Tu es revenu à Rosario dix ans après l’avoir quitté. Tu te sens comment ?
Très heureux d’être de retour à la maison, là où j’ai mes origines, mes petites choses, mes amis et ma famille. C’est le club ou j’ai commencé, là où tout à débuter pour moi.
C’est un rêve qui se réalise ?
Je ne sais pas, je ne le prends pas comme ça parce que je savais que tôt ou tard je reviendrais ici. J’ai quitté Rosario Central très vite il y a quelques années mais pour vous dire la vérité, ça faisait longtemps que j’avais envie d’y revenir. Le rêve serait complet si j’arrive à être champion d’Argentine avec Central.
Tu es revenu pour y finir ta carrière ?
On ne sait jamais ce qui va se passer. Aujourd’hui, je profite de l’instant et d’être là où je voulais vraiment être. J’espère que je pourrais raccrocher les crampons ici parce que j’aime ce club.
Tu n’es pas le seul à être revenu à Central et d’autres ont fait la même chose chez votre grand rival, Newell’s. Rosario à quelque chose de spécial ?
On veut redonner à nos clubs formateurs tout ce qu’ils nous ont donné. On aime nos blasons, nos couleurs et puis les supporters de Central, par exemple, sont spéciaux : ils sont fous (rires). Moi, j’ai toujours supporté Central et jouer pour eux est un honneur. Ces couleurs sont les miennes.
Tu as joué la Champion’s avec Lyon, tu as disputé le championnat mexicain. Est-ce que le football s’y vit de la même manière qu’à Rosario ?
Non. Il n’y a rien de comparable. Ici, par exemple, les clásicos se vivent plus intensément. Ils ont une saveur spéciale que tu ne retrouveras nulle part ailleurs. Rosario respire le football à chaque second qui passe. Ça en fait une ville unique.
Quand tu jettes un coup d’œil dans le rétro, quelle image penses-tu avoir laissé dans les clubs ou tu es passé ?
Je m’identifie énormément à Central, mais c’est vrai que je me suis fait apprécier partout où je suis allé. C’est une prouesse car c’est difficile pour un étranger de se faire accepter des supporters. J’ai toujours fait du mieux que je pouvais et quand je suis parti je l’ai toujours fait de la meilleur manière possible: Sans conflits.
A certains moments, lors de la demi-finale de C1 2010, le Bayern Munich ressemblait à une machine qui te passait dessus.
Les différences entre les championnats argentin, mexicain et français sont très grandes ?
Le football est différent partout. En Argentine, il y a beaucoup de friction, la pelouse est plus haute. En Europe, c’est plus dynamique, plus rapide aussi. Ce sont les terrains qui veulent ça. Au Mexique, au contraire, le jeu est plus lent. Tu as le temps de réfléchir, mais ça ne veut pas dire que ce soit plus facile pour autant. Il faut être malin pour réussir dans le football mexicain et il faut savoir s’adapter aux terrains et aux horaires bizarres qui sont les leurs.
Quels souvenirs gardes-tu de Lyon ?
Je ne garde que des bons souvenirs, surtout des gens. Les supporters venaient en masse au stade et s’enthousiasmait avec l’équipe, notamment quand nous avions fait un bon parcours en Champions League. J’ai vraiment remarqué l’affection des gens à Lyon.
Lors de l’édition 2009-2010 de la Champions, vous atteignez les demi-finales après avoir notamment éliminé le Real Madrid. Vous pensiez à ce moment-là pouvoir aller au bout ?
On était enthousiasmé d’avoir sorti le Real, un club avec des joueurs et une histoire exceptionnels. Quand on est arrivés en demi-finales, on avait beaucoup d’espoir pour la suite, mais on s’est retrouvé face à une équipe plus forte que nous. Le Bayern a fini par briser notre rêve.
Vous avez des souvenirs des confrontations avec le Bayern ?
Ils étaient tout simplement plus fort que nous. On avait fait un bon match chez eux, mais à Lyon nous n’avions pas pu leur résister. A certains moments, les Bavarois ressemblaient à des machines qui te passaient dessus.
Tu as gardé des contacts de ton équipe lyonnaise ?
Oui, je parle avec Cris et Fred.
Tu suis encore les performances lyonnaises ?
Toujours. Ils ont fait une bonne saison. Ça faisait longtemps que le club ne s’était pas qualifié pour la Champions. Ce qui est bien, c’est qu’ils retrouvent cette compétition avec des jeunes du centre de formation. Du coup, c’est encore plus beau. C’est bon pour les jeunes aussi de pouvoir se frotter au plus haut niveau. Je suis que ça les aidera à progresser et à mûrir.
Parfois, je me demande ce que ça donnerait de m’entrainer, à mon âge, sous les ordres de Bielsa.
Tu penses qu’il est possible de détrôner le PSG ?
Lyon a les capacités pour le faire. L’OL a toujours eu une mentalité de champion et s’ils s’en donnent les moyens, je pense qu’ils peuvent faire mal au PSG.
Avec le PSG et Lyon en pleine renaissance, vous pensez qu’il faudra combien de temps à un club français pour soulever la coupe aux grandes oreilles ?
Ce n’est pas utopique de voir un club français gagner la Champions League. Ils peuvent le faire, ils ont tout pour le faire. C’est un championnat qui se porte bien, et qui investit beaucoup. Il n’y a qu’à voir ce que fait le PSG. Lyon a une politique différente car c’est un club qui mise beaucoup sur son centre de formation, un peu comme Monaco. Le football français a des ressources suffisantes pour aspirer à gagner la C1. Il faut juste qu’ils y croient un peu plus pour que le rêve devienne réalité.
Tu as disputé des JO, la Copa America et la Coupe des confédérations avec l’Argentine. Tu n’as jamais eu de regrets de ne pas disputer un Mondial ?
Non, parce que je n’ai jamais senti que c’était quelque chose qui était à portée de main. Ma plus grande déception avec la sélection, c’est de ne pas avoir remporté la Copa America (En 2004, alors que Delgado avait égalisé à la 94è pour les Argentins, le Brésil remporte la Copa America aux penalties, ndlr)
Tu penses que tu aurais pu disputer le Mondial 2006 si Bielsa avait continué sur le banc argentin ?
Je ne sais pas, mais une chose est sûre : Bielsa me convoquait toujours.
T’en dis quoi de l’OM de Bielsa ? Tu l’as suivi ?
C’est toujours intéressant de suivre Bielsa. Je n’ai jamais arrêté de le suivre depuis qu’il a laissé la sélection argentine. J’adorerais qu’il m’entraine de nouveau et avoir la chance d’être dans l’une de ses équipes. Parfois, je me demande ce que ça donnerait de m’entrainer, à mon âge, sous les ordres de Bielsa. C’est un très grand entraineur, je l’ai toujours respecté. J’adore sa manière de travailler, ses sentiments et ses réflexions. Il est unique.
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