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Cela vaut quoi Guangzhou Evergrande Taobao ?
Ce jeudi, le FC Barcelone va affronter un club chinois en match officiel pour la première fois de son histoire. Méconnu en France, le Guangzhou Evergrande Taobao s'impose chaque jour un peu plus comme la référence footballistique en Chine et en Asie. Preuve en est sa seconde couronne continentale cette saison ainsi que sa victoire en quarts de finale du Mondial des clubs contre le Club América.
Dimanche, c’est aux forceps que Guangzhou Evergrande Taobao est allé chercher sa qualification pour les demi-finales du Mondial des clubs face au Club América Mexico. Aux forceps et avec de la réussite, le gardien Shuai Li ayant maintenu les siens en vie pendant une grande partie de la rencontre. Menés jusqu’à la 80e, les hommes de Felipe Scolari ont arraché leur qualification dans les arrêts de jeu par le Brésilien Paulinho, et démontré par là même l’une de leur qualité première : le sens du combat et un mental de vainqueur. « Et encore, je les ai sentis fatigués de leur longue saison » , assure René Lobello, adjoint de Francis Gillot au Shanghai Greenland Shenhua en 2015.
L’ossature de l’équipe nationale chinoise
« Dans le championnat chinois, chaque match est un combat, donc forcément, cela laisse des traces, mais cela façonne aussi le caractère. » Et pour le technicien globetrotter – passé par l’Afrique et le Moyen-Orient également – dans la très homogène Chinese Super League, Guangzhou Evergrande Taobao est le projet sportif « le plus mature et abouti » . Racheté par le groupe immobilier Evergrande en 2010, alors qu’il végétait en seconde division à cause d’une affaire de matchs truqués, le club cantonais a rapidement fait main basse sur les meilleurs joueurs chinois disponibles. « Ils ont quasiment l’ossature de l’équipe de Chine à l’exception de quelques joueurs » , précise Lobello, une base à laquelle les dirigeants ont ajouté des recrues étrangères de haut niveau comme les Brésiliens Elkeson, Ricardo Goulart, Paulinho et Robinho. Si les deux derniers sont connus en Europe pour avoir évolué à Tottenham ou au Real Madrid, les deux autres – plus jeunes – ont choisi Canton, plutôt qu’une Europe qui leur tendait les bras. Pour encadrer cette légion auriverde, le coach Luiz Felipe Scolari a sous la main 17 internationaux A chinois. Sans compter des espoirs et des olympiques, « mais pas besoin d’en parler, car eux n’ont pas de temps de jeu ou presque » .
Double champion d’Asie et fer de lance d’un foot chinois ambitieux
La méthode marche depuis 2011, année du premier titre de champion du club, dont la série est en cours. « Cette saison, ils ont dû l’arracher à la toute dernière journée face à Shanghai SIPG, un autre gros projet avec Sven-Göran Erikson comme entraîneur » , nous explique Lobello, pour qui la montée en puissance du football chinois est incarné par ces nouveaux clubs aux moyens conséquents. « Je crois que l’An 1 du football moderne chinois, c’était en 2015, ils sont de plus en plus structurés et de plus en plus de milliardaires chinois veulent investir dans le foot. » Il faut dire que Guangzhou Evergrande Taobao a montré la voie à suivre : champion d’Asie 2013 et 2015, l’équipe du Sud de la Chine a également réussi à recruter des entraîneurs au sommet – Marcello Lippi avant Scolari -, mais aussi des talents étrangers qui ne sont pas en pré-retraite. Le mélange donne « une équipe très équilibrée, forte dans toutes les lignes, qui me fait penser au Manchester United de Sir Alex Ferguson par son organisation, analyse l’ancien adjoint de Francis Gillot. Et là on ne le verra pas, mais quand ils jouent à domicile, c’est 60 000 spectateurs et une ambiance de folie. »
Le Bayern Munich tenu en respect en juillet
Face au Barça, René Lobello ne s’attend pas forcément à une sensation, car « les Barcelonais sont dans une autre catégorie, même le PSG doit s’attendre à souffrir contre eux » . Mais le technicien français évalue la qualité de Guangzhou comme celle « d’une équipe de top 5 en Ligue 1, en fait ils pourraient gagner des titres en Amérique du Sud et survivre dans n’importe quel championnat » . Pour Guangzhou Evergrande comme pour toute la Chine, cette affiche de prestige contre le FC Barcelone est un événement. Scolari a appelé les siens à y croire, en conférence de presse. Il faut dire que cet été en amical, Guangzhou a tenu en échec 0-0 le Bayern de Munich, « avec tous ses titulaires » avant de s’imposer aux penalties. Pour Lobello, même sans qualification pour la finale, le foot chinois ressortira gagnant de l’affrontement de ce jeudi, « car ils vont pouvoir se jauger par rapport à ce qu’il se fait de mieux à l’échelle mondiale » . Et ce n’est pas un secret, quand les Chinois se lancent dans un défi, c’est pour devenir les numéros 1.
Par Nicolas Jucha