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C’est quoi ce bordel au Sporting Portugal ?

Par Steven Oliveira
6 minutes
C’est quoi ce bordel au Sporting Portugal ?

Un président qui tacle ses joueurs sur Facebook après une défaite, un groupe qui réplique sur Instagram, 19 joueurs suspendus avant de finalement être réintégrés : retour sur les quatre derniers jours du Sporting Portugal et de son président Bruno de Carvalho.

C’est une image qui résume à merveille les quatre derniers jours écoulés au sein du Sporting Portugal. Auteur du deuxième but des Leões face à Paços Ferreira, Bryan Ruiz a vu l’ensemble de ses partenaires – titulaires et remplaçants – se réunir autour de lui sous les yeux du président du Sporting, Bruno de Carvalho. Les joueurs ont alors affirmé leur union sacrée sous les applaudissements nourris de l’Estádio José Alvalade. Un stade qui s’était déjà fait remarquer quelques minutes avant le coup d’envoi de la rencontre en sifflant l’entrée sur la pelouse de Bruno de Carvalho.

Bruno de Carvalho sort la sulfateuse

Pour comprendre comment le Sporting Portugal a pu en arriver à une telle situation, il faut remonter au jeudi 5 avril et la défaite des Leões sur la pelouse de l’Atlético en quarts de finale aller de Ligue Europa (2-0). Une défaite que n’a pas du tout appréciée le président du Sporting qui s’est alors saisi de son téléphone portable pour partager son sentiment sur Facebook comme il en a l’habitude : « J’ai plusieurs fois eu l’impression qu’on jouait à neuf, et ça, ça se paie cher. Voir des erreurs grossières de la part d’internationaux et de joueurs expérimentés, ça ne fait qu’accroître notre souffrance. »

Avant de fusiller presque un à un chacun de ses joueurs. De Coates et Mathieu (auteur de deux boulettes qui amènent les deux buts de l’Atlético, N.D.L.R.) qui « n’étaient pas concentrés et qui ont fait ce que les attaquants de l’Atlético n’ont pas su faire » , à Gelson Martins qui « seul devant Oblak, tente de placer le ballon au lieu de fusiller le gardien, ratant un but qu’on célébrait déjà » , en passant par Bas Dost et Fábio Coentrão qui « n’avaient visiblement pas envie de jouer à Alvalade au retour en prenant des jaunes inutiles » .

La mutinerie 2.0

Si ce n’est pas la première fois que le Jean-Michel Aulas portugais fait des siennes sur son ami Facebook, cette dernière rafale était visiblement celle de trop pour les joueurs du Sporting Portugal qui balancent un long communiqué sur le compte Instagram de leur capitaine, Rui Patrício, pour exprimer leur « mécontentement » : « On affirme, via ce communiqué, notre désaccord avec les déclarations de notre président après le match d’hier, dans lequel on a obtenu un résultat que nous ne voulions pas, et nous regrettons son absence de soutien dans ce moment où il devrait être notre leader, après avoir pointé du doigt publiquement des joueurs. Tous les problèmes se résolvent en interne. » Soudés dans cette guerre contre Bruno de Carvalho, 19 joueurs de l’effectif ont partagé ce message sur leurs différents réseaux sociaux.

Et alors que l’histoire aurait pu se terminer là, Bruno de Carvalho, visiblement irrité d’être critiqué en place publique, a de nouveau dégainé son portable pour balancer un nouveau post Facebook dont lui seul a le secret : « Je suis fatigué de ces gamins immatures qui ne respectent rien ni personne, comme par exemple les supporters. Tous les joueurs qui ont signé ce texte sont immédiatement suspendus et devront affronter la commission de discipline du club. » Au milieu de ce foutoir, un homme : Jorge Jesus. Conscient qu’il allait galérer à s’imposer contre Paços de Ferreira avec Jérémy Mathieu (qui n’a pas signé le texte en question, N.D.L.R.) et les joueurs de l’équipe B, l’entraîneur des Leões a su ramener son président à la raison à quelques heures de la rencontre.

« Je continue de penser que c’était un post parfaitement normal »

C’est donc avec son équipe type que le Sporting Portugal s’est imposé face à Paços Ferreira (2-0) pour récupérer sa troisième place au classement. Mais, plus que le match en lui-même, la presse portugaise attendait la traditionnelle conférence de presse pour tenter de faire un point sur la situation. Et force est de constater que Bruno de Carvalho s’exprime aussi bien à l’oral que sur son smartphone. Son post sur Facebook ? « Je continue de penser que c’était un post parfaitement normal. » Sa relation avec le groupe ? « Ce qui m’intéresse en premier, c’est ma relation avec ma femme. Est-ce que les joueurs m’ont tourné le dos ? Cela n’a pas d’intérêt. Je vous garantis qu’au sein du club, personne ne me manque de respect. » Les sifflets du public ? « Les fans ont tous les droits, les sifflets font partie du jeu. L’ingratitude et la mémoire courte font partie de la culture du Sporting. » Ambiance.

De son côté, Jorge Jesus a préféré louer le comportement de ses joueurs qui ont su aller chercher une victoire importante après ces quatre jours de crise interne : « J’ai toujours été du côté des joueurs. Ce groupe est très uni et personne ne le pliera, ni ne le renversera. Nous avons pris conscience, les joueurs, l’entraîneur et l’équipe technique que notre seule mission est de travailler pour l’emblème du Sporting Portugal. Les joueurs en sont le baromètre et il faut souligner leur dignité après cette semaine turbulente et compliquée. »

Et maintenant, on fait quoi ?

Alors que le calme semble revenir peu à peu, une question reste en suspens : quid de l’avenir des joueurs au Sporting Portugal ? Réélu président avec plus de 85% des voix en mars 2017, Bruno de Carvalho a clairement fait comprendre qu’il ne comptait pas tirer un trait sur ses trois dernières années de mandat. Pas vraiment enclins à poursuivre l’aventure avec lui, certains joueurs, à l’image de Bas Dost, ont insinué qu’ils pourraient aller voir ailleurs cet été. Pour d’autres, l’avenir dépendra de l’humeur de Bruno de Carvalho. C’est le cas de Jorge Jesus qui a clairement pris le parti de ses joueurs dans la mutinerie, mais aussi de Fábio Coentrão, chef de guerre prêté par le Real Madrid et qui pourrait revenir dans la capitale espagnole plus vite que prévu. Quoi qu’il en soit, ces quatre jours marqueront un virage dans l’histoire du Sporting Portugal. Un virage qui pourrait perturber aussi la sélection portugaise à deux mois de la Coupe du monde puisque quatre joueurs des Leões devraient être du voyage en Russie.

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Par Steven Oliveira

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