- Ligue des Champions – Quarts – Chelsea/Benfica
Cech, comme au bon vieux temps
Si Chelsea ressemble de nouveau à Chelsea depuis quelques semaines, il le doit en grande partie à son portier historique. Loupe sur un discret essentiel.
Ce soir, les Blues vont s’avancer face à Benfica dans un Stamford Bridge incandescent au pied d’une nouvelle qualification pour le dernier carré de la Ligue des champions, la sixième en huit ans, et il n’y a guère que le Barça pour faire mieux actuellement. Oh bien sûr, l’affaire est très loin d’être pliée malgré la victoire (1-0) des Londoniens à Lisbonne. Mais le simple fait d’être en situation d’accomplir une nouvelle performance européenne figure déjà une manière de petit exploit. Car il faut se souvenir dans quel état Chelsea il y a encore quelques semaines. Et au fond, le meilleur baromètre à observer reste Petr Cech.
Longtemps cette saison, le gardien tchèque a semblé à l’ouest complet. Plus aussi décisif que dans ses plus belles années (2004-2006), ni même que lors de la saison de la reconquête en 2010. La tentation était facile : la grande gigue d’1m97 n’avait jamais totalement retrouvé l’intégralité de son talent après le terrible tampon pris par Stephen Hunt (Wolverhampton) qui lui avait fracturé le crâne. Sans être escorté de la même flippe évidente qui avait saccagé son Euro 2008 et de nombreux matches avec les Blues durant cette période, le natif de Plzen vivait peut-être avec une pointe d’appréhension, celle qui vous prive des poussières de secondes au moment d’intervenir. Oui, pour la première fois de son immense carrière, on était en train de se demander si Cech n’était pas en fait devenu à l’image de son équipe, un peu banal. Un vrai gardien d’outre-Manche.
Comme une Marie-couche-toi-là
Mais en vérité, on avait tout faux. Car on avait sous-estimé la fragilité profonde de la défense londonienne dans son ensemble. Le déclin dû au temps qui passe ? Probablement un peu mais pas seulement. Car en demandant à son bloc équipe d’aller voir dans le camp adverse si l’herbe est plus verte, André Villas-Boas avait placé son back-four dans une situation extrêmement périlleuse. Soit à quarante mètres de ses propres buts avec tous les risques que cela implique pour un John Terry par exemple. Disloquée et, disons-le aussi, mal protégée, la défense finissait par s’écarter encore plus fréquemment que les jambes d’une Marie-couche-toi-là. Dans une telle configuration, il ne fallait plus s’étonner que Cech se fasse trouer par n’importe quel mandrin de passage. Alors, aux fraises l’ancien Rennais ? Que nenni ! Car l’arrivée aux manettes de Roberto Di Matteo allait tout changer. A savoir l’essentiel. Repositionner toute la bande de vieux grognards dans leur configuration favorite, en poste bas, pour mieux contrer et châtier.
N’est pas le Barça qui veut, il faut simplement l’admettre. Pragmatique, pas là pour organiser une révolution de palais, Di Matteo a donc réinstaller le Chelsea old school: dur, solide, discipliné. Fort de ces fondamentaux retrouvés, Petr Cech a illico retrouvé les siens. Phénoménal face à Naples lors du huitième de finale retour (4-1) que les Napolitains auraient largement pu faire pencher en leur faveur sans une batterie d’arrêtsworld class du gardien des Blues, Cech n’a pas débandé depuis, à l’image de son équipe (une seule défaite, de justesse, chez Manchester City 1-2, après avoir mené au score), même si l’ensemble est encore loin d’être aussi hermétique qu’aux temps bénis (7 buts encaissés en 8 matches). Alors bien entendu, ce mercredi, Chelsea peut se faire sortir par Benfica car Chelsea, malgré ce retour en forme, n’est plus tout à fait sûr de rien. Sauf de la valeur de leur gardien. Promis, on ne doutera plus de lui.
Par Dave Appadoo