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Celta Vigo, la fausse surprise
Propulsé dans les hautes sphères de la Liga grâce à son début de saison tonitruant, le Celta Vigo revient au premier plan à l'aide d'un mélange entre collectif huilé et belles individualités. Si leurs récentes performances peuvent surprendre, en réalité, cela est dû à tout sauf au hasard.
Mécanique, explosif et sans aucune once de pitié. En ce mercredi 23 septembre à Balaídos, quelque chose de magique est en train de se produire. Déjà devant au score malgré la réduction de l’écart par Neymar, le Celta Vigo garde un avantage de deux buts contre le FC Barcelone. Leaders incontestés avec quatre victoires pour autant de journées disputées, les Catalans prennent l’eau à Vigo, face à une équipe pourtant pensionnaire de la Liga Adelante il y a seulement trois saisons. Entré à la place de Iago Aspas quatres minutes auparavant, John Guidetti effectue un contrôle propre sur le centre tendu de Hugo Mallo, pour fusiller Ter Stegen de près. Le Suédois part bras écartés vers le public celeste, quand de l’autre côté, Lionel Messi baisse les yeux et lâche un crachat. 4-1, fin du spectacle. Le Barça subit de plein fouet la loi d’une équipe bâtie pour jouer, séduire et, donc, gagner. Vigo fait son grand retour, et à vrai dire, les adeptes de l’esthétisme ne peuvent que s’en réjouir.
Mouriño, l’homme providentiel
Si le Celta est aujourd’hui aussi dangereux à affronter pour toutes les équipes de Liga, c’est qu’à la base, la situation économique du club est redevenue stable. Dans une saison 2003-2004 où le club est éliminé en huitièmes de finale de la Ligue des champions contre Arsenal (2-3, 0-2), le pain quotidien du championnat est beaucoup moins glorieux : une dix-neuvième place, synonyme de relégation. Forte tête, le club parviendra à remonter l’année suivante, mais ses difficultés financières ne lui permettent plus de s’installer durablement dans l’élite. Ancien milieu de terrain du Celta Vigo entre 1996 et 1998, Daniel Dutuel explique ce phénomène : « Comme dans beaucoup de clubs, on savait que les droits télé donnaient de l’argent aux clubs, pour ensuite les investir dans les transferts, explique l’actuel assureur de footballeurs. Quand la période de crise est arrivée, les clubs qui avaient fait n’importe quoi se retrouvaient en difficulté. »
Le Celta Vigo n’échappe pas à la règle et se retrouve très vite à squatter le bas de tableau de Liga Adelante entre 2007 et 2010. Dans leur galère, les Célticos vont toutefois trouver leur futur phare pour des saisons à venir : Carlos Mouriño. Président du club depuis l’été 2006, l’entrepreneur originaire de Vigo est le point de départ de cette renaissance. « Il a sorti le club de ses difficultés financières, l’a rendu sain, et maintenant, il lui fait regagner de l’argent » , détaille Dutuel, toujours informé depuis ses années passées dans le Nord-Ouest de l’Espagne. La remontée en Liga se fait lors de la saison 2011-2012, où l’équipe, déjà détentrice du jeune Iago Aspas dans ses rangs, termine deuxième au classement. Une fois sa période de guérison terminée, le Celta partira sur une toute nouvelle politique de gestion en Liga, histoire d’apprendre des erreurs du passé.
« Il faudra compter sur le Celta dans les années à venir »
C’est un fait : depuis 2012, la mécanique du Celta est en constante progression. Sauvé in extremis à la dernière journée pour terminer dix-septième en 2013, neuvième après une saison plus calme en 2014, puis huitième la saison passée, le Celta est aujourd’hui dans la continuité de ses performances dans les places européennes. Depuis l’année 2014, Luis Enrique a confié les clés du poste d’entraîneur à Eduardo Berizzo. Et le club ne perd pas forcément au change avec l’Argentin, ancien adjoint de Marcelo Bielsa avec la sélection nationale chilienne. « Depuis que Berizzo est là, le club joue très bien au ballon, analyse Dutuel. Il y a une vraie continuité sur les résultats, mais aussi dans les recrutements. Quand on voit Wass arriver à la place de Krohn-Dehli par exemple, c’est un très bon coup. Wass, on sait qu’il est capable d’être excellent depuis qu’il a joué pour Évian. Même si sa dernière année en France était plus difficile, il recherchait un nouveau challenge. C’est aussi une équipe avec de très bons jeunes. » Des jeunes comme Santi Mina, parti cet été pour 10 millions d’euros au FC Valence et remplacé numériquement par John Guidetti, arrivé libre de tout contrat. Une bonne gestion, quoi. Aussi, le club peut compter sur le retour en grande forme du régional Iago Aspas, après son passage décevant à Liverpool. D’ailleurs, ces deux hommes étaient avec Nolito, le maître à jouer de l’équipe, les trois bourreaux du Barça il y a dix jours. « Cela reste une surprise de mettre 4-1 au Barça, mais les voir en haut du tableau, ce n’est pas surprenant, termine Dutuel. L’an passé, ils avaient perdu 4-2 à domicile contre le Real. Dans les médias pourtant, on disait que c’était une des seules équipes d’Espagne à avoir vraiment défié le Real Madrid dans le jeu. Je pense qu’il faudra compter sur le Celta dans les années à venir. » À commencer par cette saison 2015-2016.
Par Antoine Donnarieix