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Cédric Bakambu : « Cela m’angoisse de laisser ma femme enceinte à Paris »
Après deux mois passés en France, Cédric Bakambu s'apprête à retourner à Pékin, où il sera à nouveau confiné avant de reprendre l'entraînement avec le Beijing Guoan. En attendant, il prend soin de sa femme sur le point d'accoucher et se paye « des gars du 9-3 » à FIFA.
Tu es en France depuis quand ?Je suis à Paris, en famille, depuis le 1er décembre et la fin du championnat chinois. La saison prochaine reprend en mai, donc mon club, le Beijing Guoan, m’a demandé de rentrer pour me préparer avec l’équipe.
Cela te fait plaisir de retourner à Pékin ?Oui, mais cela m’angoisse de laisser ma femme à Paris. Elle est enceinte, elle va bientôt accoucher, donc elle ne peut pas prendre l’avion. Après, jouer au foot, c’est mon métier, ce n’est pas moi qui décide. Mais c’est une situation particulière.
Conernant la pandémie de Covid-19, c’est plutôt bon signe que ton club te demande de rentrer, non ?C’est clair qu’en Chine, ça s’est calmé, il y a de moins en moins de cas de contamination. Je pense même qu’en ce moment, Pékin est plus safe que Paris. Par rapport à ça, je n’ai pas vraiment d’appréhension.
Justement, toi qui as vécu la pandémie en Chine, comment juges-tu la situation en France ?Il y a toujours des gens qui ne respectent pas trop les règles de sécurité, mais de manière générale, je trouve les Français assez disciplinés, le confinement est plutôt bien respecté, même si c’est vrai que comparé à la Chine, où les consignes étaient suivies à la lettre, les Français ont un peu plus de mal. Mais ce n’est que le début, les Français ont besoin de prendre leurs marques.
Quand le virus est apparu en Chine, tu te doutais qu’il pouvait à ce point se propager en France ?Pas du tout, je pensais que la France ne serait pas touchée, mais on n’est à l’abri nulle part. Il y a même une vingtaine de cas de contamination en RDC. C’est peu, mais c’est un début de pandémie, c’est pour ça qu’il faut faire de la sensibilisation. Le président Tshisekedi a parlé, espérons que cela portera ses fruits.
Comment fais-tu pour t’entretenir physiquement, pendant la période de confinement ?Je ne peux plus voir mon coach personnel, donc je m’adapte. Je fais des abdos et du gainage dans mon salon, je monte les escaliers… Et puis j’ai mon fils de deux ans qui est tellement turbulent, que c’est lui qui me fait faire du sport.
Tu participes à des apéros facetime ?Non, mais avec mes amis, on se connecte tous les soirs à 21h30 sur FIFA. On a monté notre équipe, la Smiz, du nom d’un quartier de Vitry-sur-Seine où on a grandi. Ça nous représente bien. Hier soir, on a battu 4-2 des gars du 9-3. Mais même à FIFA, on voit que tout le monde n’est pas discipliné de la même manière. Par exemple, mon pote Seikou a beaucoup de mal à respecter les consignes, il n’est jamais à son poste. On lui laisse encore quelques matchs avant de décider de le conserver ou non.
Le fait que ton club t’ait demandé de rentrer est plutôt rassurant quant à la situation en Chine, non ?Oui, ils n’auraient pas pris le risque de nous rapatrier si la situation ne s’était pas améliorée, je n’ai aucune inquiétude là-dessus. Et puis mes amis restés à Pékin m’ont rassuré. Le club va d’abord nous confiner pendant deux semaines, c’est obligatoire avant de reprendre l’entraînement, puis le championnat se jouera à huis clos.
Cet été, lors de notre dernier entretien, tu nous expliquais que tu désirais rentrer en Europe. C’est toujours le cas ? Je suis bien en Chine, ils ont investi beaucoup d’argent sur moi, c’est normal qu’ils souhaitent me conserver (avec un transfert estimé à 72 millions d’euros, Bakambu est le joueur africain le plus cher de l’histoire, N.D.L.R.). Mais un retour en Europe est toujours dans un coin de ma tête.
Tu as des contacts ?Non, il n’y aura rien d’ici janvier prochain. Mon club ne me laissera pas partir cet été, alors que le championnat aura tout juste débuté.
Quels sont tes objectifs avec le Beijing Guoan ?Remporter le titre ! On a fini dauphin la saison passée, il faut faire mieux. Et j’aimerais finir meilleur buteur, même si le plus important c’est le collectif.
Quelles sont les spécificités du championnat chinois ?Comparé à la Liga, hormis la différence de niveau, il y a beaucoup plus de duels, c’est plus rugueux. Cela a étonné beaucoup de joueurs étrangers, qui pensaient que c’était un championnat facile. Le niveau est assez homogène, il n’y a pas de grandes différences entre les équipes. La saison dernière, le titre s’est joué à la dernière journée, sur des détails. Il faut toujours être à 100% et ne sous-estimer aucun adversaire.
Mathias Edwards