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- Montée en Ligue 1
C’est le Stade qui Reims
Invité inattendu avec Troyes du prochain exercice de la Ligue 1, le Stade de Reims renoue avec son glorieux passé dans l'élite, un souvenir poussiéreux vieux de 33 ans. Pas de digne descendant de Raymond Kopa, ni de Carlos Bianchi dans l'actuel effectif, le club phare des fifties a gagné le droit de monter grâce à un groupe homogène qui s'est forgé un mental de Việt Cộng.
Depuis 2007, le refrain reste toujours (ou presque) le même en Ligue 1 : un gros poisson qui descend, remplacé à l’échelon supérieur par un « petit » . Une constante qui a vu Nantes, Lens, Monaco ou Auxerre aujourd’hui se faire détrôner pour laisser place à Grenoble, Boulogne-sur-Mer, Arles-Avignon, Dijon ou Reims. A ceci près que le football à Reims, c’est aussi sacré que le Dom Pérignon dans le paysage des champagnes. Quand les joueurs d’Hubert Fournier se sont rendus le 11 mai à Amiens pour décrocher leur billet pour la L1, le stade de la Licorne n’était pas blanc aux couleurs amiénoises, mais bel et bien rouge écarlate. De par le maillot, mais aussi et surtout par l’explosion de joie de tout un peuple fier de retrouver une place chez les grands.
Si Reims est arrivé là où peu l’auraient placé en début de saison, c’est grâce aux événements qui l’ont forgé dans l’adversité. A l’hiver 2011, le spectre de la relégation en National un an et demi plus tôt n’est pas si lointain. Il est même très présent. A la trêve, le club est avant-dernier de L2. Mais pour ne pas reproduire les mêmes erreurs qu’à l’époque de Luis Fernandez, le président Caillot confirme Hubert Fournier à son poste.
Point de départ : Marcoussis
L’ancien entraîneur de Gueugnon décide alors d’emmener son groupe à Marcoussis pour un mini-stage. La légende veut que les Rémois se rapprochent et se soudent alors comme une première ligne abordant la mêlée. C’est, en tout cas, le discours du capitaine Johann Ramaré : « Marcoussis et le parcours en Coupe de France, c’est un peu le point de départ de notre aventure humaine. » Dans la foulée, les Rouges et blancs réussissent à redresser la barre en L2, symbolisé par la troisième position obtenue lors de la phase retour et une belle dixième place au classement final. Mais le redressement est perceptible surtout en coupe, où Reims se fait injustement sortir par Nice en quarts de finale, non sans avoir sorti préalablement Montpellier, Clermont et Rennes, dans un match épique gagné 4-3 au stade de la route de Lorient.
Dès lors, voir Reims gagner cinq fois dans les six premières journées de cette saison, notamment contre les anciens de première div’ Monaco, Lens et Arles-Avignon, apparaît comme une suite logique pour ce groupe qui a appris à se bagarrer comme des chiffonniers. Lucide, Captain Ramaré, déjà de la partie avec Boulogne en 2009, estime que l’aspect psychologique a beaucoup pesé dans la balance finale : « J’en suis persuadé, qu’on est plus forts mentalement. En L2, tout se nivelle. Les notions de groupe et d’état d’esprit sont de plus en plus importantes. Les exemples contrastés de Montpellier ou de Marseille à l’étage au-dessus le montrent bien. » Et le milieu de 28 ans d’illustrer son propos par un exemple très simple : « Quand on fait des stages ou même des soirées de notre côté, 80% de l’effectif est là. C’est un signe qui ne trompe pas. J’ai le souvenir de pots faits seulement à cinq ou six par le passé. »
Fournier, Fauré, Ghilas et Agassa
Mis à part un trou d’air durant cinq matchs pendant l’hiver et une mauvaise gestion des confrontations directes (seulement 8 points pris sur 30 contre les six premiers), le Stade de Reims avance sans coup férir et reste dans le Top 5 au fil des mois. Un chemin en partie dû à la patte d’Hubert Fournier, relayé dans son travail au quotidien par Olivier Guégan, ancien joueur du club ayant raccroché en 2010. « Derrière Bastia, Reims pratique probablement le meilleur jeu. Autant Clermont se repose sur ses individualités comme Alessandrini ou Rivière, autant cette équipe joue. On a retrouvé le jeu à la rémoise et cette communion avec le public » , détaille Gérard Kancel, journaliste pour l’Union, qui a suivi l’équipe toute la saison.
Ce jeu, que déploie le 4-2-3-1 champenois, sert avant tout ses deux artilleurs : le chouchou Cédric Fauré et le revanchard Kamel Ghilas, prêté par Hull City. Tous deux auteurs de quatorze buts, ils constituent la paire de L2 la plus prolifique, au nez et à la barbe des Bastiais Maoulida-Khazri (22 buts) ou des Troyens Caceres-Marcos (21 buts). Derrière, le portier Kossi Agassa a (enfin) explosé à 34 ans pour tenir la baraque de la troisième défense du championnat. Enfin à maturité, l’ex-Messin aurait presque mérité son trophée UNFP ce lundi selon son capitaine : « Pour monter en L1, soit tu comptes sur un mec qui te plante 30 buts, soit tu as des mecs qui te tiennent la baraque derrière. Nous avons eu la chance d’avoir un très grand Kossi avec nous. » Très grand, au moins autant que le cœur d’un stade Auguste Delaune souvent plein et de loin le meilleur de l’antichambre selon le classement RTL-USJF. Une cocotte qui risque de bouillir un peu plus à la reprise.
Par Arnaud Clement