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Ces promus qui flambent
Entre Nantes en Ligue 1, le Hellas Vérone en Serie A, le Hertha BSC en Bundesliga et Villarreal en Liga, chaque pays a son promu qui truste le haut de tableau. Une liste à laquelle on aurait presque envie d’ajouter Southampton, promu la saison dernière, et qui campe actuellement à la troisième place de Premier League.
On aurait tendance à croire que le championnat de France est une exception. Monaco troisième, Nantes quatrième, Guingamp huitième. Les trois promus sont actuellement dans la première partie de tableau. Un fait unique en Europe. Néanmoins, le phénomène de promu qui ne se contente plus de jouer le maintien semble s’être étendu cette saison à tous les pays. En effet, dans chaque championnat, une équipe qui évoluait la saison dernière en deuxième division se mêle à la lutte pour l’Europe, parfois sans que personne ne les prenne vraiment au sérieux. Le phénomène de l’équipe qui obtient des résultats parce qu’elle joue sans pression ? Un peu, oui, mais pas seulement. Ces promus flambeurs, qu’ils se nomment Hellas Vérone, Hertha Berlin, Villarreal ou Southampton (qui, on le répète, n’est pas promu cette saison, mais la saison dernière) sont des équipes cohérentes, qui ont souvent en commun d’avoir un passé glorieux (et plus ou moins lointain) parmi l’élite. Des clubs qui se sentaient à l’étroit en deuxième division, et qui veulent aujourd’hui briller, après avoir connu le purgatoire.
Villarreal reprend ce qui lui appartient
Prenons-les cas par cas, avant de voir dans le parcours et la stratégie de chacun d’éventuelles similitudes. Villarreal, d’abord. Le sous-marin jaune a connu l’an dernier l’enfer de la deuxième division, après de nombreuses saisons dans le haut de tableau espagnol. En réalité, l’impression générale, c’est que Villarreal n’aurait jamais vraiment dû descendre. Le sous-marin jaune s’est un peu retrouvé là par hasard, après une succession d’épisodes malchanceux (la blessure de Giuseppe Rossi en haut de la pile, des défaites improbables ensuite). Néanmoins, la remontée n’a pas été facile, car les prétendants à la montée étaient nombreux. Villarreal y est parvenu dès la première année, et, finalement, elle ne fait aujourd’hui que récupérer son bien : à savoir une bonne vieille quatrième place derrière les gros du pays. Sans vouloir, évidemment, minimiser leur exploit, qui demeure de taille.
En Italie, le cas du Hellas Vérone est un peu différent. Le Hellas a connu la gloire dans les années 80 (Scudetto en 1985), mais n’avait plus connu la Serie A depuis plus de dix ans. Les dirigeants ont donc bien préparé leur coup, histoire de rattraper le temps perdu. Ils ont recruté des joueurs d’expérience, comme Luca Toni, des jeunes prometteurs, comme l’Argentin Iturbe, et ont décidé de faire confiance aux grands artisans de la montée, à commencer par le coach, Mandorlini. Résultat : le noyau de l’équipe se connaît sur le bout des doigts, les joueurs d’expérience apportent juste ce qu’il faut pour remporter les confrontations directes, et les jeunes apportent la folie. Un cocktail qui marche à merveille, surtout à domicile, où le club a pour le moment obtenu six victoires en six rencontres. Du coup, les dirigeants se lâchent : « L’objectif, c’est le maintien. Mais s’il y a un gros coup à jouer, nous ne reculerons pas, et nous jouerons ce coup à fond » , a affirmé le directeur sportif, Sean Sogliano. Encore heureux, qu’ils jouent le coup à fond.
Des recrutements importants
Le Hertha Berlin, de son côté, donne de la continuité à l’excellente saison 2012/13. Les Berlinois ont caracolé en tête de la deuxième division allemande, avec finalement neuf points d’avance sur leur dauphin. Or, depuis quelques saisons, cette équipe fait l’ascenseur entre première et deuxième division, sans réussir à se stabiliser. Cette saison, du coup, les dirigeants ont mis le paquet pour qu’une telle situation ne se reproduise plus. Cet été, le club a donc recruté malin, sans trop dépenser. Un million d’euros, seulement, sorti des caisses pour recruter sept joueurs : Baumjohann, Hosogai, Langkamp, Van den Bergh, Skjelbred, Cigerci et le tout jeune gardien Nico Hildebrandt. Pari réussi, puisque le Hertha est septième, à seulement deux points des places européennes. Et à deux points de Schalke, qui a dépensé 28 millions cet été. Comme quoi.
Le cas de Southampton est, pour sa part, un peu différent. Parce que les Saints ont été promus la saison dernière, et ont donc eu une année pour s’adapter à la Premier League. Surtout, ils ont fait des investissements importants, en recrutant cet été Osvaldo, Wanyama et Lovren, pour un total de près de 40 millions d’euros, qui viennent s’ajouter aux 22 millions déjà dépensés l’été précédent pour les recrutements de Gastón Ramírez, Yoshida et Mayuka. L’équipe ne paye pas de mine, mais elle est bien solide, et menée d’une main de maître par Mauricio Pochettino, qui a repris le club en main en janvier dernier. Depuis, l’entraîneur argentin peut se vanter d’avoir perdu seulement cinq fois en 26 rencontres. En refusant toujours de dire que son club a les moyens pour jouer le haut de tableau, mais tout en faisant comprendre que ce qui est en train de se passer est on ne peut plus logique.
Ancien champion déchu
Au final, peu de points communs entre toutes ces formations. Enfin, si. Peut-être un. Le fait d’avoir été audacieux, et de ne pas avoir construit une équipe censée lutter pour le maintien, mais plutôt pour ne pas risquer de se retrouver, comme beaucoup d’autres, dans une situation inconfortable dès les premières journées. De fait, être promu parmi l’élite, c’est aussi courir le risque d’être une proie facile pour les gros, de ne pas arriver à gérer le passage de D2 à D1, et de se retrouver immédiatement à lutter pour le maintien. Les promus qui, aujourd’hui, se retrouvent dans la première moitié de tableau, ont su anticiper ça. Parce qu’ils ont souvent trop souffert d’être dans l’ombre, trop souffert de ne plus être sur le devant de la scène. C’est le cas pour Nantes, ancien champion de France déchu, pour le Hellas Vérone, pour le Hertha BSC ou pour Villarreal, qui jouait encore la Ligue des champions il y a deux ans. Le risque, maintenant, pour tous, c’est de tenir ce rythme sur la durée. On en connaît, des promus, qui ont vécu un départ canon, surfant sur l’euphorie de la montée, et qui se sont écroulés au cours de la saison. Mais quelque chose nous dit que ces promus flambeurs ont tout pour s’accrocher. On est même prêt à le parier aujourd’hui : au moins deux d’entre eux seront européens à la fin de la saison. Et encore… On n’a pas tenu compte de Monaco dans cette analyse.
Eric Maggiori