- International
- FIFA Séries
C’est quoi ces FIFA Séries, dernière née des compétitions internationales ?
La FIFA profite de la première trêve internationale de l’année 2024 pour lancer une nouvelle compétition. Baptisée FIFA Séries, elle concernera 24 sélections et se déroulera dans cinq pays.
Elles devaient être 20, elles seront finalement 24 sélections à participer aux FIFA Séries 2024, cette compétition imaginée par le gouvernement du football mondial. Mais le 14 mars dernier, un tournoi international – Wins United Cup – réunissant l’Égypte, la Croatie, la Nouvelle-Zélande et la Tunisie et censée se dérouler à Abou Dabi (Émirats arabes unis), a été délocalisé au Caire, en raison du désistement du principal sponsor à la dernière minute. Quatre jours plus tard, la FIFA annonçait que l’Égypte allait accueillir tout ce joli monde dans le cadre des FIFA Séries 2024, portant à six le nombre de plateaux.
Cette nouvelle idée évoquée lors du Congrès de la FIFA en décembre 2022, en pleine Coupe du monde au Qatar, était passée inaperçue. Elle ne souleva pas une immense curiosité le 27 décembre dernier, après que plusieurs médias ont annoncé que l’Algérie allait organiser un tournoi quadrangulaire à Alger et Annaba réunissant également la Bolivie, l’Afrique du Sud et l’Albanie, finalement remplacée par Andorre. Dans les semaines qui ont suivi, la liste de ces tournois organisés et financés par la FIFA s’est allongée, avec un spot au Sri Lanka (Sri Lanka, Centrafrique, Bhoutan, Papouasie Nouvelle-Guinée), un autre en Azerbaïdjan (Azerbaïdjan, Tanzanie, Bulgarie, Mongolie), deux en Arabie saoudite, avec la Guinée, Brunei, les Bermudes, Vanuatu d’un côté et le Cambodge, le Guyana, la Guinée-équatoriale et le Cap-Vert de l’autre, et donc celui en Égypte.
C’est la FIFA qui régale
Chaque équipe jouera deux matchs, mais il n’y aura pas de vainqueur, sauf pour l’édition égyptienne, où les vainqueurs et les perdants des demi-finales (Tunisie-Croatie et Égypte-Nouvelle-Zélande) s’affronteront en finale et en match de classement. « L’objectif des FIFA Séries consiste notamment à ouvrir de nouveaux horizons en matière de développement du football mondial », a expliqué l’instance dans un communiqué officiel. Autrement dit à favoriser les interactions entre les sélections de toutes les confédérations. « C’est une façon supplémentaire pour la FIFA d’occuper le terrain, de montrer qu’elle est indispensable. C’est politique, cela permet de s’attirer la sympathie de petites fédérations, toutes contentes de pouvoir voyager aux frais de la princesse. Mais c’est bien aussi pour les Andorrans d’aller par exemple se confronter en Algérie à la Bolivie et à l’Afrique du Sud, il faut aussi l’admettre, car c’est rare que cette sélection joue ailleurs qu’en Europe », glisse un ancien de la FIFA sous couvert d’anonymat.
Certaines sélections dont les fédérations ne disposent pas de moyens financiers conséquents vont pouvoir affronter des adversaires d’autres continents, sans avoir à les chercher. C’est le cas de la Centrafrique, opposée au Bhoutan et à la Papouasie Nouvelle-Guinée à Colombo, au Sri Lanka. « C’est typiquement le genre d’équipes que nous n’aurions sans doute jamais pu rencontrer. Je trouve que l’initiative est intéressante. La Centrafrique n’a pas beaucoup d’argent, et ce n’est jamais simple d’organiser des matchs amicaux », apprécie le Suisse Raoul Savoy, le sélectionneur des Fauves du Bas-Oubangui. « La FIFA nous a invités à aller jouer au Sri Lanka. On savait où et contre qui on allait jouer, sans avoir à nous occuper de la logistique, hormis les formalités administratives pour obtenir les visas. » Grand Prince, Gianni Infantino a décidé que tous les frais, dont les billets d’avion et l’hébergement sur place, soient pris en charge par la FIFA. « La fédération centrafricaine, et c’est probablement le cas pour d’autres concernées par les FIFA Series, n’aurait jamais pu financer un tel voyage », poursuit Savoy.
