ses ravioles, sa pogne, son club de rugby pensionnaire de pro D2, mais aussi la Persévérante Sportive Romanaise, solidaire comme jamais et prête à sortir renforcée d’une dernière décennie faite de joies et peines.

En pleine période de confinement liée au Covid-19, il fallait qu’une attaque au couteau d’un immigré soudanais demandeur d’asile vienne perturber le quotidien de Romans-sur-Isère. À vrai dire, ce n’est franchement pas la publicité dont ce chef-lieu de canton avait besoin. Qualifiée de ville ouverte, Romans accueille depuis la fin du XIXe siècle des repris de justice parfois contraints de s’installer sur place, le tout sous surveillance policière. De plus, une étude de 2018 rapporte que sur les 2000 enfants de cette ville de 33 500 habitants, près d’un cas sur quatre est menacé de pauvreté. Entre 15 et 29 ans, un homme sur quatre et une femme sur cinq issus de Romans sont sans diplôme, emploi ou stage. Malgré ces difficultés sociales, la ville trouve dans le sport un moyen de créer du lien. C’est notamment le but de la Persévérante Sportive Romanaise, club de football aux 111 ans d’existence.

« Nos seniors s’investissent dans la vie du club »

Confinement oblige, la « Persé » est aujourd’hui à l’arrêt. Cependant, il ne faut pas s’y méprendre : le club drômois traverse une phase ascendante. « Sur l’aspect global, nous constatons une hausse de nos licenciés avec 275 membres au total, évoque Aubry Colombet, président-joueur de la PSR. Cela est dû à la création de deux équipes en U15 et U18, ce qui nous permet d’avoir enfin toutes les catégories représentées pour la première fois depuis huit ans. Maintenant, nous pouvons travailler dans la continuité et permettre à nos joueurs de constamment rester au club. » Pour les Romanais, la possibilité de voir leur ville briller via grâce à l’équipe locale apparaît comme une bouffée d’oxygène. Pensionnaire de quatrième division départementale en 2016, la PSR évolue désormais au meilleur échelon drômois et vient d’enchaîner trois montées successives en quatre saisons.

Le déclic ? L’arrivée de Nabil Guissouma à la présidence. « Le club s’est remis dans le bon sens à partir de ce moment-là, poursuit Aubry, âgé de 36 ans. Nous avons misé sur des coachs capables de diriger un effectif de caractère, pour éviter que ça ne parte en cacahuète. Chez les seniors, Laurent Vallat puis Cyril Raspail ont réussi à instaurer une discipline que personne n’aurait pensé voir un jour à Romans. » Avec un effectif non modifié par des recrues et impliqué dans la vie quotidienne du club, la PSR crée une véritable osmose où tout le monde, municipalité et partenaires privés compris, met la main à la pâte. « Tous les joueurs du club sont bénévoles, il n’y a aucun salaire ou prime, détaille Aubry. La seule personne qui bénéficie d’indemnités kilométriques dans le staff, c’est le coach de l’équipe première. Nos seniors s’investissent dans la vie du club pour devenir coach des jeunes catégories. Finalement, toutes ces initiatives sont issues de la solidarité. » Une véritable renaissance pour la Persévérante, loin du scénario cauchemardesque rencontré au début de la décennie.

10 mai 2010, stade de la Paillère

Durant la saison 2009-2010, l’équipe romanaise évolue en PHR, une division un cran plus huppée que celle qu’elle occupe actuellement. Relégué la saison précédente, le club peine à engranger les points et se retrouve en situation comptable délicate au moment de recevoir le FC Domtac pour le compte de l’antépénultième journée, le 10 mai 2010. « J’étais sur le terrain au moment du match, explique Aubry, alors capitaine de l’équipe. C’était équilibré, on tient le match nul, on a même des occases pour gagner, mais on encaisse finalement un but à la dernière minute. À partir de là, de violents incidents ont commencé à éclater en tribunes avec des insultes d’abord, puis des échanges de coups. À la suite de cela, des personnes ont été identifiées et certains joueurs ont écopé de sanctions, entre deux et dix ans de suspension. Vu l’importance des sanctions attribuées, on s’imaginait que les fautifs allaient être davantage responsables que le club. » Pas vraiment, puisque la PSR subit une double rétrogradation administrative de la FFF à la suite de ces regrettables incidents, l’obligeant à figurer en promotion d’excellence, comprendre la D2 départementale.

« Pour avoir défendu notre dossier depuis Paris, nous avions l’impression que le rapport était bien à charge contre nous, rembobine Aubry. Sur la sécurité, nous avions mis en place le service habituel avec des délégués. Mais quand vous avez une trentaine de mecs qui pètent les plombs, le club ne peut rien y faire… Et puis en tant que Drômois, nous ne possédons pas de relations avec la Ligue par rapport aux clubs issus de la région lyonnaise. Ce n’est que mon avis, mais j’ai toujours eu cette impression d’être assez peu entendu. » Également touché par des amendes liées aux différentes accusations de Domtac, la Persévérante plie au point de sombrer en quatrième division départementale, mais ne rompt toujours pas. De quoi en ressortir plus forte. « Maintenant qu’on commence à retrouver un niveau sympa, les tribunes se remplissent mieux, constate Aubry. Mais du coup, cela peut ramener des cons qui se croient tout permis ! En cela, il faut savoir anticiper dans le but de protéger les intérêts du club. Notre identité est multiculturelle et nous évitons un maximum les cartons rouges. On se bat sur le terrain dans le bon sens du terme et sans parler. Maintenant, nos adversaires nous félicitent pour notre travail. Nous sommes heureux que cela paie. »

« Le football ne reprendra pas cette année »

Malgré cela, le passage à la D1 départementale se fait dans la souffrance. Avant-dernière d’une poule de douze équipes après avoir effectué quatorze matchs, la PSR s’accroche à un rêve de maintien, même si le passage au confinement pourrait bien sonner le glas des espoirs locaux. « Il faut comprendre que tout cela est secondaire, nuance Aubry. Aujourd’hui, nous comptons les morts et des familles sont touchées par le Covid-19 à Romans comme ailleurs. Nous traversons une crise dont il faudra tirer les enseignements dès que nous en serons sortis. Le football ne reprendra pas cette année… Ce que nous attendons, c’est l’organisation du système de montée et descente. » Attendre, ce sera aussi la marche à suivre pour la centaine d’enfants de la PSR qui devait assister à un match de Ligue 1, comme ils l’avaient fait pour OL-Angers lors de l’édition 2018-2019. Alors, partie remise ?

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Par Antoine Donnarieix

Tous propos recueillis par AD.

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