- SO FOOT sélectionne le12èmehomme ORANGE
Ces minutes où le stade s’enflamme
Lorsque l’on regarde un match de foot, il peut y avoir les minutes de silence, les minutes de temps additionnel, les minutes de trop (surtout quand l'équipe gagne et qu'on a envie que l'arbitre siffle). Mais il y a aussi ces minutes où les supporters décident de s'enflammer pour encourager leur équipe, pour rendre hommage à un joueur ou bien, tout simplement, pour faire la fête.
Aston Villa / Stiliyan Petrov – 19e minutePendant sept saisons, le Bulgare Stiliyan Petrov a fièrement arboré les couleurs d’Aston Villa, numéro 19 sur les épaules. Il en était même devenu le capitaine en 2009, et le chouchou du public. Mais en mars 2012, après une forte fièvre, les médecins lui décèlent une leucémie aigüe. Il est contraint de s’arrêter pour une durée indéterminée. Quelques semaines plus tard, il rend visite à ses coéquipiers lors d’un match face à Chelsea. À la 19e minute, en référence à son numéro de maillot, les fans des Villans ont entonné des chants à sa gloire, ce qui a fortement touché le joueur. En mai 2013, et malgré une leucémie en rémission, Petrov est contraint de mettre un terme à sa carrière de footballeur. Mais, à chaque 19e minute, les fans d’Aston Villa rappellent à leur manière qu’il restera toujours leur capitaine.
FC Barcelone / Éric Abidal – 22e minuteAujourd’hui revenu en grande forme sous le maillot de Monaco, Éric Abidal a bien cru, il y a quelque temps, devoir mettre un terme à sa carrière. Le 15 mars 2011, alors qu’il évolue au FC Barcelone, club dont il est devenu l’un des piliers, l’ancien Lyonnais est contraint brusquement d’arrêter sa carrière, à cause d’une tumeur au foie. Les fans catalans sont sous le choc. Quatre jours après la terrible nouvelle, pour afficher son soutien au joueur français, le public du Camp Nou se met debout à la 22e minute du match contre Getafe (le numéro de maillot d’Abidal), et applaudit sans s’arrêter pendant 60 secondes. Un événement qui va devenir une coutume à Barcelone, et ce, à chaque match, jusqu’au retour du joueur. Cela lui aura porté bonheur, puisqu’Abidal est aujourd’hui en pleine possession de ses moyens. Toujours avec le 22 sur les épaules.
Toronto FC / Danny Dichio – 24e minuteDanny Dichio n’est pas le plus célèbre des joueurs de football. Pourtant, il existe un endroit dans le monde où il est une véritable légende : à Toronto, au Canada. Dichio a passé sa carrière entre l’Angleterre (QPR, Sunderland, WBA) et l’Italie (Sampdoria, Lecce). Mais en 2007, il décide d’aller terminer sa carrière en MLS, et s’engage avec le club de Toronto. Cette équipe vient tout juste d’être créée, et s’apprête à participer à son premier championnat des États-Unis. Le 12 mai 2007, Dichio inscrit le tout premier but de l’histoire de Toronto, à la 24e minute d’un match face à Chicago Fire. Il sera d’ailleurs exclu lors de ce même match (un détail). Dichio a raccroché les crampons en 2009, à l’âge de 35 ans. Mais les supporters canadiens ne l’ont pas oublié : à chaque match, à la 24e minute, ils chantent en l’honneur de ce premier but, gravé à jamais dans l’histoire du club.
AIK Solna / Ivan Turina – 27e minuteLe 3 mai 2013, le club suédois de l’AIK Solna est frappé par une terrible tragédie : le gardien croate du club, Ivan Turina, est retrouvé mort à son domicile. Ce décès a véritablement choqué les fans suédois, et tous les joueurs du championnat. Ainsi, deux jours plus tard, le match entre Malmö et Norrköping a été interrompu à la 27e minute de jeu. Pendant une minute, les joueurs et tous les gens présents dans le stade ont longuement applaudi, alors qu’une photo d’Ivan Turina était affichée sur l’écran géant du stade. 27, c’était le numéro que portait Turina. La même scène a eu lieu sur toutes les pelouses de Suède, ce même week-end. Et depuis, dans le stade de l’AIK Solna, à chaque 27e minute, c’est le même hommage qui retentit dans les gradins.
