- En partenariat avec Netflix
Ces ballons qui sont partis dans un monde parallèle
Parfois, une victoire en Coupe du monde ou une finale de Ligue des champions ne se jouent qu’à une poignée de millimètres : un ballon qui rase le montant, un gardien qui détourne un tir du bout des doigts, une frappe qui heurte un poteau carré et qui ressort... Ce n’est pas du tout de ce genre de tirs dont on va parler ici. Non, ici, il sera seulement question de tirs envoyés directement sur le parking du stade, de frappes qui finissent en orbite, de champions seuls face au but vide et qui envoient le ballon dans l’Upside Down, la dimension alternative de Stranger Things, la série diffusée sur Netflix. Un monde parallèle où tout est sombre, où l’on n’a pas vraiment envie d’aller chercher ces ballons perdus à jamais.
#10 - Sergio Ramos
Le penalty de Sergio Ramos en 2012
Il fut un temps où Sergio Ramos n’était pas encore ce défenseur héroïque qui surgit dans les arrêts de jeu des matchs serrés pour mettre un coup de tête décisif et faire gagner le Real Madrid. Il n’y a pas si longtemps, Sergio Ramos avait encore les cheveux longs, un serre-tête ridicule et un certain talent pour défaillir dans les instants cruciaux. En 2012, en demi-finale de Ligue des champions contre le Bayern Munich, il se présente lors de la séance de tirs face à Manuel Neuer et expédie une praline monumentale, hors de portée du gardien allemand… et très largement au-dessus des cages. En fait, même si on avait empilé deux buts, le tir de Ramos aurait quand même fini dans l’Upside Down. Schweinsteiger en profite pour transformer son penalty et envoie le Bayern Munich en finale. On attend toujours que le ballon retombe…
#9 - Fernando Torres
La malédiction de Fernando Torres
Jusqu’en janvier 2011, el Niño Fernando Torres est un joueur touché par la grâce. Capitaine et idole de l’Atlético de Madrid à 19 ans, il devient l’un des meilleurs attaquants du monde sous le maillot de Liverpool, où son association avec Steven Gerrard fait des ravages. Et puis, à la suite de quelques mois un peu plus difficiles chez les Reds, Torres décide de prendre la tangente, direction les Blues de Chelsea. Et là, c’est le drame : près de 3 mois et demi sans inscrire le moindre but, des prestations calamiteuses, des embrouilles avec ses coéquipiers et déjà des rumeurs de transfert. En septembre 2011, Torres est pourtant toujours à Chelsea lors d’un déplacement à Old Trafford. Il marque un premier but, et hérite à dix minutes de la fin du match d’une occasion de réduire le score (3-1). Bien lancé par Ramires, il dribble David de Gea d’un superbe passement de jambes… et envoie le ballon en tribune. C’est peut-être à cet instant-là que la carrière de Fernando Torres a suivi la même trajectoire…
#8 - David Beckham
La glissade de David Beckham
La date du 11 octobre 2003 restera à jamais gravée dans la mémoire de David Beckham. Ce soir-là, en dépit de la qualification de l’Angleterre pour l’Euro 2004 décrochée en Turquie, le Spice Boy a connu une petite mésaventure qui l’a poursuivi pendant plusieurs années. On joue la 37e minute quand Steven Gerrard s’infiltre dans la défense des Turcs et s’écroule entre deux défenseurs. La faute n’est pas évidente, mais Pierluigi Collina désigne aussitôt le point de penalty et offre à Beckham une occasion en or d’assurer la qualif’ sans plus attendre. Dans les buts, Rüştü Reçber s’est dessiné des peintures de guerre sous les yeux et attend la sentence. Beckham s’élance, glisse au moment de frapper et expédie le ballon 38 mètres au-dessus de la transversale. Un loupé incroyable qui lui vaudra bien des moqueries, et notamment celle du défenseur turc Alpay Özalan dans le couloir menant aux vestiaires, mais qui n’empêchera pas les Anglais de se qualifier pour l’Euro. Où David Beckham manquera encore un penalty face à l’équipe de France, qui coûtera la victoire aux Anglais (1-2)…
#7 - Cristiano Ronaldo
Le double loupé de Cristiano Ronaldo
La saison 2006-2007 est celle de l’explosion pour Cristiano Ronaldo sous le maillot de Manchester United : 17 buts et 14 passes décisives, excusez du peu, en 34 rencontres de Premier League. Le 18 novembre, à l’occasion d’un déplacement sur la pelouse de Sheffield United, CR7 réussit pourtant le seul doublé de sa carrière dont il se serait bien passé : deux incroyables loupés en un petit quart d’heure. Acte I : à la réception d’un centre de Ryan Giggs, il appréhende très mal la trajectoire du ballon et frappe péniblement du genou, ça passe largement à côté des cages. Acte II, quelques minutes plus tard : à la suite d’une séance de grigris de Rooney sur l’aile, Giggs hérite de nouveau du ballon et glisse un caviar absolu à Cristiano, absolument seul face au but vide, au second poteau. Sauf que le Portugais expédie le ballon très largement au-dessus, au-dessus du gardien, au-dessus des cages, au-dessus des tribunes, au-dessus de son ego démesuré, pour atterrir dans une autre dimension.
