- Billet d'humeur
Célébrez vos buts contre vos anciens clubs, bon sang !
Mercredi soir, le PSG et Leipzig se sont quittés sur un match nul deux buts partout... malgré le fait que Christopher Nkunku se soit excusé d’avoir marqué contre son ancienne écurie. Le genre de trucs qui commencent à vraiment gonfler une grande partie de la planète. Si, si, on vous promet, puisqu'on vous le dit.
Il y avait deux certitudes lors du double affrontement entre le RB Leipzig et le Paris Saint-Germain cet automne. La première : Christopher Nkunku allait faire honneur à la tradition des joueurs qui marquent contre leur ancien club, théorème qui prend toujours un peu plus d’épaisseur quand il s’agit du PSG. La deuxième : Christopher Nkunku ne célèbrerait pas son but. Le match du mercredi 3 novembre en Allemagne a accouché d’un double bingo. Christopher Nkunku a logiquement ouvert la marque pour les locaux d’une belle tête décroisée avant de lever les bras comme pour s’excuser d’avoir trompé le gardien du PSG. Sans aller systématiquement jusqu’à imiter Adebayor qui avait parcouru tout le terrain en deux millisecondes pour aller célébrer son but pour Manchester City face à ses ex-supporters d’Arsenal, pourquoi bouder son plaisir d’avoir marqué ? Quel est le message : « Désolé les gars, je ne voulais pas, mais on me paye pour marquer, fallait me garder » ? Soyons sérieux, le joueur ne doit rien à son ancien club.
Quand un joueur quitte un club, dans l’immense majorité des cas, c’est pour l’une des deux raisons suivantes : soit il a voulu partir, soit on lui a plus ou moins gentiment signifié que ce serait sympathique de sa part qu’il dégage le plancher. Dans les deux cas, qu’est-ce qui justifierait autant de précautions au moment de crucifier son ancien propriétaire ? Est-ce que le PSG, les joueurs et les fans parisiens en voudraient vraiment à Christopher Nkunku s’il avait célébré son but comme l’a fait Szoboszlai sur l’égalisation en fin de match au lieu de simplement se dire qu’ils avaient quand même formé un super joueur qui a l’air d’enfin s’éclater ? D’ailleurs, à bien y réfléchir, ce n’est pas spécialement très élégant vis-à-vis des supporters de sa nouvelle équipe qui sont légitimement en droit d’attendre que leur buteur soit content de planter.
Dans ces cas-là, autant aller au bout de la démarche pour ne pas causer de peine à son ancien club et éviter d’aller au duel de la tête dans les 5,50m sur un centre ou prévenir le gardien que l’on va tirer à tel ou tel endroit, hein… Puis, entre nous, on a tous un peu de mal à croire que Christopher Nkunku a eu de la peine de marquer contre ce PSG-là vu le contexte de son départ. Raisonnons par l’absurde : est-ce que le PSG s’est excusé auprès de Nkunku d’avoir marqué ? D’avoir gagné à l’aller et d’avoir mis fin aux derniers espoirs de qualification pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions de Leipzig au retour ? Est-ce que Wijnaldum a pensé que ses célébrations pouvaient blesser Nkunku, alors qu’ils n’ont jamais joué ensemble ? Et qu’étaient censés faire Xavier Gravelaine, Bobo Vieri, Nicolas Anelka ou tous les attaquants qui ont connu jusqu’à une vingtaine de clubs dans leur carrière ?
Bref, célébrez vos buts, peu importe le maillot que vous portez et l’adversaire que vous affrontez. Au pire, si vous cherchez une bonne raison pour arrêter de ne plus les célébrer, pensez que ça mettra enfin un terme aux commentaires du genre « Quelle classe de la part de machin de ne pas avoir célébré face à son ancien club[émoji chat avec des putains de cœur dans les yeux] » ou « ahhhhh ce fdp qui célèbre contre son ancien club, faut pas avoir de race pour faire ça[émoticône smiley qui dégueule] ». Et ça, ce sera un but marqué pour le camp du bien qu’on célèbrera tous. Sauf si vous avez joué dans le camp du mal la saison dernière, évidemment.
Par Pierre Maturana