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Ces trois matchs de Neymar, fondamentalement, ça change quoi ?
Plus que le peuple brésilien, c'est toute la planète football qui attendait Neymar dans cette Coupe des confédérations. Auteur de trois buts magnifiques et de trois matchs de haute volée, la dernière folie du Barça a répondu comme un grand. De bon augure avant de rejoindre l'Europe, où « le héros de tous les Brésiliens » repartira de zéro.
À son rythme, Neymar franchit les étapes. Le petit bonhomme de Mogi das Cruzes est d’abord devenu, très jeune, la grande star du championnat brésilien. Beaucoup de buts, beaucoup de passes, beaucoup de spectacle et une convocation avec la Seleção, à seulement 18 ans. La perle de Santos s’est ensuite facilement imposée en sélection, répétant ses performances en club et enchaînant les pions avec le maillot vert et jaune (23 buts en 37 sélections). Et lorsqu’il n’avait plus rien à prouver, à gagner et à apprendre au Brésil, Neymar a décidé de traverser l’Atlantique, après des offres en pagaille, choisissant le Barça contre une belle enveloppe de 57 millions d’euros. Devenu l’une des principales attractions du football international, le Brésilien continue toutefois de faire l’objet de doutes et de critiques en Europe. Il serait « surcoté » . Un « joueur Youtube » . Une simple « réplique de Robinho » . Il survolerait les débats dans un championnat moyen, ne ferait la différence que dans des matchs amicaux sans importance avec la Seleção. Avant le Barça, cette Coupe des confédérations était donc le premier gros test de Neymar. L’occasion de montrer à tout le monde que non, il n’est pas un imposteur.
« Le héros de tous les Brésiliens »
Chez lui, dans une compétition officielle assez relevée, le futur partenaire de Messi était attendu au tournant. On allait se faire une idée plus précise de ce que vaut ce joueur sous pression, face à des défenses rugueuses et de haut standing. Bon, force est de constater qu’à l’issue de la phase de groupes, Neymar a envoyé chier tout le monde. Trois minutes de jeu dans la compétition, et déjà un but somptueux, une demi-volée pleine lucarne. Ce n’était que le Japon en face, dira-t-on. Vient alors le Mexique. Une reprise de volée, un dribble exceptionnel, et une victoire presque à lui tout seul. C’est ensuite au tour de l’Italie, vice-championne d’Europe et en grande forme ces derniers temps. Un troisième but en autant de matchs – un coup franc pleine lunette – et une troisième élection consécutive de meilleur joueur du match. Les éloges fusent, en premier lieu en provenance de son sélectionneur, Luiz Felipe Scolari : « Il est le héros de tous les Brésiliens et de tous les amateurs de foot en général. Ceux qui ont ce génie peuvent changer le cours d’un match. Il a bien affronté le marquage européen, les gens à Barcelone doivent être contents car il accumule les grands matchs. »
L’abolition des privilèges
Barcelone. Le prochain échelon. Cette Coupe des confédérations, ou du moins son premier tour, aura certainement convaincu quelques dubitatifs. Mais en Espagne, Neymar devra repartir de zéro. Refaire ses preuves. L’étiquette « 57 millions » lui sera collée à la peau, et sera ressortie à chaque mauvaise performance. Après être devenu en deux/trois ans l’idole du pays le plus footeux de la planète, le 13e du classement du dernier Ballon d’or ne sera plus qu’un grand nom parmi les autres. En Catalogne, il va redécouvrir la concurrence. Et découvrir la discipline tactique, les tâches défensives et l’exigence du très haut niveau. Au Barça, Neymar n’est personne. Plus précisément, il n’est pour l’instant qu’une curiosité, l’espoir d’un renouveau, d’une nouvelle dynamique. Mais il n’aura plus droit aux écarts de conduite, et contrairement à Santos, aucun entraîneur ne sera viré pour lui. Le gamin de 21 ans chiffre déjà 161 buts dans sa carrière, mais il va changer complètement de monde. Un nouveau monde dans lequel il n’aura à la fois aucune excuse et tout pour prendre une nouvelle dimension. Le petit prodige aura une grande équipe autour de lui, le meilleur joueur du monde pour l’alimenter et même un tuteur personnel en la personne d’Edmilson. En attendant, il lui reste un ou deux matchs pour faire baisser encore un peu plus son nombre de détracteurs. Ou au contraire, pour les faire revenir au galop.
Par Léo Ruiz