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Cédric Antonelli : « Personne ne m’a donné autant de bonheur que Dupraz »
À trente-sept ans, le Toulousain Cédric Antonelli sort son premier album. Onze titres, comme pour rappeler sa passion pour le foot. Avec en numéro 8, Le Mercato d'été, ballade imparable pour expliquer à votre moitié que vous iriez bien visiter les installations d'une autre. Rencontre avec un homme dont le cœur balance entre Pascal Dupraz et Vahina Giocante.
Le dossier de presse qui présente votre album indique que vous vous êtes mis à la musique « après une carrière de footballeur professionnel interrompue » . Qu’en est-il vraiment ? Je n’ai jamais été professionnel, ma carrière s’est arrêtée bien avant. J’ai simplement passé trois mois au Téfécé quand j’avais quinze ans, mais ils ne m’ont pas gardé. Je jouais ailier gauche, avant de reculer avec l’âge.
Malgré cette mésaventure, tu continues à supporter Toulouse ?Carrément ! Je vis à Paris, donc je vais les voir à chaque fois qu’ils jouent au Parc, et puis je suis leurs matchs à la télé. Concernant la fin de saison dernière, je fais un parallèle entre Les Yeux dans les Bleus, et le J+1 de Canal consacré à Pascal Dupraz. C’était magnifique. Au TFC, depuis Beto Márcico, personne ne m’avait donné autant de bonheur que Dupraz. Dans sa causerie avant le match contre Angers, et dans son comportement en général, on sent que c’est une personne vraie et sincère. Et ça, ça fait du bien dans un monde ultra-professionnel, très langue de bois.
Tu croyais au maintien de Toulouse ?Pas du tout. Cela faisait un moment qu’avec Arribagé, on se tapait des matchs pourris. On se faisait tout le temps remonter dans les dernières minutes, c’était déprimant. Avec mes potes, on avait quasiment arrêté de suivre le club. Et puis Dupraz a amené un souffle nouveau, une envie d’y croire, même si ce n’était pas évident. Et le dernier match a été complètement fou. On avait l’impression d’être champions. D’ailleurs, les médias ne parlaient que du TFC, le championnat étant joué depuis longtemps.
Tu as réagi comment, en apprenant que Dupraz remplaçait Arribagé ?Je connaissais mal le bonhomme, je savais juste qu’il avait eu quelques problèmes dans son ancien club. Mais avec du recul, je me dis que cela fait partie de la stratégie du TFC, de prendre quelqu’un qui a « l’esprit famille » .
Ta passion pour le foot t’a fait écrire Le Mercato d’été, une chanson de rupture amoureuse avec une métaphore filée sur le foot. Comment t’est venue cette idée ? J’aime bien mêler humour et amour. Je trouvais rigolo le parallèle entre les joueurs qui changent de club comme de coiffure, et les couples qui s’étiolent un peu, surtout en été.
Les couples se séparent plus en été ?Je ne suis pas un expert, mais c’est une période lors de laquelle il est plus difficile de rester sérieux. Il y a des tentations.
Dans le refrain, tu chantes que tu irais bien te « faire transférer au Vanessa Demouy AC, ou à l’AS Eva Mendes » . T’es conscient que tu n’es pas le seul ?
Ouais, mais comme dirait Dupraz, il faut croire à l’impossible. Dans un couplet, je fais également référence à Vahina Giocante, qui est ma préférée. J’ai dû la croiser lorsque je bossais sur des tournages, mais je n’ai jamais osé lui parler.
Il faut lui envoyer ta chanson. Quitter une fille en lui expliquant que c’est parce que tu veux tenter ta chance avec Vanessa Demouy, comme tu le fais dans la chanson, c’est quand même un truc de tête brûlée, non ?Je pense qu’au moment où t’annonces ça à ta copine, c’est déjà mort depuis un moment entre elle et toi.
Toujours dans ce morceau, tu chantes « nos matchs ont des airs de Ligue 1 » , pour évoquer ta relation amoureuse. C’est dur… Oui bah, la Ligue 1 n’est pas tellement spectaculaire, ni pleine de surprises. On peut parler d’une relation amoureuse un peu chiante.
Quels sont les ingrédients nécessaires pour qu’une idylle ressemble plutôt à la Liga ou à la Premier League ?Du piquant, des surprises, de la folie… Des actions de jeu, des tirs, de la magie. Comme au Brésil.
Au bout de combien de temps une relation amoureuse se transforme-t-elle en Ligue 1 ?Je ne sais pas, mais ce qui est sûr, c’est que la responsabilité incombe aux deux personnes. Pour faire un bon match, il faut deux bonnes équipes.
Matthieu Valverde, l’ancien gardien des Girondins et du TFC, t’a aidé à produire ton album. Comment s’est faite la connexion entre vous deux ?J’avais lu une interview de lui lorsqu’il était à Toulouse, il y a au moins trois ans. Il expliquait qu’il aimait la musique, et je l’ai senti hyper frais, hyper humain. Du coup, je lui ai envoyé des maquettes, et ça lui a plu. Il a décidé de me donner un coup de main financier, ce qui m’a vraiment touché. Pour moi qui ai une carrière de footballeur raté, être pote avec un pro, c’est plutôt cool. Il joue de la guitare, je lui ai dit que si un jour il voulait enregistrer, je serais le premier à l’aider.
Tu espères quel mercato à Toulouse ?J’aimerais qu’on recrute des pépites, mais je ne pense pas que Toulouse soit en mesure de recruter des joueurs connus. Même les très bons joueurs de Ligue 1 vont ailleurs. Donc il faut trouver des jeunes de talent, comme on l’a fait avec Ben Yedder ou Sissoko.
Les premières recrues toulousaines sont Christopher Jullien et Jessy Pi, qui a un peu un nom de chanteur de R’n’B…C’est pas faux, pour Jessy Pi. S’il veut qu’on lui écrive un titre, c’est possible. Plus sérieusement, je ne connais pas ces deux joueurs, mais j’ai hâte de les découvrir.
Parmi les départs, il y a des joueurs que tu vas regretter ?Regattin était un chouette mec. Il mettait une ambiance de folie dans le vestiaire, et il dynamisait l’équipe en fin de matchs. Didot avait été écarté par Arribagé, et dès que Dupraz l’a remis dans l’équipe, on a tout de suite mieux joué. Et Machach a un beau touché de balle, il peut devenir un très bon joueur. Cela fait quand même beaucoup de départs.
Propos recueillis par Mathias Edwards
Passer la nuit, l'album de Cédric Antonelli, est disponible partout.