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C’est l’heure d’envoyer Dubois
Catalogué comme la 26e roue du carrosse bleu depuis que Jules Koundé l'a dépassé dans la hiérarchie, Léo Dubois pourrait avoir l'occasion de se rapprocher du terrain, lundi face à la Suisse. Mais il n'y avait pas besoin d'attendre l'avalanche de blessures ou d'interrogations autour des latéraux - droits comme gauches - pour s'en rendre compte.
Si les fractionnés sont aujourd’hui pointés du doigt comme les responsables de tous les maux français, ce serait vite oublier que c’est un des rares exercices dans lesquels Léo Dubois a le droit de montrer sa véritable valeur depuis le début de l’Euro. Alterner course à haute intensité, décélérer, puis repartir sur toute la longueur du terrain, le Lyonnais sait faire. Et quand d’autres se tiennent les hanches à la recherche d’air, lui est bien souvent celui qui mène le train. Sauf que le gamin de Segré n’est pas là pour préparer le 3000m steeple des JO de Tokyo, mais pour participer à une aventure collective bien plus grande : jouer un Euro avec l’équipe de France. Problème : pour le moment, c’est plus souvent des tribunes ou du banc — quand le staff décide de lui octroyer le luxe de participer à l’échauffement — que Léo Dubois traverse cette compétition.
Dubois, cul sec
Mais puisque l’on passe avec ce huitième de finale contre la Suisse à « une nouvelle compétition », dixit Didier Deschamps, il semble que l’heure du latéral ait sonné. Ou en tout cas, elle devrait. Convoqué dans les 26 initialement comme doublure de Benjamin Pavard, il a vu Jules Koundé débouler sous son nez. Ces défenseurs centraux de formation ont eu leur chance, ont souffert et même déçu depuis le début du tournoi. « C’est un poste qui nécessite un apport offensif conséquent, c’est là-dessus que je dois progresser, avouait le jeune Sévillan, lucide sur sa prestation. Il y a des repères que je dois trouver. » Dommage d’entendre ça quand on a un arrière latéral de métier en réserve…
Et si ce n’est pas de la droite que viendra son salut, Léo Dubois pourra adopter la technique LREM et se rabattre à gauche pour gratter quelques voix. En effet, les deux gauchers Hernandez et Digne devraient être forfait pour la rencontre à Bucarest lundi. Le premier traîne encore les séquelles d’une blessure au genou qui l’oblige à l’intermittence, alors que le second s’est déchiré les ischios cinq minutes après son entrée en jeu contre le Portugal. De plus, Thomas Lemar est lui aussi incertain après un coup reçu sur le tibia jeudi à l’entraînement, et Adrien Rabiot ne dépannera certainement pas toute la compétition dans un couloir. Alors qu’il a déjà été aligné une paire de fois à gauche lors de sa première saison à l’OL, Léo Dubois semble donc l’homme tout désigné pour colmater les brèches. Et pas uniquement parce que lui sait au moins faire correctement une touche. La solution du 3-4-1-2 serait envisagée ? Ça tombe bien, le Gone a déjà trouvé ses marques dans ce système en fin de saison dernière (et notamment lors du Final 8 de la C1) et a aussi délivré sa meilleure prestation avec les Bleus dans ce genre d’animation (une passe décisive en Albanie pour une victoire 2-0, le 17 novembre 2019).
« Je sais que je mérite ma place »
Pourtant, cette perspective semble faire doucement rire certains observateurs, qui donnent peu de crédit à ce joueur. Il n’y a qu’à voir le ton adopté par L’Équipe lors d’un entretien réalisé avant la compétition, où on lui demande « Pourquoi êtes-vous là, à votre avis ? », « C’est grâce à ça(le fait qu’il soit poli et respectueux)que Didier Deschamps vous a fait confiance ? », « Vous estimez ne pas être jugé à votre juste valeur ? » Lassé de voir sa légitimité remise en cause, le joueur de 26 ans avait dû se justifier : « Chacun est à sa place. On forme un groupe ambitieux, de qualité, qui veut aller chercher le titre. Si j’y suis, ce n’est pas par hasard. J’ai une grande confiance en moi. Je sais que je mérite ma place. »
Le mépris qu’essuie Léo Dubois, dans la presse ou l’opinion générale, est assez injuste. Son CV ? 7 capes internationales, 174 matchs de Ligue 1, 14 matchs de Ligue des champions, ex-capitaine du FC Nantes, parmi les leaders du vestiaire de l’OL. Tout ça ne suffit pas pour un face-à-face avec Kevin Mbabu ? Et pendant que le sarcasme se concentre sur le Mainoligérien, personne ne conteste les présences de Clément Lenglet, Kurt Zouma ou Marcus Thuram, tous bloqués à zéro minute de jeu depuis le rassemblement comme lui. Certes, le Lyonnais ne touche pas à la playlist Spotify du groupe, n’impose pas sa gouille comme le défenseur des Blues ou ses blagues comme le fils de Lilian. Mais il apporte dans ce groupe son caractère posé, réfléchi, en plus de ses qualités de footballeur. Combien de joueurs peuvent se targuer de vivre ce genre de choses dans leur carrière ? Lui n’a volé la place de personne et sait pourquoi il est là : pour servir, qu’il soit titularisé ou non. « Quand on est joueur de foot, si on se pose ces questions (de jouer ou pas), on n’est pas prêt le jour J. Car, généralement, on ne fait jamais appel à nous le jour où on le pense. Je ne suis pas là pour penser, mais pour vivre une aventure extraordinaire. » C.Q.F.D.
Profitez de 200€ de bonus chez Winamax pendant l’Euro. Déposez 100€ et Misez avec 300€ !Par Mathieu Rollinger, à Bucarest
Propos de Koundé recueillis par MR.