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C’est quoi ce bordel à la Fédération allemande ?

Par Douglas de Graaf
4 minutes
C’est quoi ce bordel à la Fédération allemande ?

Alors que la sélection allemande doit disputer un match amical contre la Turquie à Cologne ce mercredi soir, sa fédération (DFB) se retrouve dans la tourmente. En cause : des soupçons de fraude fiscale massive, qui aurait permis à la DFB de se soustraire au payement de 4,7 millions d'euros d'impôts. Un nouvel épisode qui n'arrange pas les affaires d'une sélection déjà largement mise à mal dans le passé.

De la perquisition à tout-va. Ce mercredi matin, le Parquet de Francfort a mobilisé près de 200 hommes – en collaboration avec la Détection des fraudes fiscales, la police fédérale et l’Office fédéral de la police criminelle – pour perquisitionner les locaux de la Fédération allemande (DFB). Les domiciles de certains hauts responsables de la DFB, anciens ou toujours en poste, ont également été ciblés. En cause ? Des soupçons de « fraude fiscale d’une ampleur particulièrement grave », selon le Parquet. De but en blanc, la DFB est accusée d’avoir mené des actions lui ayant permis de se soustraire à des impôts d’un montant total de 4,7 millions d’euros.

Le tour de passe-passe de la DFB

L’enquête est dirigée contre six anciens ou actuels dirigeants de la DFB, pour des actions présumées remontant à la période 2014-2015. Le Parquet « accuse » ces dirigeants d’avoir « déclaré de manière incorrecte », et ce « en toute connaissance de cause », des revenus publicitaires de matchs de la Nationalmannschaft lors de la période concernée. Entre 2014 et 2018, la DFB avait loué à une société suisse, Infront Sports & Medias, les droits d’attribution des espaces publicitaires lors des matchs de la sélection allemande à domicile. Cela signifie que la DFB n’avait plus la main sur ces droits d’attribution. Or, selon le Parquet, la Fédération allemande aurait « participé activement à l’attribution des espaces de sponsoring sur les panneaux publicitaires » entourant les tribunes.

Des opérations qui rapportent des revenus d’ordre commercial, et qui auraient dû être déclarées comme telles pour être soumises à l’imposition – de l’ordre de 4,7 millions d’euros en l’occurrence. Ce que les six accusés ont « délibérément choisi » de ne pas faire, selon la procureure générale. Au lieu de ça, les dirigeants de la DFB, qui a perçu 1,4 million d’euros par match à domicile et 1,2 à 1,3 million d’euros par match à l’extérieur entre 2014 et 2018 selon Der Speigel, ont déclaré ces sommes comme relevant de « l’administration de biens » pour échapper à l’impôt.

Fantômes du passé

Un épisode de plus qui vient s’ajouter à la relation trouble entretenue par la DFB avec Infront. Après 40 ans de collaboration, la DFB a coupé les ponts cet été avec son agence de marketing suisse à la suite d’une enquête menée par la société de conseil Esecon. En se basant sur celle-ci, la Fédération allemande avait accusé Infront « d’influences illicites sur des cadres de la DFB ». Il faut dire que la société suisse avait décroché le contrat de location des droits d’attribution d’espaces publicitaires de la DFB… malgré l’offre bien plus juteuse d’un concurrent qui proposait 18 millions d’euros de plus qu’Infront.

Cette affaire discrédite encore davantage une DFB qui continue d’être hantée par les fantômes de son passé depuis la Coupe du monde 2006 et le scandale du « conte d’été » , mis au jour en 2015. Le Parquet de Francfort mène d’ailleurs toujours des poursuites pour « fraude fiscale » concernant ce scandale impliquant trois anciens hauts fonctionnaires de la DFB, sur fond de soupçon de corruption autour de l’attribution de l’événement. En cause : un paiement toujours non résolu de 6,7 millions d’euros, reçu en 2002 par Franz Beckenbauer, alors président du comité d’organisation du Mondial 2006, de la main de Robert Louis-Dreyfus. Trois ans plus tard, cette même somme sera versée par la DFB à la FIFA à titre de contribution à un gala… qui n’aura jamais lieu. L’affaire provoquera la démission en 2015 du président de la DFB, Wolfgang Niersbach, qui a assuré à la presse allemande n’avoir pas été concerné par les perquisitions de ce matin. Ce à quoi n’a sûrement pas échappé Reinhard Grindel, trésorier de l’instance à l’époque et président de la DFB entre 2016 et 2019… avant d’être contraint à la démission pour différentes affaires, dont une de dissimulation financière.

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