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C’est l’Eupen de France
Le Königliche Allgemeine Sportvereinigung Eupen –comme ça se prononce– est coincé entre Liège et la frontière teutonne. La ville est belge, la direction et les euros italiens et l'effectif rassemble des ex-futurs espoirs du foot français. Bref, ça ne ressemble à rien et c'est bien pour ça qu'on en cause avant le derby contre le RFC Liège avec Nicolas Desenclos (ex-Inter), Matthias Lepiller (ex-Fiorentina) et Willy Aubameyang (ex-Milan AC).
C’est quoi Eupen, 4e de la D2 belge mais totalement inconnu ?
Desenclos : Un Italien a repris le club et fait beaucoup d’efforts financiers pour monter en Première Division. Il a beaucoup d’influence en Italie donc il a fait le tour des clubs là-bas pour demander le prêt de jeunes joueurs à droite à gauche et c’est comme ça que l’Inter m’a placé en Belgique en septembre. Le staff est italien parce que le président a fait venir tous ses conseillers. Juste l’entraîneur et son adjoint sont Belges.
Lepiller : Je ne savais même pas que c’était une ville Eupen… Quand j’ai débarqué, je ne connaissais rien du tout mais depuis six mois, le club avance, commence à être connu grâce à ses jeunes. J’étais frustré à la Fiorentina mais ici, c’est bien pour donner un coup d’accélérateur à ma carrière qui en a bien besoin.
Aubameyang : J’avais des propositions en Italie mais j’en avais marre au bout de sept ans là-bas. Avec mon père, on a tenté de voir en France puis j’ai décidé de venir en Belgique. Eupen, je ne connaissais pas du tout mais j’avais envie d’une nouvelle expérience. L’équipe est bonne, on est entre jeunes et le niveau est bon. Mais ce n’est pas trop ce que j’imaginais au niveau du stade et des conditions d’entraînement. Ben quand t’as connu le Milan…
Il y a du lourd sur vos CV mais aucun de vous trois ne décolle. Qu’est-ce qui coince ?
Desenclos : A l’Inter, je me suis fait les croisés au bout de six mois, ça a retardé ma progression. Pareil pour Willy et Mat, ils ont rejoint des gros clubs italiens très jeunes où c’est dur de percer. Du coup, on essaie des expériences, ce n’est pas forcément les premiers choix mais il faut bien y aller.
Lepiller : L’Italie, je déconseille à tous les jeunes, c’est tout. J’ai encore un an de contrat et la Fiorentina veut me prolonger mais ça ne sert à rien si je ne joue pas. Les dirigeants m’ont dit de réfléchir et de répondre plus tard mais c’est tout vu. Grand club ou pas, je veux jouer au foot mais là-bas, t’y arrives pas, voilà, c’est ça qui coince.
Aubameyang : Je pense comme Nicolas, faut avoir le nom pour percer en Italie. Tu vois, le coach m’a lancé une fois contre la Juve, rien que cinq minutes et j’ai marqué un but. Les télés ont parlé de moi et pourtant, je n’ai jamais eu ma chance en championnat. Ça manque de confiance.
A 17 ans, vous pensiez sérieusement prendre la place de Walter Samuel, Clarence Seedorf et Adrian Mutu ?
Desenclos : La vérité, je ne me faisais pas d’illusions. Pour moi, l’Inter était juste un tremplin parce car il est presque impossible de passer devant Cordoba ou Samuel quand tu n’as pas de nom. J’ai eu la chance que Mancini aime mon style, il m’a pris avec lui. Mais quand il s’est fait lourder, la donne a changé, le club a gardé vingt-cinq joueurs et prêté tous ses jeunes. Bon, j’ai quand même joué des amicaux…
Lepiller : En arrivant, on m’a dit : « Tu es là pour apprendre puis jouer petit à petit » . Et rien du tout. Évidemment que je ne pensais pas intégrer le groupe pro tout de suite mais au bout du compte, ce n’est jamais arrivé.
Aubameyang : Mon frère Catilina jouait déjà à Milan alors je savais… Je pensais faire mes matches avec la réserve et me faire prêter, l’équipe première pff… Mais je me suis retrouvé dans le groupe et j’ai commencé à y croire. Des fois je méritais de jouer mais bon, ça ne marchait pas. Ils ont toujours l’œil sur les jeunes prêtés. En fin de saison, ils me diront peut-être : « On te place dans un club meilleur, on croit en toi… » .
On a pigé, c’est donc Eupen faute de mieux. Et l’année prochaine ?
Desenclos : Mon contrat à l’Inter se finit en juin et je ne serai pas renouvelé à cause des blessures et de mon faible temps de jeu. Ici, il faut six Belges minimum sur la feuille, c’est la loi et il y avait déjà un central et un arrière droit locaux quand j’ai débarqué. J’espère la France ou l’Espagne, les deux pays où bosse mon agent. Il n’a pas trop d’opportunités en Serie A mais on ne sait jamais, j’ai toujours été loyal avec l’Inter, peut-être qu’ils m’aideront à trouver un club là-bas.
Lepiller : Pourquoi quitter Eupen si ça se passe bien et qu’on monte en D1 ? Faire un ou deux ans de plus ici, c’est envisageable. A chaque match, il y a quatre ou cinq clubs belges, allemands et néerlandais qui viennent. Mais je n’ai plus d’agent et les clubs intéressés doivent passer par Eupen pour se renseigner. Tu crois qu’ils feront la commission ? Sinon, mon numéro n’est pas difficile à trouver.
Aubameyang : Y a pas un club qui me fait rêver. Le mieux, ce serait de retourner au Milan. Maintenant, s’il y a des propositions ailleurs… J’ai envie d’aller en D1. Deux clubs belges sont intéressés, sinon la France. A mon retour de la CAN, il y avait un nouvel adjoint à Eupen, il dit que je ne suis pas prêt physiquement mais ce sont des conneries. Je vais leur montrer.
Aujourd’hui : Eupen – RFC Liège (20 h)
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