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« Celebration Week » en Ligue 1 : La défaite de fin d’année
À l'image du triste contexte dans lequel s'est déroulé le Nantes-Auxerre de ce dimanche, le Boxing Day à la française qui nous est proposé cette semaine est, comme prévu, plus contrariant que réellement festif.
Cette année, les supporters français n’auront pas eu le droit de passer leur dimanche 1er janvier à traîner au lit pour évacuer les excès de leur réveillon du Nouvel An. Du moins ceux de Nantes, Monaco, Angers, Toulouse, et les quelques courageux auxerrois, brestois, lorientais ou ajacciens ayant fait le déplacement à l’extérieur : tout ce beau monde était sur le pont dès quinze heures, en ce premier jour de l’année civile, pour une dix-septième journée de Ligue 1 qui a pris des allures de corvée pour tout le monde (bon, pas pour Lens et Bollaert, bien sûr), au cœur d’un calendrier 2022-2023 dégueulant de partout et d’une « Celebration Week » qui se veut le pendant du Boxing Day britannique. Un vieux serpent de mer qui attendait un prétexte pour pouvoir prendre vie : 2022 et la Coupe du monde hivernale ont permis d’exaucer ce vœu de la LFP et des diffuseurs, certainement désireux de capitaliser sur l’ambiance des fêtes de fin d’année en attirant des familles, quitte à délaisser les fidèles. Comme souvent, le football n’en ressort pas grandi.
Mépris et sacrifice
Avec des rencontres en semaine à 15, 17 ou 19 heures (durant les vacances scolaires, certes, mais en semaine quand même) et d’autres prévus le jour de l’an à une heure où la gueule de bois n’a parfois pas encore été vaincue, cette grande première avait tout de la mauvaise idée, et cela se vérifie. À Nantes, 23 266 personnes (dont 194 aficionados de l’AJA) ont assisté, dimanche, au match des cancres entre les Canaris et Auxerre : tout simplement la pire affluence de la saison à la Beaujoire toutes compétitions confondues, et même le plus petit bilan, à Louis-Fonteneau, depuis la réception de Montpellier le 3 mars 2022 (déjà un dimanche à quinze heures), alors que le FCN n’avait plus évolué devant son public depuis plus d’un mois et demi. Il faut dire que la Brigade Loire, l’un des groupes ultras les plus précieux de notre championnat, avait décidé (comme huit autres assos de supporters nantais, mais aussi les Ultrem 1995 de Reims ainsi que le collectif des ultras de la tribune Ouest de la Meinau, à Strasbourg) de se prononcer en faveur d’un boycott pur et simple de cette « semaine de la célébration » , au vu du mépris des instances vis-à-vis de ceux qui garnissent les stades de l’Hexagone chaque semaine. Par ailleurs, il n’est pas rare de voir ces derniers jours, dans nos enceintes, des actions coordonnées entre fans locaux et visiteurs, dans la guerre menée contre la Ligue ; preuve que les supporters, souvent dénigrés, sont tout à fait capables de s’organiser pour l’intérêt commun.
Le marché de Noël à Auguste-Delaune
Au-delà de quelques banderoles acerbes à l’encontre d’Amazon et de la Ligue, la Beauj’ était donc éteinte, ce dimanche, au grand dam de Christophe Pélissier et Antoine Kombouaré, qui ne se sont pas gênés pour exprimer leur désaccord avec cette programmation, comme Bruno Genesio ou Laurent Blanc l’avaient fait auparavant. « La date n’est pas très bien choisie, a déclaré le coach auxerrois. On nous parle de l’Angleterre, mais là-bas tous les matchs ont eu lieu hier(samedi). […]On veut toujours jouer dans des stades pleins. Et quand vous programmez des matchs le 1er janvier ou un lundi à quinze heures… »
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— FCN Oceane (@FCN_Oceane) January 1, 2023
Même constat amer chez le Kanak : « On s’attendait à un match très compliqué […] parce qu’on n’a pas nos supporters, c’était dans une ambiance très tranquille. […] Sur le plan personnel, moi, je n’aime pas (cette programmation). Il y a des calendriers qui sont mis en place par la Ligue et les diffuseurs, on s’adapte. On préférerait jouer le 31 ou jouer le 2. C’est un petit sacrifice des joueurs, de passer le réveillon à l’hôtel. Si c’était à refaire, on préfèrerait passer les fêtes avec nos familles. » Si dans le même temps, le Stadium a fait le plein pour Toulouse-Ajaccio (26 000 spectateurs et tout de même une banderole de contestation), l’après-midi n’a pas été aussi chaud à Angers ou Monaco.
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— Ultras_13 (@Ultras_France13) January 1, 2023
D’ordinaire, la culture foot à la française veut que le retour du ballon se fasse après les fêtes, le premier week-end de janvier, avec les 32es de finale de Coupe de France qui offrent toujours leur lot de matchs sur des champs de patates et de gamelles de clubs pros face à des petits poucets. Cette saison, les Vire-Nantes, Lannion-Toulouse, Linas/Montlhery-Lens, La Châtaigneraie-Lorient ou OM-Hyères auront donc un peu moins de saveur qu’à l’accoutumée. Mais réjouissons-nous : il y a un alléchant Strasbourg-Troyes ce lundi 2 janvier à trois heures de l’après-midi.
Par Jérémie Baron, à la Beaujoire