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C’est quoi ces soupçons de corruption autour de RDC-Zimbabwe ?
Un journal malgache a publié mercredi un article dans lequel, selon certaines de ses sources, le gardien du Zimbabwe Elvis Chipezeze aurait été corrompu par Moïse Katumbi, le président du TP Mazembe. Ce qui expliquerait la performance désastreuse du joueur des Warriors, le 30 juin dernier face aux Léopards (0-4). Reste que grâce à l'ampleur de ce succès, la RD Congo affrontera... Madagascar, dimanche en huitièmes de finale. Ambiance garantie.
Ce soir du 30 juin au Caire, Elvis Chipezeze (29 ans), qui bosse au quotidien pour le club sud-africain du FC Baroka, a un peu (beaucoup) foiré son match. Ce bon vieil Elvis, international zimbabwéen depuis le 5 juin dernier et une demi-finale de Coupe de la COSAFA face à la Zambie (0-0, 2-4 aux tab), n’était pas au top de sa forme contre les Congolais, obligés de s’imposer le plus largement possible pour espérer se glisser parmi les quatre meilleurs troisièmes. Il avait provoqué un penalty, et concédé deux de ces buts que l’on dit pudiquement « évitables » . Bref, après une soirée pourrie, une défaite 0-4, une élimination du Zimbabwe, et Chipezeze, visiblement sonné par sa performance, a passé de longues heures à s’excuser.
[ VIDÉO] #CAN2019 Une soirée cauchemardesque pour Chipeze, le gardien du Zimbabwe ! Des boulettes à la pelle !#ZIMRDChttps://t.co/f64wEVFeVt
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) 30 juin 2019
Katumbi aurait été aperçu près de l’hôtel des Zimbabwéens
Seulement, depuis mercredi, les choses ont pris une autre tournure, après un article publié par Alh Sports, un média égyptien basé au Caire, et repris par La Gazette de la Grande Île, un journal malgache, évidemment intéressé par l’affaire. Les Barea de Faneva Andriatsima croiseront en effet la RDC dimanche à Alexandrie, en huitièmes de finale de la CAN. Selon Ahl Sports, Chipezeze aurait reçu de la part de Moïse Katumbi, le président du TP Mazembe, une importante somme d’argent, via un virement effectué dans une banque égyptienne. Le big boss des Corbeaux aurait même été aperçu à proximité de l’hôtel des Zimbabwéens. Et, d’après La Gazette de la Grande Île, qui a tout de même pris la précaution d’employer systématiquement le conditionnel, la Confédération africaine de football (CAF) aurait décidé d’ouvrir une enquête, ce que l’instance, pas plus que les deux fédérations congolaise et zimbabwéenne, n’a pas confirmé.
Ibenge : « Qu’ils donnent des preuves ! »
Attaqué frontalement, Moïse Katumbi n’a pas tardé à réagir, via un long communiqué pondu par ses avocats bruxellois. L’homme au chapeau blanc a rappelé qu’il avait quitté l’Égypte avant les faits supposés, et plus précisément après le match RDC-Ouganda (0-2, le 22 juin). Katumbi et ses conseils belges ont bien évidemment démenti les accusations de corruption, tout en annonçant de probables poursuites judiciaires à l’encontre des médias nommés plus haut. Interrogé sur ce joyeux bordel, Florent Ibenge, le sélectionneur de la RD Congo, s’est montré fataliste : « Que voulez-vous que je vous dise ? Je n’ai même pas envie de polémiquer. Il y a des gens qui disent des choses ? OK, alors, qu’ils donnent des preuves, qu’ils soient plus précis. C’est facile de raconter n’importe quoi pour discréditer quelqu’un. Ensuite, tout cela est repris sur les réseaux sociaux, et c’est toujours le premier qui a parlé qui a raison. Ce match, on l’a gagné normalement. On a eu la chance de marquer très vite, face à une équipe qui axe son système sur le contre, et qui a été obligée de se découvrir. On l’a prise à son propre piège ! »
Les médias malgaches, de leur côté, espèrent que l’enquête de la CAF – que celle-ci n’aurait pas (encore ?) ouverte – pourrait aboutir, si les faits de corruption étaient avérés, à une disqualification automatique de la RD Congo. Laquelle, en prime, serait suspendue de toute participation à la CAN pour trois ans, et exposée à une forte amende. « Vous imaginez un peu les conséquences d’une telle rumeur, notamment pour le gardien du Zimbabwe ? Il va devoir vivre avec cette suspicion de corruption, et des gens, les réseaux sociaux, se chargeront de l’enfoncer, d’une façon ou d’une autre, en écrivant des choses fausses et blessantes. Je sais de quoi je parle, j’ai connu ça » , déplore Ibenge. Et dire que tout cela ne serait jamais arrivé si Elvis Chipezeze avait mieux bossé ses prises de balle…
Par Alexis Billebault