- Coupe du monde 2014
- 1/4 de finale
- Brésil/Colombie
Ces attaquants qui auraient dû être à la place de Fred et Jô
À eux deux, ils ont marqué un seul but depuis le début de la Coupe du monde. Eux, ce sont les attaquants de l'équipe du Brésil. Ils s'appellent Fred et Jô et n'ont rien à faire à la pointe d'une telle sélection. Mais qui mettre à leur place ?
Diego Costa
Il n’avait aucune concurrence au Brésil et pourtant il a choisi l’Espagne. La faute à qui ? À Scolari, qui ne lui offre aucune garantie et ne le fait jouer que 17 minutes en Russie à l’occasion de son premier match (non officiel) avec la Canarinha, ou au buteur colchonero dont le caprice de star et l’opportunisme l’ont poussé à frapper à la porte de la sélection espagnole ? À moins que ce ne soit de la faute des pontes du football national, très durs et méprisants envers les joueurs qui n’ont jamais fait leurs preuves dans le Brasileirão. Et dire que Diego Costa aurait pu jouer les quarts de finale de la Coupe du monde avec Fred sur le banc, tandis que Jô serait resté tranquillement à la maison, nous épargnant ainsi ses prestations au mieux médiocres. Tout le monde est perdant, fin de l’histoire.
Brandão (aka la Brandade)
Quitte à avoir un type maladroit en attaque, autant prendre un travailleur, un lâche-rien, un vicieux qui, à l’instar d’un adepte de Muay-Thaï, se sert plus souvent de ses coudes et genoux que ses pieds et fait craquer les défenseurs. Alors certes, il prendrait des cartons jaunes et peut-être même un rouge, mais serait toujours présent dans les moments importants. Mieux, il offrirait l’assurance de planter un pion en finale, sans doute celui de la victoire. Bref, la sélection brésilienne manque de Brandade, nouveau nom de celui qui n’a désormais plus d’yeux que pour la France.
Leandro Damião
Annoncé un peu partout lors des mercatos estivaux de 2012 et 2013, convoqué par Scolari dans le groupe qui a aisément remporté la Coupe des confédérations, Leandro Damião a fini par disparaître de la circulation sans qu’on comprenne vraiment pourquoi. Le bougre a eu le malheur de se blesser pendant le traditionnel tournoi qui précède d’un an la Coupe du monde. Depuis, l’intérêt que lui portait le sélectionneur brésilien est allé decrescendo, jusqu’à l’oubli total. Le rendement de l’attaquant de Santos a peut-être baissé par rapport à l’avant-blessure, mais il n’en demeure pas moins un redoutable finisseur sachant manier le ballon et ayant déjà goûté au poids du maillot de la Seleção. Il avait sa place dans les 23. À moins qu’une histoire de vestiaires l’ait écarté du groupe.
Walter
Il est moins grand que Fred, mais pèse plus. Sur la balance (86 kg dus à un amour excessif pour les gâteaux) et sur le jeu de Goias, à qui il a permis d’atteindre le top 5 du Brasileirão l’année dernière. Malheureusement pour Walter, nous vivons dans un monde d’apparences. Pourtant, c’est bien connu. Le petit gros du terrain de ton quartier est très souvent l’un des meilleurs joueurs du coin.
Lima
Il voulait la nationalité portugaise parce que la concurrence était plus faible qu’au Brésil. Sauf qu’en réalité, bien malin est celui qui arrive à départager le tandem Fred-Jô du trio Postiga-Almeida-Éder. Une délicieuse brochette de chèvres que Lima mange aisément avec ses 14 pions et sa dizaine de passes décisives en 28 matchs disputés cette saison -qui en plus n’était pas sa meilleure. Il doit y avoir comme un goût amer dans la bouche du Benfiquista. En même temps, comment ne pas sombrer dans le désespoir quand on gagne tout au Portugal, échoue à deux doigts du graal en Europe, pour qu’au final Scolari ignore votre existence et sélectionne les attaquants de Fluminense et de l’Atlético Mineiro ? Chienne de vie.
Thalles
Pour résoudre le problème des attaquants brésiliens, quoi de mieux qu’un bon vieux théorème ? Thalles a beau être un peu jeune (19 ans), il explose complètement depuis le début de la nouvelle saison brésilienne, avec comme climax le festival de Toulon qu’il gagne avec la jeune Seleção. En plantant deux pions dont un en finale, Thalles montre qu’on peut compter sur lui dans les moments importants. D’ailleurs, il attend très souvent les gros matchs pour sortir de sa tanière et livrer le récital de ses meilleurs coups. Frappe de mule, courses croisées, jeu de tête et coup de rein, le mioche a tout du joker de luxe, à défaut d’être suffisamment mûr pour aspirer à une place de titulaire dans le onze de Scolari. Au lieu de ça, le Brésil se tape le sosie technique d’Éder (chèvre !). Triste.
Hulk
Et pourquoi pas, bordel ? C’est le seul plan B dont Felipao dispose devant et il faudrait commencer à y songer mûrement. Oui, Hulk est moins à l’aise en 9, mais il apporterait peut-être plus que Fred au même poste. Ses qualités physiques et son abnégation en feraient un poison pour les défenseurs mal à l’aise à la relance – imaginez un Mamad’ pressé par un Hulk fou furieux pendant 90 minutes. Sans oublier que sa vitesse et sa puissance balle au pied sont deux qualités non négligeables. Pour le remplacer sur l’aile, Scolari a le choix entre le prometteur Bernard et faire monter Willian d’un cran, quitte à remettre tout le monde en place à l’heure de jeu en faisant entrer Fred.
Par William Pereira