Une initiative bien perçue au sein des sélections, moins par les agents
En Algérie, l’initiative est également bien perçue par Nabil Neghiz, l’adjoint de Vladimir Petković, le nouveau sélectionneur des Fennecs. « Nous allons affronter la Bolivie, puis l’Afrique du Sud. On va affronter une équipe sud-américaine, ce qui ne nous arrive pas souvent, et une africaine, et cela est idéal en vue de nos prochains matchs qualificatifs pour la Coupe du monde 2026 de juin », explique l’Algérien, qui avait déjà occupé ce rôle quand Christian Gourcuff dirigeait l’équipe nord-africaine. « Ce sont deux adversaires de bon niveau, et c’est toujours intéressant pour des entraîneurs d’observer les réactions des joueurs face à des profils différents. »
Les confrontations souvent inédites qui animeront cette première édition, telles Azerbaïdjan-Mongolie, Guinée-Vanuatu, Afrique du Sud-Andorre, Guyana-Cambodge ou Centrafrique-Papouasie Nouvelle-Guinée, intriguent forcément les sélectionneurs autant que les joueurs. « Les miens ne savent sans doute rien ou pas grand-chose du Bhoutan et de la Papouasie Nouvelle-Guinée, et je sens qu’ils sont curieux. Moi aussi, d’ailleurs. Quand la Centrafrique joue des matchs amicaux, c’est presque toujours face à des équipes africaines. Après, cela reste des matchs internationaux, avec des points à prendre au classement FIFA. Nous ne sommes pas au Sri Lanka en touristes, mais pour travailler, certes dans un cadre sympathique », reprend Savoy. D’ailleurs, hormis Kaba Diawara, le sélectionneur de la Guinée, qui a bricolé une équipe sans aucun joueur ayant disputé la CAN en Côte d’Ivoire, et Juan Micha, son collège équato-guinéen, confronté au conflit opposant plusieurs de ses internationaux à la fédération, tous les autres ont fait le choix de convoquer le meilleur effectif possible.
Cette première version aura une suite, en mars 2026, puisque cette compétition se déroulera au mois de mars des années paires. Le nombre d’équipes pourrait augmenter dans deux ans, même si l’instance n’a pour l’instant pas communiqué sur un potentiel élargissement de sa dernière trouvaille. L’initiative de la FIFA n’est évidemment pas très bien accueillie par les promoteurs de matchs, qui voient débouler un concurrent aux moyens quasi illimités. « Elle va prendre ce qu’on fait, mais avec des moyens que nous n’avons pas, grogne un de ces agents. La FIFA a fait son truc dans son coin, sans nous consulter, alors qu’elle aurait pu nous associer à son projet… » Ce serait oublier que ses intérêts sont bien supérieurs aux leurs.
Le programme
FIFA Séries Algérie : Andorre-Afrique du Sud (21 mars) ; Algérie-Bolivie (22 mars) ; Bolivie-Andorre (25 mars) ; Algérie-Afrique du Sud (26 mars).
FIFA Séries Azerbaïdjan : Azerbaïdjan-Mongolie et Bulgarie-Tanzanie (22 mars) ; Tanzanie-Mongolie et Azerbaïdjan-Bulgarie (25 mars).
FIFA Séries Égypte : Égypte-Nouvelle-Zélande (22 mars) ; Tunisie-Croatie (23 mars). Match pour la 3e place et finale (26 mars).
FIFA Séries Arabie saoudite A : Cap-Vert-Guyana (21 mars) ; Cambodge-Guinée équatoriale (22 mars) ; Guinée équatoriale-Cap-Vert (25 mars) ; Cambodge-Guyana (26 mars).
FIFA Séries Arabie saoudite B : Guinée-Vanuatu (21 mars) ; Brunei-Bermudes (22 mars) ; Guinée-Bermudes (25 mars) ; Vanuatu-Brunei (26 mars).
FIFA Séries Sri Lanka : Bhoutan-Centrafrique et Sri Lanka-Papouasie Nouvelle-Guinée (22 mars) ; Centrafrique-Papouasie Nouvelle-Guinée et Sri Lanka-Bhoutan (25 mars).
Par Alexis Billebault
Propos recueillis par AB, sauf mentions.