Anderlecht / Marcin Wasilewski – 27e minuteMarcin Wasilewski a bien failli voir sa carrière s’arrêter le 30 août 2009, suite à un tacle de sauvage du Belge Axel Witsel. Résultat: fracture ouverte de la jambe et huit mois d’absence pour le joueur d’Anderlecht. Fort heureusement, le Polonais a pu compter sur le soutien de son public, qui a décidé de lancer un chant à sa gloire à la 27e minute de chaque match. 27, comme son numéro chez les « Mauves » , évidemment. Aujourd’hui, Wasilewski gambade à nouveau. À Leicester, en Angleterre.
Trabzonspor – 61e minuteLes supporters turcs sont connus pour leur ferveur et leur passion, c’est un fait. Là-bas, quand on aime un club, on n’hésite pas à le montrer. À Trabzon, c’est encore un peu plus spécial. À la 61e minute de chaque rencontre, c’est une ambiance de carnaval qui s’empare du stade Hüseyin Avni Aker : jets de confettis, ballons, pétards, fumigènes et chants à tout rompre. Pourquoi 61? Tout simplement parce qu’il s’agit du code de la ville de Trabzon. Ces gens-là savent d’où ils viennent.
Eintracht Braunschweig – 67e minuteL’Eintracht Braunschweig vient de remonter en Bundesliga pour la première fois depuis 28 ans. Du coup, le club de Basse-Saxe tient à se faire respecter, et à montrer qu’il n’est pas un parvenu. C’est, après tout, un club qui jouit d’une grande tradition, qui a compté dans ses rangs des joueurs comme Paul Breitner ou encore Igor Belanov, qui a été le premier club à avoir un sponsor maillot outre-Rhin (Jägermeister) et qui a même été champion d’Allemagne, tiens. En 1967. Du coup, à la 67e minute, un chant s’élève des travées de l’Eintracht Stadion : « Champion d’Allemagne, en jaune et bleu, 1967, c’était notre BTSV » . Ça peut paraître plat, mais en allemand, ça sonne pas mal.
Lazio Rome / Senad Lulić – 71e minuteÀ Rome, il y a un match que l’on attend toute l’année : le derby entre les deux clubs de la ville, la Lazio et la Roma. Le 26 mai dernier, pour la première fois dans leur histoire, les deux équipes se sont affrontées en finale de la Coupe d’Italie. Une finale qui offrait, du surcroît, une place en Europa League au vainqueur. Autant dire que dans la ville éternelle, ce match était au moins aussi important qu’une finale de Coupe du monde. C’est finalement la Lazio qui s’est imposée 1-0, grâce à un but du Bosnien Lulić à la 71e minute. Depuis, à chaque match de leur équipe, les supporters de la Lazio, à la 71e minute précisément, entonnent des chants en l’honneur de Lulić, et chambrent leur cousins romanisti ( « ceux qui ne sautent pas sont de la Roma » ou encore « Romanista, cette année, l’Europe, tu la regardes à la télé » ). En attendant, la Roma est pour le moment leader de Serie A.
Radid Vienne / Josef Uridil – 75e minuteEn 1921, dans un match décisif pour le titre de champion d’Autriche, le Rapid Vienne est mené 5-1 à la pause par le Wiener AC. À un quart d’heure de la fin, le score est de 5-3. Puis arrive la 75e minute. Le public du Rapid se lève et applaudit ses joueurs pour les encourager. Le Rapid finira par remporter la rencontre 7-5, avec sept buts du même Josef Uridil. Le Rapidviertelstunde (quart d’heure du Rapid) est né. Depuis, les fans de l’ancien club de Carsten Jancker et Trifon Ivanov se lèvent à la 75e minute pour encourager leur équipe, quel que soit le résultat. Mais il faut croire qu’il n’y a eu qu’un seul Josef Uridil.
Lech Poznań & Western Sydney Wanderers / The Poznań – 80e minuteBien que personne ne soit d’accord sur l’origine de cette pratique, les supporters du Lech Poznań ont réussi à donner le nom de leur ville à l’une des chorégraphies les plus connues du football : « The Poznań » . Cette pratique consiste à se lever, à se mettre de dos par rapport au terrain, attraper ses camarades par les épaules et à sauter, sauter, sauter. L’un des exemples les plus marquants de cette célébration vient d’Australie. À la 80e minute de chaque rencontre, les supporters des Western Sydney Wanderers exécutent le « Poznań » pour commémorer le premier match joué dans l’ouest de Sydney, en 1880.
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Par Ali Farhat et Eric Maggiori