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C’est l’histoire de Totò à l’Empoli…

Par Valentin Pauluzzi
5 minutes
C’est l’histoire de Totò à l’Empoli…

Avant de devenir le goleador légendaire de l'Udinese, Di Natale a fait ses classes dans la pépinière de l'Empoli. Des années qui ont forgé le joueur qu'il est aujourd'hui.

À bien regarder l’effectif de l’Empoli lors de la saison 2001-02, on se dit que le petit club toscan est peut-être passé à côté de quelque chose de grand. À cette époque, Antonio Di Natale était très bien accompagné sur le front offensif puisqu’évoluaient à ses côtés Tommaso Rocchi, Massimo Maccarone et Francesco Tavano. Ces quatre attaquants facturent à eux seuls près de 700 buts dans les championnats italiens, la plupart en Serie A et Serie B. Une sacrée force de frappe. Le sale boulot, c’était notamment pour Andrea Cupi, ancien défenseur, qui se souvient : « C’est vrai qu’on avait un gros effectif, bien construit et cohérent, tous ces mecs jouent encore au haut niveau plus de dix ans après. Il faut dire que l’Empoli, c’est le tremplin parfait pour lancer sa carrière. » D’autant plus que sur le banc, il y avait du Borriello, du Carparelli et du Saudati. Ça fait peut-être moins frissonner, mais à l’époque, ce sont des seconds couteaux qui ont de la gueule. Mais revenons à notre Totò, si on exclut son tout premier match pro en 1996, il a passé cinq saisons complètes avec l’Empoli de 1999 à 2004 pour un bilan de 55 buts en 178 matchs. C’est donc là-bas que tout a commencé, et pourtant, sa légendaire carrière a bien failli ne jamais voir le jour.

Merci Montella

« Où est-ce qu’il est encore passé Totò ? » a dû s’exprimer Fabrizio Lucchesi, alors directeur général de l’Empoli. Nous sommes en décembre 1990 et Di Natale, lui, était bien calé dans un train direction Naples, fuguant pour la seconde fois en quelques semaines. Le manque de sa famille et la nostalgie pour sa ville natale étaient plus fortes que tout. Une saudade version napolitaine. Également natif de Castello di Cisterna, Vincenzo Montella commence lui sa carrière pro avec le petit club toscan, il se revoit chez celui qui est son cadet de trois ans et intervient avant qu’il ne soit trop tard. Il appelle ainsi le président Fabrizio Corsi : « Allons manger une pizza tous ensemble, il doit sentir la chaleur de la famille, sinon il s’échappera de nouveau et cette fois, il ne reviendra plus. » Puis il propose que Totò vienne vivre dans la même famille que lui. Pas de pensionnat à l’époque, les jeunes provenant d’ailleurs sont logés dans des familles, notamment des veuves qui s’occupent de leur préparer leur repas et laver leur linge. Di Natale trouve là un grand frère et n’oubliera jamais ce geste. Grazie Vince’. Lucchesi est soulagé, lui qui l’a découvert lors d’une détection pour les joueurs nés en 1980 et 1981. Totò avait trois ans de plus que tout le monde, mais son talent ne trompait pas. « Il m’a dit « Je joue, mais je marque trois buts et je rentre chez moi ».C’est exactement ce qu’il a fait, il a planté son triplé, a enlevé son maillot et s’est barré. » Lucchesi a tout juste le temps de le choper par le colbac et de l’emmener dans ses bagages direction Empoli.

Une explosion à retardement

Nous voici neuf ans plus tard, le petit fugueur a bien grandi et sort de deux saisons en prêt en 3e et 4e division, à l’Iperzola, Varese et Viareggio. Cupi est alors au club depuis une saison et fréquentera Totò durant toutes ses années toscanes : « À l’époque, il était considéré comme un espoir, mais il a explosé un peu tard par rapport à son potentiel. Et pourtant il avait déjà les qualités et cette capacité à jouer un football très simple. » En effet, ses entraîneurs parlent d’un joueur capable de tout à l’entraînement, mais bloqué par sa timidité en match. Dans une récente interview au quotidien La Nazione, Montella évoque un garçon qui « pensait surtout à s’amuser, c’est quand il a compris qu’être un joueur professionnel induisait certains devoirs qu’il a enfin explosé, mais avec quelques années de retard. » En 1999, le club redescend de Serie A, vite titulaire, Totò n’évolue pas encore au poste d’avant-centre : « Il jouait sur le côté gauche dans une attaque à trois, il pouvait ainsi repiquer dans l’axe et frapper avec son bon pied » , se remémore Cupi. Et le bonhomme ? « C’était un type un peu réservé, mais un Napolitain classique, sympathique et heureux. Un mec simple, tu pouvais tranquillement faire une promenade dans le centre-ville avec lui, il était dispo’ avec tout le monde. » La saudade ? De l’histoire ancienne.

Jamais vraiment parti d’Empoli

Di Natale s’en va lorsque l’Empoli est de nouveau relégué en 2004, mais son départ n’aura rien de traumatisant, Cupi explique : « En fait, on a l’habitude ici. La spécialité de l’Empoli, c’est de savoir vendre ses meilleurs éléments au bon moment pour renflouer ses caisses et continuer d’être compétitif. Ça fait partie de la politique du club. » L’Udinese se l’offre pour seulement 5,2 millions d’euros, mais en Toscane, pensait-on un seul instant qu’il allait faire une telle carrière ? « Les qualités techniques et tactiques étaient là, aucun doute » , affirme son ancien coéquipier. De toute façon, c’est comme si Toto n’était jamais vraiment parti de la petite ville d’Empoli et il revient faire un tour dès qu’il peut : « L’an dernier, c’était plus simple avec les matchs de Serie B le samedi et lui qui jouait le dimanche. Mais il revient dès qu’il a deux jours de libre. Ici, il a beaucoup d’amis et même sa belle-famille. » Et une villa à Ponzano où il compte finir ses vieux jours, là où tout a commencé. Une histoire qui inspire de nombreux jeunes du club, Cupi entraîne les U16 et peut affirmer que « les petits cherchent à s’identifier à Di Natale, c’est un vrai modèle. » Surtout, la leçon a été retenue : pas question de fuguer, restez à Empoli et vous ne le regretterez pas.

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Chez les entraîneurs, des nerfs à manager
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