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Ces cinq hommes d’Épinal peuvent faire tomber Lille
Sages comme des images ? Pas vraiment. À l’heure de défier le LOSC en huitièmes de finale de la Coupe de France, plusieurs Spinaliens ont des choses à prouver. Que ça soit pour réveiller le souvenir de leur passé dans le monde pro ou pour toquer à sa porte. Présentations.
Alpha Kubota, orient express
Ou Alpha Kubota-Sawaneh de son nom complet, témoignant de son métissage. Japonais par sa mère et sierra-léonais par son père, l’attaquant a grandi sur l’archipel nippon jusqu’à 18 ans avant de rallier le Vieux Continent pour percer dans le football. « J’aurais pu jouer dans mon pays, mais j’ai choisi de venir en France où j’ai de la famille du côté de mon papa, à Paris » , explique-t-il à Vosges Matin. Dans la capitale, son cousin Iya Traoré, freestyleur attitré de la butte Montmartre, lui dégote par ses contacts un essai aux Girondins de Bordeaux. « La saison au Japon se termine en décembre et quand je suis arrivé à Bordeaux, cela faisait six mois que je n’avais pas joué. Alors, j’ai eu du mal. » C’est donc à la Jeanne d’Arc de Drancy qu’il raccroche les wagons, malgré les délais pour faire valider sa licence. La saison suivante, la tambouille administrative est aussi peu digeste à Montceau-les-Mines, au milieu de onze mutés. Pourtant le garçon intéresse : Lorient et Cholet viennent aux informations, mais c’est finalement dans les Vosges qu’on lui donne depuis 2018 l’occasion de s’exprimer. Et il le rend bien : son but a permis de sceller la victoire contre Sochaux au 7e tour.
Mickaël Biron, gold oracle
Lorsque Épinal est allé défier en Martinique le Golden Lion de Saint-Joseph en novembre 2018, il ne pensait pas revenir aussi chargé. Car lors de ce 7e tour de la dernière édition de la Coupe, le staff spinalien est tout simplement tombé amoureux de l’attaquant Mickaël Biron, qu’ils ont fait venir en Lorraine l’été suivant. À 22 ans, l’attaquant de poche (1,70m), rapide et adroit devant le but, glanait là l’opportunité de s’illustrer en métropole, alors qu’il avait auparavant évolué pendant quatre ans avec les jeunes de Lausanne Sport sans percer, avec notamment un essai infructueux à l’AC Ajaccio. Rentré frustré, devenu salarié dans une entreprise de climatisation sur son île, il avait refusé de se perdre dans des obscurs clubs mexicains, américains et thaïlandais. Mais c’est une sélection avec la Martinique qui a relancé ses ambitions. Il est alors retenu pour le Tournoi des 4 (regroupant la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe et la Corse) avant d’être embarqué pour la dernière Gold Cup, espérant aujourd’hui que le SAS sera une porte d’entrée vers le monde pro. « En venant à Épinal, je sais que je peux réussir » , confiait-il à Vosges Matin. « Épinal est entouré de nombreux clubs pros. Je n’ai pas abandonné l’idée de devenir professionnel et en signant à Épinal, je veux vraiment voir si j’ai le niveau. » Et quelle meilleure vitrine que la Coupe de France pour se montrer ?
Xavier Collin, un fil à dérouler
Le 24 décembre 2018, Xavier Collin pensait trouver un joli paquet cadeau sous son sapin le lendemain. Car dans les colonnes de La Nouvelle République, le directeur sportif de Châteauroux, Jérôme Leroy, le nommait dans sa short list pour s’asseoir sur le banc de la Berrichonne. Mais c’est finalement Nicolas Usaï qui a été l’heureux élu, Collin ayant notamment le défaut de ne pas avoir le diplôme requis. Pas de quoi déprimer l’ancien défenseur de l’AC Ajaccio et de Montpellier, heureux de pouvoir continuer la mission entreprise en février 2016 avec son club formateur, le SA Spinalien. « Je suis resté à Épinal car j’aime le club, et son projet est intéressant, ambitieux » , affirmait-il. Septième du groupe A de National 2, il sait que l’accession à l’étage supérieur sera une nouvelle fois compliquée à obtenir. Mais la Coupe de France lui permet de mettre son projet en lumière, lui qui mise sur « une solidité importante avec des défenseurs expérimentés[…], même si ce n’est pas notre approche de fermer le jeu » . « On n’est pas une équipe qui attend, on aime jouer au foot, on a des gars qui ont des qualités offensives et qui aiment se projeter » , présentait-il au média Clicanoo. Christophe Galtier est prévenu : il n’aura pas affaire à des peintres.
Ismaël Gace, la caution pro
Combien de joueurs présents ce mercredi au stade de la Colombière peuvent se targuer d’avoir évolué plus de 30 matchs avec Luigi Glombard, Emerse Faé et David Hellebuyck ? Avec 45 rencontres de Ligue 1 au compteur sous les couleurs de l’OGC Nice en 2007 et 2011, le défenseur central a bien eu ce privilège. Également passé par Boulogne-sur-Mer, Fréjus ou Les Herbiers et formé au Paris Saint-Germain, Ismaël Gace s’est posé comme le patron à Épinal et un relais du coach sur le terrain. « Je suis arrivé pour apporter ma parole, j’aime ça, apporter mon expérience, assure-t-il à Vosges Matin. Je sens que les jeunes sont à l’écoute, ont envie d’apprendre. » Prochaine leçon ce mercredi soir.
Jean-Philippe Krasso
Les joueurs de l’Entente SSG ont déjà pu noter ce nom. Puisque c’est sur un exploit individuel, une longue séquence de dribbles depuis le côté droit, que Jean-Philippe Krasso a mis fin à leur parcours au 8e tour. Juste quelques crochets de plus pour un garçon de 22 piges qui a déjà pas mal bourlingué, entre Stuttgart, sa ville de naissance, puis Schiltigheim, Montreuil ou Chartres, au gré des déménagements imposés par ses parents. C’est dans l’Eure-et-Loire, qu’il met réellement le pied à l’étrier avant d’intègrer le pôle Espoir de Châteauroux et de rejoindre Lorient. Chez les Merlus, l’Ivoirien connaît un premier coup d’arrêt : « Je n’avais plus la confiance du coach et j’ai fini par lâcher parce que j’avais été mis de côté la première année de mon contrat stagiaire. La seconde, j’ai travaillé pour moi. » Un bac STMG en poche, le train du professionnalisme étant passé, Jean-Philippe se relance à Schiltigheim, où il est tout proche de décrocher une accession en National. Un second souffle qu’il cherche à faire perdurer de l’autre côté du massif vosgien, sur le versant lorrain.
Par Mathieu Rollinger