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C’est quoi ce bordel autour de la CAN 2019 ?
Depuis que la CAF a retiré au Cameroun l’organisation de la CAN 2019 (15 juin-13 juillet) pour lui confier celle de 2021 à la place de la Côte d’Ivoire (qui récupère 2023), beaucoup de choses, vraies ou fausses, circulent. Sur les pays qui pourraient être candidats pour remplacer le pays d’Afrique centrale. Mais aussi sur le plan purement sportif, avec des Comoriens qui veulent que les Lions indomptables soient disqualifiés. Bref, cela méritait bien quelques éclaircissements...
Le Maroc pas candidat, vraiment ?
Mercredi 12 décembre dans la journée, Rachid Talbi Alami, le ministre des Sports marocain, a produit son petit effet en assurant, lors d’une interview accordée au média local Arryadia, que son pays n’était pas candidat à l’organisation de la CAN 2019. Le genre de déclaration qui ne passe pas inaperçue, et pour cause : avant même que la Confédération africaine de football (CAF) ne décide de retirer au Cameroun la première édition de la CAN à vingt-quatre, le Royaume était présenté comme le plan B le plus crédible. Il avait postulé l’organisation de la Coupe du monde 2026 face au trio États-Unis-Canada-Mexique, et le Maroc, avec ses stades, ses infrastructures hôtelières, son réseau de transport et son expérience dans l’organisation des grands rendez-vous, faisait même figure de favori, avant même d’être officiellement candidat. Mais il n’est pas interdit de penser que les choses pourraient encore évoluer d’ici au 14 décembre minuit, date limite fixée par la CAF pour que les pays intéressés se manifestent. « La situation peut encore évoluer. Tout cela est très politique » , explique une source proche de la Fédération marocaine. Même son de cloche du côté du Caire, au siège de la CAF. « Il suffirait juste que le Maroc adresse une simple lettre d’intention, pour envoyer ensuite une candidature officielle. Rien n’est figé » , assure un de ses membres.
L’Afrique du Sud a bien écrit à la CAF
Avec le Maroc, l’Afrique du Sud est le pays le mieux équipé du continent question infrastructures sportives et hôtelières, et donc le plus apte à accueillir une grande compétition. La nation arc-en-ciel a été beaucoup sollicitée ces dernières années. Elle a organisé la Coupe du monde en 2010, la CAN en 2013 après le désistement de la Libye pour des raisons sécuritaires, le Championnat d’Afrique des nations 2014, ainsi que la Coupe de la COSAFA, un tournoi régional réservé aux sélections d’Afrique australe, en 2015, 2017 et 2018. Ahmad Ahmad, le président malgache de la CAF, a confirmé que l’instance qu’il dirige a bien reçu une lettre d’intention des Sud-Africains.
D’autres pays ont manifesté un intérêt plus ou moins soutenu. L’Égypte n’en faisait pas partie, puisqu’elle a fait savoir qu’elle soutiendrait le Maroc si ce dernier décidait d’y aller. C’était avant la sonore sortie médiatique de Rachid Talbi Alami. Depuis, les Égyptiens ont annoncé qu’ils étaient officiellement candidats. Quant au Ghana, il s’est dit prêt à accueillir la CAN, mais sans être officiellement candidat ! Vous suivez toujours ?
Le Congo s’emmêle, le Gabon clarifie les choses
C’est une information qui avait beaucoup étonné. « Quand j’ai entendu que le Congo était candidat, j’ai été surpris. Il y a des stades, c’est vrai, mais tous ne sont pas aptes à accueillir des matchs de phase finale de CAN. Et au niveau des hôtels, des terrains d’entraînement, des transports, il y a du travail. En six mois, je ne voyais pas bien comment le pays pourrait se mettre aux normes » , explique Sébastien Migné, l’ancien sélectionneur des Diables rouges congolais, aujourd’hui coach du Kenya. Le ministre des Sports congolais, Hugues Ngouélondélé, a vite mis les choses au clair, en déclarant que son pays n’était pas candidat pour accueillir la compétition. La Fédération congolaise de football (FECOFOOT) avait pourtant bien envoyé un courrier à la CAF – sans en informer le gouvernement –, mais sans y joindre un dossier. Plus surprenant encore, les remous suscités par une éventuelle candidature du Gabon. La Fédération locale s’est empressée de démentir le torrent de conneries déversé sur les réseaux sociaux, d’où est évidemment partie la rumeur. Classique…
Les Comores n’abdiquent pas
Dans la foulée du retrait de l’organisation de la CAN au Cameroun, la CAF avait précisé que les Lions indomptables n’étaient évidemment plus qualifiés d’office. Les champions d’Afrique en titre, qui prennent part aux éliminatoires dans le groupe B, devront donc obtenir au moins un point en mars prochain à Yaoundé face aux Comores pour ne pas louper la phase finale, et rejoindre ainsi le Maroc, déjà qualifié. Sauf que les Comoriens ne voient pas les choses ainsi. Les insulaires ont écrit à la CAF, pour lui demander des éclaircissements, notamment sur l’article 92 du règlement de la CAN. Celui-ci stipule qu’un pays qui se désiste ou se voit retirer l’organisation de la compétition moins d’un an avant le début de la phase finale ne peut participer à l’édition concernée, ni aux deux suivantes.
La CAF, droite dans ses bottes, a simplement expliqué qu’elle ne voulait pas appliquer le principe de la double peine au Cameroun, dont personne n’ignore le poids au sein des instances. Ce qui n’est pas le cas des Comores, où on envisage de porter l’affaire devant les tribunaux si nécessaire. La CAF devrait avoir pas mal de boulot d’ici au 9 janvier, date à laquelle on connaîtra le nom du nouveau pays organisateur, lors d’un Comité exécutif extraordinaire à Dakar.
Par Alexis Billebault