#6 - Simone Zaza
Les claquettes de Simone Zaza
119e minute du quart de finale entre l’Italie et l’Allemagne à l’Euro 2016, au Stade Matmut de Bordeaux. La Squadra Azzurra tient tête à la Mannschaft, pourtant championne du monde en titre et grande favorite de la compétition. Antonio Conte opère un dernier changement tactique, en vue de la séance de tirs au but à venir, et fait entrer Simone Zaza, un spécialiste de la discipline. La suite appartient à l’histoire : l’attaquant de la Juve exécute face à Manuel Neuer une course d’élan assez peu conventionnelle et balance un gigantesque cachou qui s’en va rebondir sur la station spatiale de Thomas Pesquet. Les réseaux sociaux s’enflamment, les mèmes et détournements de la « danse de Zaza » éclipsent presque l’élimination de l’Italie, et le joueur n’a plus que ses yeux pour pleurer : « Ce qui s’est passé va me rester collé à la peau jusqu’à la fin de ma vie. C’était un moment crucial pour l’équipe, et pour moi, et j’ai échoué. Encore une fois je suis désolé. » Au moins, on aura bien rigolé.
#5 - Ryan Giggs
« Ça arrive même aux ailleurs » , par Ryan Giggs
Ryan Giggs est une légende. On se souviendra notamment qu’il a marqué le plus beau but de l’histoire de la FA Cup, contre Arsenal, en 1999, au terme d’une chevauchée fantastique de plus de 70 mètres. Mais on n’oubliera pas de sitôt qu’il est également l’auteur du plus incroyable loupé de l’histoire de la FA Cup, contre Arsenal, en 2003. Parti dans le dos de la défense, le Gallois évite la sortie du gardien, puis le retour d’un défenseur des Gunners, et n’a plus qu’à pousser le ballon au fond des filets. Malheureusement, l’idole d’Old Trafford envoie directement le ballon chez les supporters, et Arsenal s’impose 0-2. Quand une légende se loupe, c’est forcément un loupé de légende.
#4 - Fernando Torres
Fernando Torres, toujours lui
S’il ne devait rester qu’un spécialiste mondial du ballon projeté tout droit dans l’Upside Down, ce serait sans nul doute Fernando Torres. Pas le Fernando Torres fin et élégant qui est devenu le Kid d’Anfield Road, non, mais plutôt son double maudit, celui qui a signé à Chelsea et dont l’Europe toute entière se moquait parce qu’il ne mettait plus un pied devant l’autre. En grand artisan du raté face au but vide, Fernando Torres savait parfois faire preuve de créativité, comme lors de ce match amical de pré-saison disputé le 27 juillet 2014, entre Chelsea et le club slovène de l’Olimpija Ljubljana. Impeccablement servi par le jeune Nathan Aké, Torres réussit un geste technique d’une rare maîtrise et met le ballon sur orbite grâce à un contrôle de la poitrine réalisé à environ 1 mètre du but. Du très, très grand art.
#3 - Lionel Messi
Les larmes de Lionel Messi
Lionel Messi n’a pas toujours été le sauveur de l’Albiceleste, qui envoie sa sélection à la Coupe du monde en faisant tout le boulot tout seul. En 2016, il fut même le fossoyeur de l’Argentine, en loupant complètement son tir lors de la séance de tirs au but en finale de la Copa América 2016 : toute la pression du monde sur les épaules, 2 ans après la finale de Coupe du monde perdue, deux pas d’élan, et hop, un ballon expédié tout droit dans l’Upside Down. C’en est trop pour la Pulga, qui s’effondre en larmes pendant que le Chili célèbre sa victoire. On se retrouve en finale de la Coupe du monde 2018 ?
#2 - Diego Forlán
La perte de contrôle de Diego Forlán
On parle sans doute du plus magnifique loupé de l’histoire du football, de la pépite qui conclut toutes les compilations YouTube des plus gros fails de notre sport préféré… La bourde élevée au rang d’œuvre d’art. Nous sommes en juillet 2003. On joue les dernières minutes d’un match de pré-saison entre Manchester United et la Juventus, au Giants Stadium de New York, et le score est déjà de 4-1 pour les Red Devils. Sur un ballon anodin aux abords de la surface italienne, Christian Abbiati se précipite et commet une faute de main à peine croyable. Le jeune Diego Forlán (24 ans) a bien senti le coup et s’échappe donc balle au pied, absolument seul, face au but vide. Ne reste plus qu’à pousser le ballon au fond… L’attaquant uruguayen étant quelqu’un de sérieux, il décide d’assurer le coup en plaçant un petit « plat du pied, sécurité » … et pousse le ballon dans le petit filet. Même en disséquant l’action au ralenti, l’enchaînement de maladresses est à peine croyable. On en viendrait presque à se demander comment Diego Forlán a pu faire carrière après une telle bévue.
#1 - Neymar
Le penalty de Neymar qui décolle à la verticale
Neymar est indiscutablement l’un des plus grands artistes de la planète balle au pied. C’est bien simple : il fait des choses avec le ballon que très peu de gens sur cette planète sont capables de reproduire. Son slalom hallucinant conclu par un but avec Santos… Son coup du sombrero fabuleux contre Villarreal sous le maillot du Barça… Son coup franc phénoménal avec le Paris Saint-Germain… Ou encore ce penalty frappé à la verticale contre la Colombie, en novembre 2012, en match amical. On joue alors la 80e minute, le score est de 1-1, et le Brésil a donc l’opportunité d’assurer la victoire. Neymar entreprend sa course d’élan habituelle, marque un petit temps d’arrêt, et propulse le ballon droit au-dessus de sa tête, à la stupéfaction de tout le stade. Cet événement qui défie les lois de la physique n’a toujours pas été expliqué par les scientifiques qui bossent pourtant là-dessus depuis plus de cinq ans aujourd’hui. Seuls les initiés le savent : le ballon a pris le chemin de l’Upside Down, et il est probable qu’on ne le revoie jamais.
Par Julien Mahieu