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- 3e journée
- Évian TG/PSG
C’est comment, en vrai, de jouer contre Motta ?
Thiago Motta débute déjà sa quatrième saison avec le PSG. Arrivé en janvier 2012, le Brésilien naturalisé italien ne laisse pas grand monde indifférent. Classe, malin et efficace pour les uns, il est carrément détestable pour les autres. À son apogée médiatique suite au coup de boule de Brandão, on a essayé de savoir ce que c'était vraiment que de jouer contre Motta.
« Qu’il nous soit donc simplement permis de déplorer le comportement tout aussi inacceptable de certains joueurs qui n’ont de cesse d’insulter et de provoquer leurs adversaires, ainsi que le démontrent une nouvelle fois les images de la rencontre et bon nombre de témoignages. C’est pourquoi nous demandons à toutes les parties de faire preuve de retenue afin que ce dossier soit traité de la façon la plus juste et équitable qui soit. » Deux jours après le coup de boule de Brandão sur Thiago Motta, le club bastiais condamne le geste de son avant-centre, mais renvoie la balle dans le camp du PSG, dans la lancée des propos de Julian Palmieri sur RMC à l’issue de la rencontre : « Mais pourquoi a-t-il donné ce coup de tête ? Thiago Motta a passé le match à dire « fils de p… » à toute l’équipe devant l’arbitre, explique le latéral gauche bastiais. Je ne vais pas faire ma pleureuse. Ce coup de tête n’a rien à faire là. Mais Motta passe son temps à insulter les joueurs. On sait comment il est. C’est un super joueur, mais il y a des choses à ne pas dire. Je l’ai entendu régulièrement pendant cette rencontre. » La vengeance de Brandão et les paroles de Palmieri qui brisent l’omerta viendraient donc confirmer ce qu’au fond, tout le monde pense : sur le terrain, Motta sait comment faire vivre un véritable enfer.
Trop fort donc trop énervant ?
Sur le pré, ses adversaires n’entendraient donc que l’Italien. On constate surtout qu’ils ne voient que lui. Avec 3136 ballons joués en 32 matchs, Motta est le joueur qui a touché le plus souvent le cuir en Ligue 1 sur la saison 2013/2014. « Dans le jeu, je pense que c’est ce qui se fait de mieux en France, avoue Didier Digard. Pour moi, c’est le meilleur milieu de terrain du championnat. » Le Nantais Lucas Deaux ne dit pas autre chose : « C’est un très bon joueur de ballon, il est très bon dans ce qu’il a à faire. » Pas une nouveauté. José Mourinho fait rarement confiance à des peintres pour remporter un triplé Scudetto-Champions League-Coupe d’Italie. Le buste droit, la tête haute, l’œil vif, et une maîtrise parfaite du tempo : Motta en deviendrait presque condescendant, sans le vouloir. Ou pas.
« Si les gens ne veulent pas accepter qu’il est le meilleur, c’est dommage. Il faut aussi savoir reconnaître les choses » , constate le Niçois, sans pour autant en faire un totem de l’immunité pour l’Italien : « Moi, je peux vous dire que c’est le meilleur joueur, mais si demain on est sur le terrain et qu’il doit m’insulter, ce n’est pas parce qu’il est le meilleur que je vais l’accepter. » Le milieu de terrain du Gym formé au Havre a affronté Motta et Paris deux fois la saison dernière et ne s’est pas plaint du comportement de l’Italien : « Avec lui non, je n’ai jamais eu de soucis. (…) Je ne peux pas dire qu’il est énervant, puisque ça n’a pas été le cas avec moi » . Idem pour Lucas Deaux qui, lui aussi, évolue dans la zone de Motta : « J’ai joué trois fois contre lui et je n’ai jamais eu de problème, il ne m’a jamais rien dit. Je vais pas dire que c’est un enculé, alors que j’ai jamais eu de problème avec lui. » Le souvenir est plus frais pour Mickaël Tacalfred qui, avec sa bande du Stade de Reims, a tenu tête au PSG il y a quinze jours, en ouverture du championnat : « Ce qu’il fait sur le terrain, ça ne me dérange pas, assure le défenseur à dreadlocks. Je comprends que ça puisse agacer parce qu’il le fait très bien et que c’est souvent malicieux de sa part. » Malicieux, Brandão ne l’a pas vraiment été dans les couloirs du Parc. « Ça veut dire qu’aujourd’hui dès qu’on va s’insulter ou parler un peu plus, on va se taper dessus ? Non, je ne suis pas d’accord. »
« Il faut très vite relativiser »
Pour le psychologue et préparateur mental Sébastien Magne, un travail en amont aurait peut-être permis d’empêcher la réaction de l’attaquant bastiais. « Dans l’affaire Brandão/Motta, on est vraiment dans un problème de gestion des émotions. (…) Le travail qu’il y a à faire est très centré sur la personne, tout le monde n’a pas besoin des mêmes choses. Le but, c’est de voir quelle attaque a été faite, comment on peut l’analyser. Comment réinterpréter l’action qui vient d’être faite pour ne pas la prendre comme une attaque. L’autre m’insulte, mais je sais pourquoi il fait ça. Il le fait pour m’énerver parce que je suis plus fort que lui, mais c’est la seule façon pour lui de me battre. En fait, il faut très vite relativiser. Le coach doit mettre en confiance en disant à ses joueurs qu’ils sont plus forts. Là, Brandão a ruminé sa vengeance pendant 20 minutes. » Le temps de douter de sa supériorité sur Motta ?
Morgane Carlier, Antoine Beneytou et Boris Teillet