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C’est qui, le roi de Manchester ?
Lors des saisons de ses deux derniers titres, Manchester City s'est permis de gifler son voisin lors des deux confrontations directes. Une nouveauté pour Man United, habitué à être le patron de la ville depuis 1950.
Lundi 30 avril 2012. 20h45. Etihad Stadium. Vincent Kompany s’élève dans le ciel, bien plus haut que Chris Smalling. D’une tête rageuse, le capitaine de Manchester City catapulte le ballon dans les filets d’un David de Gea impuissant et s’en va célébrer l’unique but du match avec ses coéquipiers. 1-0, le score ne bougera pas. Témoin de la scène au second poteau, le vieux Paul Scholes en a vu d’autres. Mais celui qui est sorti de sa retraite pour filer un coup de main au club de son cœur le sent : la roue vient de tourner. Comme un symbole, cette victoire permet aux Citizens de dépasser leur rival, champion en titre et leader du moment. À deux journées de la fin, les Sky Blues accrochent la première place grâce à une meilleure différence de buts et ne la lâcheront plus, raflant au passage leur premier championnat depuis 1968.
Dès lors, après plus de 60 ans de règne sans partage sur la ville, la question se pose : aujourd’hui, United est-il toujours le roi de Manchester ? Évidemment, son histoire et ses vingt titres de champion plaident pour lui. Mais le football est une histoire éphémère, où la forme du moment prend souvent le dessus sur les archives. Alex Ferguson ne dira pas le contraire : l’emblématique entraîneur des Red Devils n’a-t-il pas repoussé sa retraite lors de cette saison 2011-2012, refusant de terminer sur un sacre de l’ennemi, qui aurait ruiné toutes ses années de triomphe ?
Apocalypse à Old Trafford
Toujours est-il que la bataille City/United semble avoir pris une nouvelle tournure depuis le 23 octobre 2011. À cette date, MU se fait humilier comme jamais dans son Théâtre des Rêves. Son voisin l’écrase six buts à un, avec cinq pions inscrits dans la dernière demi-heure. Il s’agit là de la première victoire en championnat des Citizens dans un derby depuis 2007. Un véritable tournant dans la guerre des Manchester, puisque cette saison verra donc le triomphe d’Agüero et sa bande en Premier League, avec le 1-0 signé Kompany dans le derby retour.
Scénario identique en 2014
Deux ans plus tard (après une saison de reconquête du titre par United et le départ en bonne et due forme de Sir Alex, soulignons-le), bis repetita. Manchester City remporte le championnat 2014, en collant deux fessées à son éternel rival. La première a lieu au City of Manchester Stadium, lors de la 5e journée, où United prend l’eau et s’incline 4-1. À la 50e minute de jeu, City a déjà plié le match avec quatre points à rien.
Le match retour, disputé en mars, est du même acabit. Dès la première minute, Edin Džeko ouvre la marque face à un United complètement à la rue. Il doublera la mise 45 minutes plus tard, avant que Touré n’achève les Red Devils en toute fin de partie. Résultat final : une victoire 3-0 nette et sans bavure, et un chemin tout tracé pour le trophée malgré Liverpool. Quant aux Red Devils, ils termineront le championnat à une piteuse 7e place, sans David Moyes, le successeur présumé de Ferguson, limogé avant le terme de la saison.
Bref, le constat paraît clair. Depuis octobre 2011 et le mémorable 6-1 d’Old Trafford, City mène aux points : deux titres à un, six victoires à deux dans les confrontations directes, et même 21 buts à 10 en scores cumulés ! Alors, simple tendance ou passation de pouvoir à Manchester ? Certes, les Skys Blues version Abu Dhabi ont dépensé un paquet de livres en très peu de temps pendant que MU a perdu Sir Alex et commence tout doucement à digérer son départ… en déversant aussi les billets sur le marché. Mais le sport est aussi une affaire de périodicité, où l’hégémonie de l’un prend logiquement la suite de l’autre. Pourquoi en serait-il autrement à Manchester ?
Par Florian Cadu