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C’est quoi encore, ce bordel à la Lazio ?
Bielsa qui claque la porte, Keita qui critique ses dirigeants, les tifosi en révolte... L'été n'est pas franchement serein du côté de la Lazio. Alors, que se passe-t-il encore ?
Aujourd’hui, jeudi 14 juillet, c’est fête nationale en France, mais pas franchement fête nationale pour les supporters de la Lazio. De fait, les tifosi ont lancé un appel pour que toutes les personnes attachées de près ou de loin au club biancoceleste se rassemblent dans l’après-midi Via 4 Novembre, à Rome. La raison ? Manifester, et donc protester, contre le président Claudio Lotito. Pas grand-chose de nouveau, en apparence, puisque les supporters contestent leur président depuis des années.
Là où cela change, c’est que cette fois-ci, l’appel à manifester ne vient plus du « tifo caldo » (la partie chaude des tifosi, les ultras, en gros), mais bien des supporters lambda, qui n’en peuvent plus que leur Lazio soit ainsi maltraitée. Ironie, la Curva Nord a publié dans la foulée un communiqué qui valide cet appel. « La Curva Nord prend acte de la volonté destifosi lazialide descendre dans la rue et adhère pleinement à la manifestation de contestation envers le club. Une sorte de spontanéitélazialeque la partie la plus chaude des supporters a apprécié. Cette initiative est la bienvenue et nous invitons ainsi tout le peuplebiancocelesteà être présent. » Ambiance.
Grand ménage
Cela fait bien longtemps que les tifosi de la Lazio critiquent leur président et souhaitent son départ. Mais les dernières semaines qui viennent de s’écouler n’ont fait qu’accroître la fracture. À la fin de la saison dernière, terminée à une piteuse 8e place, sans qualification en Coupe d’Europe, le président Lotito assure que de gros changements auront lieu pendant l’été. Il semble tenir promesse lorsqu’un accord avec Cesare Prandelli est confirmé. Mais la signature tarde à arriver, et, dans le même temps, Lotito discute avec un autre entraîneur : Marcelo Bielsa. La rumeur devient réalité, Bielsa sera bien le nouvel entraîneur de la Lazio pour la saison 2016-17. Une nouvelle qui remet du baume au cœur des supporters, d’autant que Bielsa souhaite faire un grand ménage dans l’effectif après visionnage des matchs de la saison dernière (on le comprend). Un grand ménage réclamé depuis plusieurs saisons par les supporters.
Mais un jour après l’officialisation de l’arrivée de Bielsa, le choc. Le coach argentin balance un communiqué dans lequel il affirme qu’il ne sera pas le coach de la Lazio. La raison ? Il avait « réclamé l’arrivée de plusieurs recrues avant le 5 juillet » , et, à cette date, aucun joueur n’avait signé. Bielsa a donc claqué la porte et les tifosi ont ressenti ça comme une véritable humiliation. Et pour eux, cette humiliation n’a qu’un seul coupable : Claudio Lotito. Le lendemain, ce dernier convoque une conférence de presse exceptionnelle. Conférence au cours de laquelle son bras droit, Igli Tare, tente d’expliquer qu’ « aucune garantie de transferts n’avait été donnée à Bielsa » , que des discussions sont en cours et que des recrues allaient « arriver dans les prochains jours » . Lotito, lui, reste muet. Jusqu’à ce qu’il affirme qu’il ne souhaite répondre à aucune question. De nombreux journalistes décident donc de quitter la salle en guise de protestation, pendant que Lotito déclame un monologue. Ahurissant.
La polémique Keita
Ce qui agace les supporters plus que tout, c’est l’impression que Lotito ne respecte rien ni personne hormis sa propre personne. Bielsa a certes agi de manière très étrange (il n’est pas « El Loco » pour rien, et les supporters marseillais le savent), mais il est le premier à envoyer chier ouvertement Lotito pour son comportement. Tous les entraîneurs qui se sont succédé sur le banc laziale depuis 2004 (Papadopulo, Caso, Delio Rossi, Ballardini, Reja, Petković, Pioli, Inzaghi) ont toujours subi les choix des dirigeants et n’ont pas eu leur mot à dire. En 2013, Edy Reja racontait par exemple à So Foot : « Lors du mercato hivernal 2012, j’ai demandé quatre recrues à Lotito. Au final, j’ai attendu, attendu, et personne n’est arrivé. Dans les dernières heures du mercato, le 31 janvier, il a juste fait venir Candreva en prêt… »
Et comme une polémique n’arrive jamais seule, Keita Baldé est venu remettre de l’huile sur le feu dans les heures qui suivent.
Le jeune attaquant laziale ne s’est pas présenté pour partir en stage de pré-saison avec ses coéquipiers. Des rumeurs de départ se sont alors répandues, et Keita a souhaité y mettre un terme en publiant un communiqué piquant. « J’aime et je respecte ce maillot, mais je ne peux plus accepter le traitement qui m’est réservé. Des promesses faites et jamais tenues. J’ai parlé plusieurs fois avec le président et le directeur sportif : mon point de vue, toutefois, ne semble intéresser personne. Selon moi, il y a deux façons de faire les choses : l’une se base sur le partage des idées et des projets, sur le travail de groupe, sur la possibilité de grandir ensemble en construisant un futur meilleur. L’autre, choisie actuellement, voit une partie du club avancer toute seule sans écouter rien ni personne. De cette façon, on ne construit pas, mais on détruit. » Des propos violents, mais qui confortent encore les tifosi dans leur idée que leur président est en train de faire du mal à leur équipe bien-aimée.
Des recrues low cost
Résultat, ce 14 juillet, les supporters se réuniront donc pour protester. Une fois de plus. L’an passé, ils avaient déserté le stade en guise de contestation et semblent bien décidés à poursuivre ce mouvement pour la saison à venir. Pendant ce temps, les joueurs ont débuté leur saison à Auronzo, avec Simone Inzaghi sur le banc, comme à la fin de la saison dernière. Le petit frère de Filippo est, pour le moment, le seul « gagnant » de cet été côté laziale, puisqu’il a été confirmé dans ses fonctions (même si Lotito affirme dur comme fer qu’Inzaghino « n’est pas une solution de repli » , bah voyons). Le groupe est pour le moment le même que la saison dernière, à la différence près que Klose n’est plus là, et que Candreva a officiellement demandé à partir. Stefan de Vrij n’est toujours pas rétabli et les noms accostés à la Lazio pour ce mercato (Adriano, Rodrigo Caio, Geromel, Pato, Enner Valencia, Jordan Lukaku…) ne font pas franchement espérer de lendemains meilleurs. L’été s’annonce donc encore une fois bouillant du côté de Rome, tant les tifosi apparaissent plus déterminés que jamais à déloger leur président de son trône. Loin d’être gagné.
Par Éric Maggiori