- Ligue Europa
- Phase de poules
- Gr.G
- Dnipro/Lazio
C’est quoi le problème entre Claudio Lotito et les tifosi laziali ?
Malgré une saison 2014-15 extrêmement positive, la Lazio peine à convaincre ses supporters de prendre un abonnement à l'Olimpico. C'est que le Laziale ne se laisse pas amadouer si facilement.
15 000 environ. La campagne d’abonnements de la Lazio s’est clôturée vendredi dernier et a battu des records négatifs sous l’ère Lotito. En onze ans, jamais aussi peu de supporters laziali n’avaient renouvelé leur carte de fidélité. Alors certes, l’affluence moyenne continue de baisser dans la plupart des stades italiens et les raisons sont multiples : décrépitude des infrastructures, sentiment d’insécurité, dictature des télévisions. Mais à la Lazio, un autre facteur est responsable du triste spectacle de l’Olimpico constamment à moitié vide. 35 000 personnes contre le Bayer, 19 000 contre Bologne et 25 000 contre l’Udinese sont les statistiques de ce début de saison, alors qu’en deuxième partie de saison dernière, les travées du stade s’étaient formidablement repeuplées. Pourquoi ?
Un peuple en manque d’attention
L’histoire commence à être connue. En 2004, Claudio Lotito hérite d’un club au bord de la faillite et décide de faire des économies partout où il peut. Fini donc la distribution de billets gratuits à une grande partie de ses pensionnaires de la Curva Nord, et interdiction formelle de vendre des produits avec le logo et la marque Lazio. C’est l’élément déclencheur des multiples contestations qui s’enchaînent depuis son arrivée à la tête du club. Toutefois, cela fait bien longtemps que cette diatribe a dépassé le cadre « Lotito vs ultras » . La grande majorité du peuple laziale ne le supporte pas, pour son passé présumé de supporter de la Roma, son style exubérant et son égocentrisme, mais pas que : « Il n’a jamais fait part d’une réelle sensibilité envers les tifosi. La direction est plutôt froide et les supporters réclament un peu plus d’humanité. En outre, Lotito a souvent tenu des propos limites sur ses propres tifosi » , raconte Davide Sperati, journaliste de laziochannel.it et ex-pensionnaire de la « Nord » . Cette langue bien pendue qui insupporte l’Italie entière, y compris les siens.
Une famille qui se serre les coudes
C’est donc bien une grande partie du peuple laziale qui en a après son patriarche : « Le supporter laziale est particulier, avec un sens d’appartenance très important, c’est comme une grande famille. Il ne se contente pas des succès et des trophées, il a besoin de se sentir représenté. Même durant l’ère Cragnotti, il y avait des problèmes, alors que la Lazio a quasiment gagné tous les titres possibles. » Les victoires en Coupe d’Italie (2009 et 2013) n’ont fait que suspendre temporairement cet état de fait, mais le facteur du manque d’ambition n’est pas à négliger : « À chaque saison réussie suit une campagne de transferts décevante. Cela crée des souffrances et de l’incompréhension parmi les supporters qui se demandent pourquoi la Lazio ne réussit pas à passer un palier supplémentaire. » Paroxysme de ce désarroi, les inscriptions « Lotito, libère la Lazio » brandies par quasiment tous les occupants de l’Olimpico l’an passé. Rarement le binôme ultras/supporters classiques aura été autant sur la même longueur d’onde dans la Botte.
Loin du président, proches de l’équipe
Malgré le chiffre dérisoire de 15 000 abonnés, les ultras ne font jamais taire leur soutien et sont présents à chaque rencontre, hormis grève exceptionnelle : « Ils ont décidé d’acheter leur billet match après match, c’est assez paradoxal, puisque de la sorte, le club encaisse beaucoup plus d’argent ! Mais le message est symbolique « Je ne m’abonne pas et donc je n’épouse pas ta cause, quitte à payer plus ! » » Une façon de bien marquer la distance entre eux et la direction tout en continuant à faire sentir leur présence aux joueurs. Proximité que ces derniers pourront désormais ressentir en déplacement.
Par un communiqué paru ce mercredi, la Curva Nord vient d’annoncer son retour dans la place : « Puisque nous ne sommes que très peu à continuer la protestation envers la carte du tifoso et que, contrairement à d’autres, nous avons été touchés en notre sein, nous démontrerons que nous sommes plus vivants que jamais. » Décision prise suite à la sectorisation du kop. « Nous sommes de retour en déplacement pour ne pas mourir de vieillesse en regardant une vitre qui nous sépare. Vous nous retrouverez comme au bon vieux temps, et ceux qui ne l’ont pas connu auront vite l’occasion de s’en rendre compte. » Le message est passé.
Par Valentin Pauluzzi