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Celeste in Uruguay

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Celeste in Uruguay

Rêvée depuis 1905, la première édition de la Coupe du Monde a enfin lieu. Treize équipes se retrouvent en Uruguay et viennent se disputer un trophée plaqué or, la Déesse de la Victoire, trimbalé dans la valise de Jules Rimet. Dépucelage international pour le monde du football - même si aucune équipe africaine, asiatique ou océanique n'y participe - avec les premiers buteurs, les premières légendes, les premières embrouilles et le sacre de la Celeste. La Coupe du monde 1930, une compétition aux allures d'expédition sur fond de mystère.

Une expédition
Bien avant l’éruption d’Eyjafjöll, traverser les océans sans avion n’était pas une sinécure. Ainsi, les quatre sélections européennes (France, Belgique, Roumanie et Yougoslavie) qui s’engagent à rallier Montevideo doivent prendre le bateau. Quinze jours de traversée pour les Yougoslaves, qui embarquent à bord du MS Florida tandis que les délégations roumaine, française et belge se tapent l’Océan Atlantique sur le même paquebot : le Conte-Verde. Durant les journées en mer, les sélections s’entraînent et s’entretiennent à tour de rôle sur le pont sous le regard amusé des voyageurs. Finalement, les Européens mettent pied à terre en Uruguay le 4 juillet, neuf jours avant le début du tournoi.
L’Uruguay en patron
La sélection uruguayenne apparaît comme le favori. Déjà six fois vainqueur de la Copa America et surtout double championne olympique en 1924 et 1928, la Celeste aborde la compétition avec de sérieux atouts. D’autant que si les Européens se tapent le trajet en bateau, les Uruguayens se préparent depuis un mois, façon sud-coréenne, comme de vrais professionnels qu’ils ne sont pas. Soutenue par les 90.000 spectateurs de l’Estadio Centenario, baptisé ainsi en hommage au centenaire de l’indépendance uruguayenne, l’équipe est emmenée par des joueurs brillants tels le capitaine José Nasazzi, Pedro Cea, et surtout Hector Castro, attaquant manchot qui avait perdu une main dans sa jeunesse, tranchée par une scie électrique. L’Uruguay se qualifie pour la finale après avoir sorti la Yougoslavie sur un score de tennis (6-1). La Celeste retrouve en finale l’Argentine, équipe la plus détestée du tournoi.
Les vilains Argentins
En 1930, les Argentins ressemblent aux Uruguayens d’aujourd’hui, pleins d’une garra à la limite du correct. Une équipe de teigneux qui fait dans le tacle à la carotide et le croc-en-jambe avec comme joueur emblématique : Luis Monti. A lui tout seul, il réussit à provoquer une baston générale face au Chili. Durant le tournoi, l’Albiceleste doit être escortée par la police et son hôtel sera constamment surveillé. Le public de Montevideo les prend en grippe si bien qu’en phase de poules, les spectateurs supportent la France plutôt que le voisin argentin. Sous la carapace de brutes épaisses se cachent des hommes responsables, comme le capitaine Manuel Ferreira qui ratera le match face au Mexique pour passer un examen de droit à Buenos Aires…
Des entourloupes
Cette Coupe du monde ressemble à une immense barbouzerie où toutes les entourloupes sont permises. Les Américains se pointent avec des joueurs britanniques fraîchement naturalisés et accèdent miraculeusement aux demi-finales. De leur côté, les organisateurs cherchent à grossir l’affluence d’un match de poule entre la Roumanie et le Pérou, en annonçant que 3000 personnes se sont entassées dans le stade alors qu’ils étaient tout juste 300. Ça valait bien le coup que Charles II, Roi de Roumanie, sélectionne lui-même les joueurs.Et puis 1930, c’est aussi un arbitrage douteux. Comme par exemple Ulises Saucedo, sélectionneur bolivien, qui joue le rôle d’arbitre lors d’un Argentine-Mexique (6-3) au cours duquel il accorde trois pénaltys, ou Radulescu, entraîneur roumain, arbitre assistant durant la compétition avant de défendre les couleurs de son pays en bobsleigh lors des JO… Mais la palme revient à l’arbitre de France-Argentine, en poule, qui siffle la fin du match à la 86e minute coupant par la même occasion le bon élan français. Face à la fronde du public et des Tricolores, l’arbitre reconnaîtra son erreur et le match se termine sur un faux rythme permettant à l’Albiceleste de conserver son but d’avance.
Le mystère de la troisième place
Le palmarès du premier Mondial n’est pas très clair. Un mystère subsiste : qui a terminé à la troisième place ? Des sources affirment que le match entre les États-Unis et la Yougoslavie, les malheureux demi-finalistes, ne s’est jamais tenu. En effet, les Yougoslaves auraient refusé de jouer car ils n’auraient pas supporté la partialité de l’arbitre en faveur des Uruguayens. Or, d’autres sources font état d’un match remporté par les Yougoslaves 3 buts à 1. Pourtant ce n’est qu’en 1934 qu’une rencontre destinée à désigner le troisième est officiellement instituée. Publié dans les années 80, un bulletin de la FIFA officialise la troisième place américaine. Sur quel critère ? Pourquoi ? Aujourd’hui encore, la confusion demeure…
Une finale sous tension
La première finale se joue dans une tension extrême. Des milliers d’Argentins ont rallié Montevideo afin d’encourager l’Albiceleste. Ils sont accueillis et fouillés par la police uruguayenne tandis que la “garde-montée” locale et des soldats arborant des fusils munis de baïonnettes quadrillent les alentours du stade. Nommé trois heures avant le coup d’envoi, l’arbitre belge obtient des garantis quant à sécurité et sa protection à l’issue du match. Après des chamailleries concernant le ballon –chacune des deux équipes veut jouer avec le sien, il sera finalement décidé que les Argentins taquineront leur pelote en première mi-temps et les Uruguayens la leur en seconde période– les différents se règlent sur le terrain. Malgré le huitième but de Guillermo El Filtrador Stabile (meilleur buteur avec huit réalisations), la Celeste l’emporte 4 à 2 et grimpe sur le toit du monde. Les Uruguayens soulèvent la coupe, même Hector Castro, à une main…

Lucas, Digne de confiance

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